Le temps dernier selon la Cité de Dieu de saint Augustin

Mme. Émilie TARDIVEL
Le temps d’en finir - n°249 Janvier - Février 2017 - Page n° 63

Une lecture précise de la Cité de Dieu d’Augustin montre que la fin des temps ne signifie pas la fin du monde, ni sa destruction, mais la reconduction du monde à son essence, qui n’est autre que la cité de Dieu. Car l’irréductible du monde ne tient pas à la division des deux cités (qui provient seulement du péché), mais à la cité de Dieu, qui finit, par contraste avec la cité terrestre, par apparaître comme la seule cité réelle.

 

« Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier (eschatos), le commencement et la fin (telos). » Apocalypse 22, 13

On identifie souvent la fin des temps à la fin du monde, comme si la fin des temps signifiait l’anéantissement, la destruction du monde. Une simple recherche terminologique montre cependant que la formule de « fin du monde » est absente du Nouveau Testament, comme elle l’est également des écrits d’un penseur chrétien tel qu’Augustin. Ce dernier ne parle pas de « fin du monde », mais de « fin du siècle (finis seculi) » ou de « dernier temps (novissimum tempus) », qu’on traduit aussi par « fin des temps » : « le Christ viendra du ciel pour juger les vivants et les morts (2 Timothée 4, 1), et c’est là ce que nous appelons le dernier jour du jugement divin, c’est-à-dire la fin des temps (novissimum tempus1). » De même, ce que la traduction liturgique rend par « fin du monde », notamment dans la parabole du bon grain et de l’ivraie, signifie littéralement « achèvement de l’éternité (sunteleia aionos) » (Matthieu 13, 39). Il faut ici entendre par « éternité » un long espace de temps indéterminé, un temps dont, au sens strict, « on ne voit pas le bout ». Par la moisson qu’il accomplira sur le champ du monde, c’est-à-dire du « kosmos » (Matthieu 13, 38), le Fils de l’homme ne mettra pas fin au monde, mais à un temps indéfini, qui semble aujourd’hui interminable. Le jugement dernier advient à la fin des temps, quand il est temps d’en finir, de mettre un terme à un temps qui ne cesse de passer et de se répéter. Mais de ce moment nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Nous pouvons seulement nous y préparer, comme si c'était toujours le temps d’en finir. 

Au-delà de cette remarque terminologique, Augustin affirme expressément la distinction entre fin des temps et fin du monde : « C’est  par la transformation de toutes choses, non par leur destruction, que ce monde passera. » À ce sujet, rappelle Augustin, « l’Apôtre dit également : “La figure de ce monde passe, en effet, je veux que vous soyez sans inquiétude” (1 Corinthiens 7, 31-32) » ; et de conclure : « C’est [...]

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1 Cité de Dieu 20, 1, tr. fr. G. Combès (revue et corrigée par G. Madec), Paris, NBA, t. 3-4, 1993-1995. Désormais noté : CD. 


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