La Custodie franciscaine de Terre sainte dans la tourmente

L’entrée des Alliés dans Jérusalem le 11 décembre 1917 mit fin à la domination ottomane sur les Lieux saints. Pourtant, la situation de la Custodie franciscain ne s’en trouva pas améliorée pour autant. Sous la paix britannique, les appétits des puissances temporelles s’affirmèrent. Comment détacher la religion de la politique ?

« Jérusalem délivrée ¹ »

Quand le Général Allenby entra dans Jérusalem, le 11 décembre 1917, toutes les cloches du monde catholique sonnèrent – pas toutes cependant : à Rome, celles de la Basilique Saint-Pierre restèrent muettes. Le Saint-Siège entendait de la sorte souligner sa neutralité, éviter toute dérive antimusulmane et exprimer son regret du peu d’intérêt que les puissances mondiales manifestaient envers la Question romaine. Soucieux d’obtenir le contrôle des Lieux saints, ou du moins leur internationalisation, le cardinal Gasparri, Secrétaire d’État, craignait que les Anglais n’appuient une politique d’expansion protestante et sioniste.

En revanche l’Osservatore romano (12 et 13 décembre 1917) exprima sa vive satisfaction de voir les nations chrétiennes revenir à Jérusalem : le journal du Vatican affirmait que l’entrée des troupes anglaises avait été accueillie avec joie par toute la population, en particulier par les catholiques, « qui ne pouvaient qu’être heureux de voir Jérusalem retourner aux mains d’une puissance chrétienne ».

Des manifestations d’actions de grâce se déroulèrent à Paris, à Londres et à Rome même, où le Cardinal-vicaire, dans la Basilique Sainte-Croix de Jérusalem, désigna l’événement comme « une des dates les plus mémorables de l’histoire chrétienne ».

 À Paris, Mgr Baudrillart, recteur de l’Institut catholique, évoqua dans l’église melkite de Saint-Julien le Pauvre, le 23 décembre 1917, les Gesta Dei per Francos, thème repris par l’Avvenire d’Italia : [...]

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1. Allusion au poème épique du Tasse (1581) intitulé Gerusalemme liberata (NdT).