n°88 La modernité - et après Mars - Avril 1990*


Les temps modernes ont souvent éprouvé le sentiment d’une relation conflictuelle entre Dieu et l’homme. Oublieux de l’"admirable échange" de l’alliance, l’homme s’est imaginé ne gagner que ce qu’il refusait à Dieu... comme si Dieu lui prenait ce qu’il lui demandait.

Dans la post-modernité, il pourrait en aller tout autrement. Quand l’homme d’aujourd’hui se refuse à Dieu, il en refuse aussi le secours et se perd lui-même. Les conditions de survie de l’humanité contemporaine pourraient coïncider avec les exigences de la reconnaissance de Dieu et de sa loi de charité... C’est pourquoi la post-modernité appartient déjà aux commencements du christianisme.

Cardinal Jean-Marie Lustiger

 

Page Titre Auteur(s)
4 Le catholicisme est-il ringard? Olivier BOULNOIS
12 La nouveauté du Christ et la post-modernité Cardinal LUSTIGER
24 Un tombeau neuf Jean-marie DUBOIS
43 Sur quoi mesure-t-on le temps de l'Eglise ? Propos sur la sécularité Georges CHANTRAINE
56 Le ringard et le quèque Serge LANDES
63 Les sourires du paganisme à l'âge du désenchantement du monde Bruno PINCHARD
76 Mort de la raison moderne, résurrection du Verbe de Dieu David L. SCHINDLER
89 Chrétiens : les nouveaux athées Damien LE GUAY
93 Les failles dans l'histoire de l'humanité Xavier LE PICHON
103 Les jardins japonais ou le renouveau de la rationalité Jean-Luc ARCHAMBAULT
123 Qui est César ? Réponse au P. Chantraine Alain BESANÇON

Editorial : Olivier Boulnois : Le catholicisme est-iI ringard?

Entre le ressassement et le ressentiment, l'Eglise peut revendiquer son statut intempestif, si elle affirme la nouveauté de l'Eglise, qui transcende d'avance toutes les modernisations.

Thématique

Cardinal Jean-Marie Lustiger : La nouveauté du Christ et la post-modernité

La post-modernité n'est pas post-chrétienne. Nous sommes, au contraire, dans les commencements du temps chrétien. En effet, les grandes   interrogations du monde moderne (unité de l'humanité, risque d'auto-destruction, écologie, possibilité d'une histoire véritable, invasion des images-idoles) trouvent leurs réponses dans la révélation du Christ.

Jean-Marie Dubois : Un tombeau neuf

Le mot « nouveau », tant utilisé, est ambigu. Mais la nouveauté de Dieu est véritable et éternelle. Présente dès l'origine, elle déploie l'histoire du salut, jusqu'à la venue du Christ, qui renouvelle et achève l'alliance.

Georges Chantraine : Sur quoi mesure-t-on le temps de l'Eglise ? Propos sur la sécularité

Faut-il mesurer l'avenir de l'Eglise selon le temps du monde? Celui-ci ne cherche-t-il pas à s'approprier le temps de l'Eglise ? Pour que celle-ci exerce
en vérité sa mission dans le monde, il lui faut distinguer le sécularisme, visant à réduire le mystère de l'homme et de Dieu, de la sécularité, autonomie des créatures et de l'histoire, procurée par leur achèvement dans le Christ.

Serge Landes : Le ringard et le quèque

Est ringard ce qui, ayant voulu se mettre à la mode, ne l'est plus. Les méridionaux désignent gentiment par « quèque » ce qui est hors du coup, mais sans avoir jamais prétendu se mettre au goût du jour. S'il faut lutter contre tout ce que l'Eglise a de ringard, faut-il s'étonner que, pas de son temps car toujours eschatologiquement en avance sur lui, cette vieille dame au visage de jeune fille fasse toujours légèrement quèque ?

Bruno Pinchard : Les sourires du paganisme à l'âge du désenchantement du monde

Devant la platitude de l'histoire moderne, on peut être tenté de rejeter le christianisme pour retrouver dans le paganisme le salut que notre époque implore. Cette démarche n'est-elle pas illusoire, fondée sur une vision fausse du christianisme, du paganisme et de la modernité?

