Que reste-t- il de nos amours? "

Problématique

« Que reste-t-il de nos amours ? »

Pensées intempestives sur la paroisse aux abords de l'an 2000.
Je  suis enclin à penser que les humoristes, particulièrement ceux qui pratiquent le dessin, devraient être tenus pour des prophètes, au sens presque théologique du terme. Le dessin reproduit en tête de cet article, avec l'aimable autorisation de l'éditeur 1, représente donc une petite dame d'environ 65 ans, perdue dans un abîme de piété et un océan de chaises vides, mobilier vieillot d'une immense nef néogothique solennelle et grisâtre ; elle est là, petit esquif humain d'un autre âge, agenouillée près d'une chaire monumentale dont les jeunes d'aujourd'hui ne savent sans doute plus qu'elle fut le lieu souverain d'un enseignement clérical donné d'autorité par le curé de la paroisse ; au fond, un orgue qui semble écraser la pauvre créature par l'éclat de ses tuyaux et par les élans d'anges musiciens qui, ayant perdu leur place de citoyens d'honneur de la communauté ecclésiale,
sont réduits à faire d'éternels et silencieux entrechats à la louange de gloire de leur Seigneur, épaves dédorées et impuissantes d'une ferveur qui n'est plus de mise, celle qui animait les communautés urbaines ou villageoises, il y a cinquante ans encore, chaque dimanche, à la grand messe. Ce carton est, me semble-t-il, l'inversion exacte et dramatique de la scène qui inaugura la carrière prophétique d'Isaïe, lorsqu'il voyait les Séraphins aux six ailes s'interpeller musicalement en chantant ce qui deviendrait le Sanctus de la liturgie eucharistique et en brûlant les lèvres du prophète fasciné

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