John McDERMOTT
Les textes évangéliques sur le Royaume posent un problème: ce règne de Dieu est-il déjà commencé ou encore à venir? La même tension se révèle dans le titre « Fils de l'Homme» appliqué à Jésus. La théologie du Royaume apparaît alors inséparable de celle de l'Incarnation et de la Rédemption où l'infini, la toute-puissance et la plénitude divines pénètrent et promeuvent le temps, la finitude et la liberté humaines.
APRÈS que Jésus a été présenté comme Fils de Dieu à son baptême, les premiers mots qu'il prononce, dans l'évangile de Marc, sont : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est proche ; convertissez-vous, et croyez à l'Evangile » (Marc 1,15). L'expression « Royaume de Dieu », son équivalent « Royaume des cieux », ou des expressions équivalentes, se rencontrent près de cent fois dans les évangiles synoptiques : le « Royaume » y est clairement le thème central de la prédication de Jésus. On est toutefois surpris de le voir s'effacer dans les autres textes du Nouveau Testament. Les Actes et les écrits pauliniens n'y font référence que huit dans chacun des deux corpus, et Jean n'en fait mention que deux fois. Le temps passant, l'annonce de la foi modifia son vocabulaire, et l'on se mit même à parler d'un " règne du Christ" en tant qu'il est Fils, Fils de l'homme, ou Seigneur, voire une fois (Ephésiens 5,5) d'un « règne du Christ et de Dieu ». A la fin du Nouveau Testament, l'Apocalypse représente le Royaume comme composé de croyants en Christ (et par lui) (1,6; 1,18; 5,10 ; 11,15; 12,10). Devant ce changement d'accentuation, il ne fallait pas beaucoup de perspicacité pour faire ressortir un contraste : Jésus annonçait le Royaume, et l'Eglise annonça Jésus. Ou selon la formule plus acérée de Loisy, « Jésus annonçait le Royaume, et c'est l'Eglise qui arriva » (1)
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