Se mêler de politique?

Comme le montre l'exemple du P. Jerzy Popielusko, nous ne pouvons oublier qu'en nous mettant au service des plus démunis, c'est à la suite du Christ que nous allons - jusqu'au bout. Ni refus d'une participation concrète, ni sécularisation aveugle, l'idée et l'expérience d'une solidarité permettent de rendre compte de ce que peuvent faire des chrétiens.

 

 

POUR moi, en ma qualité de prêtre, il est très important de ne pas me laisser entraîner sur le terrain de la politique, parce que celle-ci ne fait pas partie de ma mission» : telles étaient les déclarations du Père Jerzy Popieluszko à un journaliste britannique. Peu de temps après, il ne comptait plus au nombre des vivants, ayant été assassiné pour «son comportement politique antisocialiste et hostile à l'État ». Le procès de ses meurtriers a été un procès politique de type classique. Pourtant la mort du Père Jerzy ainsi que son activité pastorale et son rayonnement après sa mort ont eu un grand écho sur le plan politique. Les facta et verba de son maître, c'est-à-dire son Évangile et sa mort sur la Croix, n'ont-ils pas aussi une dimension politique ? Jésus lui-même n'était-il pas « le politicien de Dieu» (Pinchas Lapide)? La passion du Christ embrasse tout l'homme, lequel doit être sauvé, tout l'homme et tout homme. Aussi la Croix de Jésus a-t-elle de l'importance au plan politique. Elle n'est pas une justification de la complésance envers la souffrance, mais au contraire elle engage à la lutte pour la libération. Dans le mystère de la Croix, le Père de Jésus ne fait pas que souffrir avec ceux qui souffrent ; il se tient aussi aux côtés des affligés, des opprimés, de ceux qui pensent être perdus (Dieu « prend parti »). Il gagne là où nous échouons, mais il ne le fait pas sans nous. De fait, la Croix du Fils de Dieu donne naissance à un monde nouveau  et l'histoire s'en trouve modifiée.Il n'en reste pas moins que l'histoire a besoin de moi comme j'ai besoin d'elle. Le disciple du Crucifié, tout comme  son maître, travaille, perd et gagne là où l'histoire l'a placé : Extra historiam nulla salus. Pas plus que son maître, Jerzy, mon ami martyr, ne s'est battu pour le pouvoir. En ce sens, il ne s'est livré à aucune...