Entre la mort et la résurrection

Joseph Ratzinger BENOÎT XVI
Après la mort - n°29 Mai - Juin 1980 - Page n° 4

Problématique

 Pour assurer la cohérence et la fidélité de la doctrine chrétienne de la mort et de la résurrection, il est nécessaire de restaurer la notion d'âme presque évacuée.

Les deux premières pages, 4 et 5, sont jointes.

 

LE 17 mai 1979, la Congrégation vaticane pour la Doctrine de la Foi a publié, avec l'approbation du pape, une lettre adressée à tous les évêques et aux membres des conférences épiscopales au sujet de certaines questions posées par l'eschatologie [[Communio vient de publier la traduction française d'un important ouvrage du Cardinal Ratzinger, La mort et l'au-delà (cf. bio-bibliographie à la fin de l'article ; nous citons MAD dans les notes). Les controverses entraînées en Allemagne par cet ouvrage, ainsi que la publication, en mai 1979, d'une Note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur la vie éternelle et l'au-delà (reproduite en annexe dans MAD, p. 259-262) appelaient un complément doctrinal, que l'auteur a bien voulu nous donner ici. La Note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi a été également publiée par la Documentation Catholique, 1979, p.708-710.]]. Ce document provient d'une conviction qui s'est cristallisée de plus en plus clairement dans les derniers synodes des évêques ; il relie, tout à fait consciemment,, le magistère du pape à celui de la communauté des évêques et s'exprime aussi en fonction de ce qui préoccupe les conférences épiscopales. Les synodes ont, semble-t-il, pris de plus en plus conscience que l'Église se trouve aujourd'hui devant une double nécessité : d'une part, il faut qu'elle sauvegarde, avec une parfaite fidélité, les vérités fondamentales de la foi ; d'autre part au milieu du bouleversement spirituel de notre époque, le devoir d'interprétation est devenu particulièrement impérieux, pour que la foi puisse aussi être communicable de nos jours. Il peut exister une certaine tension entre l'interprétation et la fidélité, mais elles n'en sont pas moins indissolublement liées : il n'y ;à que celui qui rend de nouveau la vérité accessible et la transmet effectivement qui lui reste fidèle. Mais, inversement, il n'y a que celui qui reste fidèle qui en donne une interprétation exacte. Une interprétation qui n'est pas fidèle n'est (p.4) plus une explication, mais une falsification. C'est pourquoi insister sur la fidélité n'est pas renoncer à interpréter, ce n'est pas une invitation à « la répétition stérile de formules périmées » (comme on l'a insinué sottement, de plusieurs côtés, dans la controverse autour de H. Küng), mais c'est, au contraire, la tentative la plus décisive d'une interprétation appropriée. Si, à la fin de mon interprétation, je ne suis honnêtement plus d'accord avec la parole à interpréter, si je ne puis plus la prononcer de bonne foi, j'ai échoué dans ma tâche d'interprète. « Ils doivent laisser la parole telle quelle », cette formule bien connue de Luther pourrait exprimer le devoir essentiel qui incombe à toute interprétation qui veut se mettre d'accord avec ses exigences.

LA fidélité dont parle le texte en question concerne « les vérités fondamentales de la foi ». De quoi s'agit il ? La lettre de Rome renvoie à la profession de foi faite au baptême ; dans une formule elle la décrit comme étant une incitation à imiter et à suivre la voie des décisions divines depuis la création jusqu'à l'accomplissement qu'est la Résurrection des morts. La référence à la profession de foi faite au baptême n'est pas seulement appropriée et significative parce qu'elle peut se référer à la Bible et aux Pères de l'Église [[Cf. Romains 6, 17 : par le baptême, nous sommes confiés au e type (typos) de la doctrine », c'est-à-dire à une profession de foi ou à un résumé catéchétique des principales vérités qui forment le contenu de la foi. Cf. E. Käsewann, An die Römer, Tübingen, 1973, p. 171 s. ; H. Schlier, Der Römerbrief, Fribourg, 1977, p. 208 s., et mon « Kirche und wissenschaftliche Theologic », dans W. Sandfuchs (éd.), Würzbourg, 1978, p. 83-95, surtout p. 91 s.]], mais parce qu'elle met en évidence le lien indissoluble qui existe entre la foi et la vie, entre la foi, la prière et la liturgie : les « vérités de foi » ne sont pas un bagage idéologique dont le chrétien devrait se charger en plus du reste ; c'est par le baptême qu'on devient chrétien, mais le baptême consiste à se laisser introduire et à s'introduire soi même dans la forme communautaire de la foi au Dieu Trinité. L'appartenance à l'Église se réalise, concrètement, au moyen de la profession de foi, prière communautaire qui est en même temps la présence du baptême et le cheminement vers le Seigneur présent. Si je ne peux plus prononcer le Credo ou certains de ses articles en les approuvant vraiment, l'appartenance à la communauté de prière de l'Église et de ceux qui y professent leur foi est atteinte en elle même. La profession de foi qui est ainsi mise au centre de tout n'est pas un ensemble de phrases, mais (et c'est là dessus qu'insistent également les déclarations de Rome) une structure dans laquelle s'exprime la cohérence interne, l'unité de ce qui est objet de foi et qui forme un tout unique. Aussi ne peut on pas en retrancher certaines parties sans détruire l'ensemble [[Cf. H. de Lubac, Die Kirche,La Foi chrétienne (Essai sur la structure du symbole des apôtres), Aubier, Paris, 1969, eh. 2, p. 55 83.]]. (p.5)

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