Trouver Dieu en toutes choses"

Cette maxime ignacienne est spécialement adaptée à notre temps. Centrale dans les Exercices spirituels, elle ouvre à une contemplation de la présence silencieuse et cachée de Dieu dans le monde.

« Il faut trouver Dieu en toutes choses », ne cessait de répéter saint Ignace de Loyola à ses disciples. Par une grâce insigne, de nature expressément trinitaire, lui-même, au témoignage de Nadal, sentait et contemplait la présence de Dieu en toutes choses, en toutes actions et en toutes rencontres. Et il voulait que les siens, en particulier les étudiants, s’exercent à chercher cette présence : par exemple, expliquait-il par la plume de son secrétaire Polanco, « en conversant avec quelqu’un, en allant et venant, en voyant, en goûtant, en écoutant, en pensant, finalement en toutes nos actions, puisqu’il est vrai que sa divine Majesté est en toutes choses par sa présence, sa puissance et son essence ».

Notre époque, marquée par un rythme soutenu d’activités, rend malaisée la pratique des prières prolongées telles qu’elles étaient en usage jusqu’au Moyen Âge. À cet égard, la spiritualité ignacienne semble particulièrement adaptée aux chrétiens de notre temps. « Concernant la méditation », écrit Polanco se faisant l’interprète de son maître, « tant qu’il n’y a pas de nécessité particulière [...] je remarque qu’il préfère que l’on essaie de trouver Dieu en toutes choses plutôt que de lui consacrer beaucoup de temps à prier... ». Au chrétien tout engagé dans ses occupations professionnelles, une telle directive n’apparaît-elle pas comme une lumière, indiquant la voie d’une authentique « contemplation dans l’action » ? Hans Urs von Balthasar, a approfondi le sens de la formule « in actione contemplativus », en montrant qu’elle est sous-tendue chez Ignace par la formule patristique et thomiste complémentaire : « ex abundantia contemplationis activus ». Plutôt que de considérer unilatéralement la contemplation comme une anticipation du repos définitif, une sorte d’oasis au milieu du stress de l’action quotidienne, où l’âme retrouve des forces dans son pélerinage vers le ciel, le chrétien, selon lui, doit tendre à vivre l’unité, ou mieux encore la « priorité réciproque » existant entre la contemplation et l’action : car la première est le préalable nécessaire d’une authentique action, et la seconde est la condition indispensable d’une authentique contemplation chrétienne. [...]