Corps torturés... corps ressuscités

 Corps torturés... corps ressuscités La torture ne tourmente pas seulement le corps. A travers lui, elle vise l'âme. C'est pourquoi, à la lutte des hommes de bonne volonté contre la torture, les chrétiens ajoutent la prière.

 La première page, 64, est jointe.

«L'ÉGLISE ne peut pas se taire. Les preuves de la torture, nous les portons sur nos corps. Si l'Église ne se manifeste pas sur cette situation, qui pourra le faire ?» [[Écrits de Tito de Alencar, frère dominicain torturé au Brésil en 1969.]]. L'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (A.C.A.T.) veut être l'une des manifestations de l'Église face à la torture. Un refus, une dénonciation certes ! Mais aussi et surtout une réponse de vie, par l'aide aux prisonniers, par l'information du public, par l'interpellation lancée aux tortionnaires, par la proclamation de la folie du Christ mort et ressuscité, vainqueur du mal.

Faut-il justifier, motiver, une telle réaction ? Faut-il aligner les arguments expliquant que des chrétiens aient souhaité se retrouver entre eux face aux corps déchiquetés après un interrogatoire ou vidés de toute volonté après un séjour en hôpital psychiatrique ?

Comment expliquer notre tiédeur face aux milliers de corps suppliciés à travers le monde entier ? Avons-nous à ce point idéalisé le corps de Jésus de Nazareth accroché à une croix à l'entrée de Jérusalem ou partageant des poissons aux bords du lac le lendemain de Pâques ?

Aussi efficacement que des écrits et des discours théologiques, la réalité des corps torturés à travers le monde peut nous dessiller les yeux et nous faire découvrir la parole et l'expérience de Dieu quant au corps humain. Telle est en tous cas l'expérience des membres de l'A.C.A.T. depuis six ans. (p.64)

C'est pourquoi je préfère partir de cette réalité vécue en commun, pour découvrir ensuite ce qui est à la fois motivation de l'existence de l'A.C.A.T. et lumière portée par cette action sur notre démarche de foi.

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Guy AURENCHE