Un Dieu qui souffre, donc qui pâtit, qui est altéré, est-il encore Dieu ? Mais un Dieu impassible n’est-il pas si lointain et indifférent que les hommes ne peuvent plus y trouver de réconfort ? Il faut tenter de penser une souffrance qui n’est ni celle du manque ni celle du péché, mais celle de l’amour, qui est éprouvée aussi par le Père et par l’Esprit.
Éditorial : Marie-Christine Gillet-Challiol et Éric de Moulins-Beaufort : Parler de Dieu souffrant
Parler de Dieu souffrant ne devait pas être seulement une autre façon de faire Dieu à notre image : ce serait plutôt une plus juste conception de la puissance et de l’amour de Dieu qui, dans sa liberté, s’ouvre à l’altérité, sans doute d’abord en lui-même, dans les relations intra-trinitaires, puis vis-à-vis de ses créatures.
Ouvertures philosophiques
Xavier Tilliette : Le mystère d’une souffrance divine
La mythologie est déjà partagée entre une idéalisation du divin, distant et sublime, et l’affirmation d’une mélancolie ou d’une souffrance des dieux. La Révélation permet de penser aussi bien l’apathie que la sympathie divine. S’il faut maintenir une part d’immutabilité face aux excès de certaines pensées kénotiques, ou d’une trop grande humanisation du divin, il s’agit aussi d’approfondir une dialectique intra-divine de la souffrance de Dieu.
Emmanuel Housset : La pitié comme souffrance d’amour
La pitié est ouverture à l’autre qui n’est possible qu’à partir de la pitié de Dieu. Elle révèle ainsi que l’individu ne peut regarder ni en lui-même, ni dans l’intersubjectivité. La pitié, en tant que compassion, est une souffrance qui n’est pas liée au péché, qui n’est pas un manque d’être, mais qui permet d’accueillir l’altérité.
Peter Henrici : La mort de Dieu selon la philosophie
La « mort de Dieu » n’est autre, chez J. P. Richter puis chez Hegel, que le constat de désacralisation d’une époque. Elle devient chez Nietzsche l’attente pour l’homme, meurtrier de Dieu, de donner lui-même un sens à son existence. Mais la « mort de Dieu » replacée dans son contexte christologique, peut aussi désigner le samedi saint de notre monde dans l’attente de la résurrection.
Question théologique
Christoph Dohmen : Le serviteur de Dieu et la souffrance de Jésus
Comment comprendre « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » si ce n’est par les « Chants du Serviteur de Dieu » en Isaïe ? C’est à cette lumière qu’apparaît comment un Dieu proche procure le salut en portant nos fautes.
Jean-Pierre Batut : Un Père souffrant ?
Une réflexion sur la différence intratrinitaire peut permettre de comprendre l’origine de la séparation entre Dieu et le monde, elle-même source de la souffrance de Dieu et du pécheur. Il s’agit d’échapper aux dangers de la « théologie de la souffrance divine » développée sous l’influence de Hegel, et de maintenir les deux affirmations de la Tradition : celle de l’apathie, et d’une « passio caritatis ».
Images de Dieu
Gérard Bonnet : Quand les analysants parlent de Dieu
Les personnes croyantes qui viennent en analyse y parlent inévitablement de leur foi en Dieu et on perçoit aisément dans quel contexte psychique elle a pris sens. La foi au Dieu souffrant semble être celle qui apporte le plus de bénéfices psychiques dans la mesure où elle ne refoule pas les autres conceptions qui viennent inévitablement à l’esprit dans certaines circonstances, et pourvu aussi qu’elle ne conduise pas au dolorisme. C’est ce qui ressort en tout cas de l’itinéraire de deux jeunes femmes venues en analyse pour clarifier d’autres problèmes.
Signets
Auguste Owono-Kouma : Si quelqu’un... d’Engelbert Mveng, Un chemin de croix africain
Le chemin de croix du Jésuite camerounais, Engelbert Mweng, qui prend la forme de poèmes, peut être considéré comme conforme à la tradition de l’Église, dans la mesure où il tire son inspiration de l’Écriture sainte. Mais en introduisant la culture et la vie africaines dans sa méditation, le Père Mweng fait oeuvre priginale, dans le sillage des pionniers de l’inculturation dans le monde noir. Par là même s’affirme l’universalité du message chrétien.
Jean-Michel Fabre : Faut-il mourir pour être un martyr ?
Qu’est-ce qu’être un martyr et qu’est-ce qui définit le martyre ? Le martyre n’est pas en premier lieu une question de mise à mort ; c’est tout d’abord une offrande de sa vie à chaque instant où mourir pour le Christ n’est que la situation limite d’un combat quotidien pour le Christ.
Robert Culat : Chrétiens et Métalleux
Peut-on être chrétien et aimer la musique Métal ? Une approche bienveillante et lucide de cette musique, très populaire chez les jeunes, oblige à réviser quelques préjugés et révèle des convergences imprévues avec certains aspects de la foi.
Guy Bedouelle : De la résistance à l’invention. La vie religieuse face à la modernité
Après une phase de rejet par la modernité (1760-1830), puis des phases d’opposition alternative à la modernité (1830-1870) ou de confrontation avec celle-ci (1870-1960), la vie religieuse est présentement (1960-2000) dans une situation de relative réconciliation avec cette modernité.
