La conception musulmane de la religion originellement inscrite dans l'homme, et en même temps son refus de l'idée de nature expliquent l'absence en lui d'une législation fondée sur autre chose que la volonté de Dieu - par exemple sur une participation de la liberté humaine à la sagesse divine.

Y a-t-il en islam des fondements théologiques pour la loi naturelle ?

Le Coran affirme que l'islam ne fait rien d'autre que rappeler ce qui est inscrit de façon innée dans la nature (fitra) de tout homme : « tourne ton visage vers la religion de façon sincère, vers la religion naturelle selon laquelle Dieu a créé la nature humaine ». Cette idée est confirmée par un hadith : « tout homme naî t musulman (littéralement : selon la religion de la fitra) ; ce sont ses parents qui en font un juif ou un chrétien ».

Cependant, l'idée selon laquelle l'islam est la religion naturelle n'a jamais été formulée de façon satisfaisante par les théologiens. Nous rencontrons en fait ici le problème que pose le concept de nature dans l'islam. Le concept grec de nature, qui s'exprime en arabe par le mot tab’ , ne se trouve pas dans le Coran, alors que le terme coranique que nous venons de citer, à savoir fitra, a le sens de « état originel de l'homme qu'il tient de Dieu comme créateur ».

À l'origine, nous dit al-Ghazâli, le coeur de tout homme est prédisposé à la foi et est capable de croire. Cependant, l'âme doit acquérir sa perfection par l'éducation, la morale et le savoir, de même que le corps doit croître et acquérir sa perfection au moyen de l'alimentation. L'éducation morale et religieuse, selon al-Ghazâli, est conçue comme le réveil de souvenirs vagues, quoique innés. [...]

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