La doctrine sociale de l’Église : un secret bien gardé

Dans un échange constant avec la société civile, et en partant de la réalité, l’Église a élaboré, avec le Compendium de la doctrine sociale, paru en 2004, un véritable outil de transformation du monde, sans cesse affiné et ajusté. Si les effets n’en sont pas spectaculaires, son influence est pourtant bien réelle.

Décidément, l’Église catholique est bien rétive aux règles d’or de la communication. Quel chercheur en sciences oserait aujourd’hui utiliser le terme suranné de doctrine quand se trouvent à sa disposition les mots ou expressions tels que théorie, approche systémique, thèse, post-modernisme... Quant à la question sociale, voici bien quarante ans qu’elle a été jetée aux oubliettes de l’Histoire. C’est pourtant dans son « Compendium de la doctrine sociale » que l’Église offre depuis 2004, en plus d’une dizaine de langues, le « résumé» en quelque cinq cents pages de sa pensée, à la fois catalogue de notions fondamentales et mode d’emploi de transformation du monde.

L’une des premières originalités de la doctrine sociale réside dans son mode d’élaboration, contraire aux idées reçues sur un fonctionnement sectaire de l’institution. Rédigé dans les premières années 2000 sous l’égide des présidents du Conseil pontifical Justice et Paix, les cardinaux François-Xavier Nguyên Van Thuân puis Renato Raffaele Martino, le Compendium est autant le fruit d’une maturation longue de cent trente ans que le résultat d’échanges nourris avec la société civile. De la première encyclique sociale, De Rerum Novarum, parue en 1891, à, cent ans plus tard, Centesimus Annus, l’Église n’a cessé d’affiner son outil théorique d’intervention dans le monde.

Deux grands textes ont été particulièrement novateurs ces cinquante dernières années. En 1967, Popularum progressio prenait en compte l’aspect mondial de l’ordre social et établissait une liaison [...]

Pour lire la suite de cet article, vous pouvez acheter ce numéro ou vous abonner pour recevoir tous les numéros!