Jacques Servais : « Trouver Dieu en toutes choses »
Cette maxime ignacienne est spécialement adaptée à notre temps. Centrale dans les Exercices spirituels, elle ouvre à une contemplation de la présence silencieuse et cachée de Dieu dans le monde.
Joseph Ratzinger: L’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église
L’Église confesse Jésus comme Seigneur et cela heurte de front les représentations que certains se font d’un « Jésus historique ». Mais quelle est la provenance de ces images ? En fonction de quels présupposés historiques se sont-elles constituées ? Considérer Jésus comme le Sauveur unique et universel ne relève pas d’une prétention sans bornes : l’accès au Jésus véritable est possible par la foi et la conversion. Et pour l’Église, le droit à la mission ne se dissocie pas de la position unique de la foi au Christ dans l’histoire des religions et dans l’histoire de l’esprit.
Parler de Dieu souffrant
Marie-Christine Gillet-Challiol
Éric de Moulins-Beaufort
« Croire en un Dieu qui souffre, c’est rendre le mystère plus mystérieux, mais de façon plus lumineuse. C’est chasser une fausse clarté pour lui substituer “d’éclatantes ténèbres”. C’est peut-être aussi fortifier l’homme, quand le plus noir de ses démons l’assiège, contre la tentation d’être jaloux de Dieu.» Père François Varillon, La souffrance de Dieu.
Faut-il parler de la souffrance de Dieu ? Si Dieu souffre – et non pas « simplement » le Fils en tant qu’homme –, cela demeure une question. Les attributs classiques de Dieu qui amènent à conclure à son impassibilité – immuabilité, toute-puissance, éternité –, sont sans doute une adaptation à la pensée chrétienne d’une vision philosophique du divin d’origine grecque, ils ne sont pas pour autant injustifiables1. Ils ne sont pas dépourvus de fondement biblique. Par eux sont établies fermement la constance et la fidélité du Dieu unique de l’Alliance, absolument dégagé des sautes d’humeur des divinités mythologiques. Le mystère de l’Incarnation d’autre part et les souffrances du Fils dans sa chair ont rendu nécessaires des déterminations précises quant à la différence de nature du divin et de l’humain.
Au-delà de ces perspectives classiques, peut-on aujourd’hui ne pas parler de Dieu souffrant ? Pourrait-on se permettre de ne pas attribuer à Dieu la souffrance ? L’état des esprits paraît imposer ce type de discours : l’homme qui a pu transformer de manière si complète ses conditions de vie, ne veut plus se contenter que Dieu donne plus tard ou ailleurs compensation pour les malheurs présents. Face aux expériences tragiques du XXe siècle, que peut faire l’homme de foi, s’il ne veut pas en rester à constater l’absence ou l’impuissance de Dieu ? Une voie de solution s’est ouverte, rassurante [...]
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1. Voir l’article de J.-P. BATUT, « Un Père souffrant ? », p. 59.
Auguste Owono-Kouma : Si quelqu’un... d’Engelbert Mveng, Un chemin de croix africain
Le chemin de croix du Jésuite camerounais, Engelbert Mweng, qui prend la forme de poèmes, peut être considéré comme conforme à la tradition de l’Église, dans la mesure où il tire son inspiration de l’Écriture sainte. Mais en introduisant la culture et la vie africaines dans sa méditation, le Père Mweng fait oeuvre priginale, dans le sillage des pionniers de l’inculturation dans le monde noir. Par là même s’affirme l’universalité du message chrétien.
Jean-Michel Fabre : Faut-il mourir pour être un martyr ?
Qu’est-ce qu’être un martyr et qu’est-ce qui définit le martyre ? Le martyre n’est pas en premier lieu une question de mise à mort ; c’est tout d’abord une offrande de sa vie à chaque instant où mourir pour le Christ n’est que la situation limite d’un combat quotidien pour le Christ.
Robert Culat : Chrétiens et Métalleux
Peut-on être chrétien et aimer la musique Métal ? Une approche bienveillante et lucide de cette musique, très populaire chez les jeunes, oblige à réviser quelques préjugés et révèle des convergences imprévues avec certains aspects de la foi.
Guy Bedouelle : De la résistance à l’invention. La vie religieuse face à la modernité
Après une phase de rejet par la modernité (1760-1830), puis des phases d’opposition alternative à la modernité (1830-1870) ou de confrontation avec celle-ci (1870-1960), la vie religieuse est présentement (1960-2000) dans une situation de relative réconciliation avec cette modernité.
Jacques Servais : « Trouver Dieu en toutes choses »
Cette maxime ignacienne est spécialement adaptée à notre temps. Centrale dans les Exercices spirituels, elle ouvre à une contemplation de la présence silencieuse et cachée de Dieu dans le monde.
Joseph Ratzinger: L’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église
L’Église confesse Jésus comme Seigneur et cela heurte de front les représentations que certains se font d’un « Jésus historique ». Mais quelle est la provenance de ces images ? En fonction de quels présupposés historiques se sont-elles constituées ? Considérer Jésus comme le Sauveur unique et universel ne relève pas d’une prétention sans bornes : l’accès au Jésus véritable est possible par la foi et la conversion. Et pour l’Église, le droit à la mission ne se dissocie pas de la position unique de la foi au Christ dans l’histoire des religions et dans l’histoire de l’esprit.
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