Laurent LAVAUD
La Providence
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n°162
Juillet - Aout
2002 - Page n° 31
Plusieurs grandes figures philosophiques de ces deux derniers siècles (à commencer par Marx) ont récusé l'idée d'un Dieu providentiel. Contre le refus de Dieu, ou l'acceptation d'une Providence sans Dieu, l'article montre que la toute-puissance de Dieu est condition de la liberté de l'homme, et que la Providence ne s'éclaire qu'à l'ombre de la Croix.
«Plus l’homme place en Dieu, moins il conserve en lui-même » : cette affirmation de Marx énonce l’un des principes de l’abandon par la modernité de l’idée de providence. Qu’un dieu puisse intervenir dans l’histoire semble une ingérence insupportable, une entorse inadmissible à l’indépendance et à la souveraineté humaines. Accorder la toute-puissance à Dieu, y compris la puissance sur la nature et sur l’histoire, semble réduire du même coup la condition humaine à celle d’une marionnette, qui obéirait aux décrets divins, sans même que l’intelligence de ces décrets lui soit accordée. L’homme, au nom des droits inaliénables de sa liberté, refuse donc à Dieu toute puissance providentielle : tout ce que l’on retire à Dieu, c’est toujours ça de gagné pour l’homme, pourrait-on dire dans la continuité logique de la phrase de Marx. Il faut alors aller jusqu’au bout de cette idée : un Dieu qui ne se manifeste jamais dans l’histoire est un Dieu absent, c’est-à-dire en définitive un Dieu qui n’existe pas. Nier la providence revient dans le même geste à faire l’économie de l’hypothèse de Dieu. C’est alors l’homme qui rafle la mise par défaut : en ne plaçant plus rien en Dieu, on conserve tout à l’homme. Parallèlement à cette objection à la providence faite au nom de l’homme, on en rencontre une autre, faite cette fois au nom de Dieu, ou plus précisément de la représentation que l’on se fait de Dieu. [...]
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