David L. Schindler : Mort de la raison moderne, résurrection du Verbe de Dieu

Dans la foulée de Nietzsche, le « déconstructionnisme » post-moderne d'un Derrida s'attaque au « logocentrisme » — le sens meurt en même temps que Dieu. Le logos qu'on attaque ainsi est celui de la pensée des Lumières. Gardons-nous de le défendre en croyant ressusciter Dieu. Sachons plutôt apprendre du déconstructionnisme même à formuler, dans une logique de l'amour trinitaire et incarné, la foi chrétienne en la création et en un Dieu infini.

Damien Le Guay : Chrétiens : les nouveaux athées

La post-modernité se traduit par une indifférence générale pour la foi. Dans ce monde, l'Eglise doit abandonner tout rêve totalisant, toute recherche d'un consensus d'ensemble. Le chrétien doit être un athée de la modernité, prophète d'un sens d'altérité, manifestant que l'adoration et la charité sont la vérité de l'homme et de Dieu.

Xavier Le Pichon: Les failles dans l'histoire de l'humanité

La géodynamique et l'étude de l'hominisation nous enseignent que tout système évolue grâce à ses points faibles. Chez l'homme, la nécessité d'une longue prise en charge des petits a favorisé la vie relationnelle et la complexification du cerveau. Dans un contexte démographique nouveau, la prise en charge des faibles par les forts est le nouveau défi : la société moderne devra être résolument fraternelle, sous peine de régresser.

Jean-Luc Archambault : Les jardins japonais ou le renouveau de la rationalité

Les idées «modernes» s'écroulent sous nos yeux. Sur ces ruines se construit pourtant une pensée radicalement différente, sans faire appel à un Deus ex machina. En son coeur, le paradigme de l'auto-organisation, de l'ordre émergeant du chaos, qui envahit peu à peu tous les champs de réflexion. Grande sera la tentation de l'utiliser pour fonder un nouvel athéisme. Les chrétiens ne doivent donc ni se laisser séduire, ni tout rejeter, mais effectuer un discernement, pour que l'Eglise remplisse sa mission de salut en vérité.

Signets

Alain Besançon : Qui est César? Réponse au P. Chantraine

Réponse aux remarques critiques de G. Chantraine, qui suivaient l'article de A. Besançon, « Qui est César? » dans le numéro XIV — 6 (novembre-décembre 1989) de Communio.

Un témoin parmi nous : le P. J Le Guillou, o.p.

Le catholicisme est-il ringard?

Olivier Boulnois

Cette fin de siècle ne ressemble en rien à la précédente. Le parfum faisandé de la décadence a été remplacé par des incantations rituelles sur la nécessité de l'innovation et sur la condition post-moderne. On pourrait craindre qu'au même titre que les sapins de Noé1 ou le parler bas-breton, le christianisme fasse figure de tradition folklorique, considérée par la plupart avec sympathie, observée scrupuleusement par une minorité, et finalement totalement indifférente à chacun. Parler de modernité du christianisme semble alors une prétention déplacée, ridicule ou exorbitante :

« M. Prudhomme est né avec le Christ »1.

Le christianisme est-il ringard2 ? Est-il condamné au passéisme et menacé de désuétude ? — Autant de façons de poser la question du rapport entre l'Eglise et le monde, ou, comme on disait jadis plus justement, entre l'Eglise et le siècle. Peut-on admettre que, deux millénaires après la naissance du Christ, nous soyons dans la seule situation que la parabole évangélique n'avait pas envisagée : du vin vieilli coulant dans des outres toujours neuves ?

 

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1 A. Rimbaud, Une saison en enfer, «L'impossible ».

2 Pour une analyse de ce terme en vogue, qui va plus loin que l'indifférence en
désignant le christianisme comme obsolète, et qu'il ne faut donc pas confondre avec
le «quelconque» ou le vain, voir l'article de S. Landes, « Le ringard et le quèque ».

Alain Besançon : Qui est César? Réponse au P. Chantraine

Réponse aux remarques critiques de G. Chantraine, qui suivaient l'article de A. Besançon, « Qui est César? » dans le numéro XIV — 6 (novembre-décembre 1989) de Communio.

Un témoin parmi nous : le P. J Le Guillou, o.p.


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