Médias, démocratie, Église : partie à trois

L'Église fut à l'origine de la démocratie, par l'intermédiaire de la Réforme. Elle pourrait demain la sauver de la tyrannie molle des médias en se contentant d'être elle-même, une experte en communication non médiatique.

Pourquoi traiter simultanément des médias, de la démocratie et de l 'Église ? Parce que les trois sont aujourd'hui inséparables. Certes, les rapports bilatéraux entre ce que représentent ces trois termes auraient pu constituer les sujets de trois livraisons distinctes de Communio : Église et démocratie, démocratie et médias, médias et Église. Mais, outre que ces différentes questions Ont déjà été abordées ailleurs ces derniers temps, et souvent avec vigueur¹, cette démarche fragmentée n'aurait pas permis de faire [...]

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1. L'incompréhension entre Église et démocratie est désormais du domaine de l'histoire, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aurait plus de différence ni de différend. Voir l'entretien du cardinal Lustiger avec François Furet, à l'occasion du Bicentenaire de la Révolution française, dans Le Débat, n° 55 (mai juin 1989), repris dans Dieu merci, les droits  de l'homme, Critérion, Paris, 1990, pp. 111-135. L'influence des médias sur la démocratie a été critiquée notamment par Régis Debray (L'État séducteur, Gallimard, Paris, 1993), Erik Orsenna (Grand Amour, Seuil, Paris, 1993), Paul Virilio (La Machine de vision, Galilée, Paris, 1992 ; L'Écran du désert, même éd., 1991), Rémi Rieffel (La Tribu des clercs, Calmann-Lévy, Paris, 1993), ainsi que par Daniel Bougnoux (« Médias, démocratie et droit de réponse », dans le volume collectif des éditions Autrement, série «Morales» n° 14, consacré à La Responsabilité, Paris, 1994). Cet impact des médias sur la démocratie était encore le thème des Semaines sociales de France en 1993 (Les Médias et nous, ESF, Paris, 1994), qui bien sûr ont également évoqué l'aspect ecclésial. Sur la dimension proprement religieuse, indépendamment des déclarations du pape (par exemple : « L'Église catholique ne peut pas renoncer à intervenir pour dénoncer l'usage parfois irresponsable qui est fait de la télévision, trop souvent soumise à la loi du marché », in La Croix, 25 septembre 1993), la réflexion de Régis Debray (Vie et mort de l'image, Gallimard, Paris, 1992) n'est pas sans intérêt, et il faut rappeler le numéro de Communio de novembre-décembre 1987 (XII, 6), sur Foi et communication.