Où la Parole déjà prenait chair

Où la Parole déjà prenait chair

L'Ancien Testament n'annonce pas seulement l'Incar-nation par quelques bribes de prophéties. Il fait l'expérience de ce que c'est pour la chair que d'être saisie par Dieu ; car, quand notre chair stérile, prostituée et souffrante devient féconde, pure et sauvée, c'est que Dieu vient déjà l'habiter, avant de la faire sienne.

DANS le cours de l'histoire humaine, et plus particulièrement encore dans l'histoire d'Israël, l'avènement du Christ marque « la plénitude des temps » : c'est là une conviction qui s'est imposée dans l'Eglise dès l'origine et qui domine le message néotestamentaire.
Jésus n'est pas seulement « le chef de notre foi », mais aussi celui qui « la mène à sa perfection » (Hébreux 12, 2), celui qui vient accomplir la foi des patriarches, des prophètes et des pauvres de Yahvé. Il est aisé pour le théologien de relever où et comment le Nouveau Testament complète l'Ancien. En regard de l'unique Parole du Verbe incarné, toutes celles de l'Ancienne Alliance sont déchiffrées, mises en pleine lumière. La promesse faite au peuple hébreu ne cesse d'être ambiguë que lorsque ceux qui attendent la « consolation » (Luc 2, 25) et « une puissance de sa-lut » (Luc 1, 69) découvrent dans l'enfant né de Marie le visage de la « gloire » de Dieu (Luc 2, 31-32) (1).
Quand toutefois l'on entreprend la démarche inverse, en recherchant dans l'Ancien Testament ce qui est signe et préparation du Nouveau, on reste plus dans le vague. Tous par exemple sont disposés à admettre cette proposition d'un Père de l'Eglise syriaque : « La splendeur du Fils et la gloire de celui qui doit venir sont édifiées sur les prophètes et, dans tous les prophètes, l'Esprit a recherché et pré-expérimenté le Seigneur

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