L’auteur revisite la doctrine proposée par Dei Verbum et approfondie par le magistère récent concernant la sacramentalité de la Parole, l’incarnation des paroles de Dieu, ainsi que l’étude, l’utilisation et la pratique de l’Écriture sainte dans la vie de l’Église. Il montre que la croissance de l’Église par la sainteté de ses membres n’est possible que dans l’écoute de la Parole de Dieu dans l’action liturgique, la prière et la réflexion personnelle.

Verbe de lumière et Verbe de vie

De Dei Verbum à Aperuit illis

Instituant le troisième dimanche du temps ordinaire comme « Dimanche de la parole de Dieu », le motu proprio Aperuit illis du pape François publié le 30 septembre 2019 rappelle la grande impulsion donnée à la redécouverte de la Parole de Dieu par la Constitution Dei Verbum du concile Vatican II, tout comme l’insistance mise par l’exhortation Apostolique Verbum Domini de Benoît XVI (30 septembre 2010) sur le caractère performatif de cette Parole. Il paraît donc opportun de revisiter la doctrine proposée par Dei Verbum et approfondie par le magistère récent tant en ce qui concerne la sacramentalité de la Parole, l’incarnation des paroles de Dieu, ainsi que l’étude, l’utilisation et la pratique de l’Écriture sainte dans la vie de l’Église.

La sacramentalité de la Parole

Afin d’exprimer la vénération profonde de la Sainte Écriture et l’importance que l’Église lui accorde, le sixième chapitre de Dei Verbum débute par une affirmation de principe la comparant à l’Eucharistie : L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l’a toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la Sainte Liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles ¹. Commentant quarante-cinq ans plus tard dans Verbum Domini, no 55 le récit de Luc 24, 13-35 sur les disciples d’Emmaüs, Benoît XVI insiste sur le fait que ce passage montre comment l’Écriture elle-même conduit à appréhender son lien indissoluble avec l’Eucharistie : La Parole et l’Eucharistie sont corrélées intimement au point de ne pouvoir être comprises l’une sans l’autre : la Parole de Dieu se fait chair sacramentelle dans l’événement eucharistique. L’Eucharistie nous ouvre à l’intelligence de la Sainte Écriture, comme la Sainte Écriture illumine et explique à son tour le Mystère eucharistique. En effet, sans la reconnaissance de la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie, l’intelligence de l’Écriture demeure incomplète. Outre le fait que la messe réunit le sacrifice et le commentaire de l’Écriture, est ainsi réaffirmée l’idée traditionnelle de la sacramentalité de la Parole et de son aptitude à apporter le salut et la grâce, par analogie à la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin consacrés. S’il n’existe pas de liturgie eucharistique sans liturgie de la parole, par l’inspiration...

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 1 Dei Verbum, n. 21.