Symbolisme de l'arbre et prophétie chrétienne au XIIe siècle

Amaury D'ESNEVAL
Quelle crise? - n°50 Novembre - Décembre 1983 - Page n° 85

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De l'Eden à la Croix, de Mambré aux cathédrales, la foi habite le symbole de l'arbre.

 La 1ère page, 85, est jointe.

C'EST sans doute à Chartres que l'homme de notre temps peut observer de la manière la plus frappante la manifestation du symbolisme chrétien au XII' siècle, percevoir sa puissance d'expression, en sonder les intentions théologiques. Il y a quelques années, les étonnantes verrières où l'on surprend les prophètes Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel portant chacun sur ses épaules l'un des quatre évangélistes, nous avaient valu une étude particulièrement suggestive [[Cf. E. Jeauneau, Les nains et les géants, Entretiens sur la Renaissance du XIIè siècle, sous la direction de M. de Gandillac et E. Jeauneau, Paris 1968, p.23-30.]]. Nous nous arrêterons aujourd'hui non loin du portail occidental de la cathédrale, devant le vitrail de l'« Arbre de. Jessé ».

Ici encore, grâce à un symbolisme à figuration verticale, qui s'harmonise à merveille avec la technique colorée du vitrail, une intime relation entre l'Ancien et le Nouveau Testaments est mise en évidence. Et nous voici confrontés à ce thème de l'arbre, l'un des plus riches de la symbolique universelle. Avec sa double ramification, l'une souterraine, l'autre s'élevant d'un seul jet vers la lumière — réseau que parcourt une intense circulation de sève — l'arbre synthétise les fonctions: vitales. Comme l'attestent tant d'exemples empruntés aux folklores les plus variés [[Voir à ce sujet l'art. arbre dans J. Chevalier et A. Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris 1969. Le thème de l'arbre se rencontre dans les mythologies de la Chine, de l'Iran, de la Gaule... On le trouve dans la Kabbale, chez les Lapons, dans le Vaudou haïtien. Les psychologues contemporains (notamment CG. Jung) en font un instrument d'analyse.]], il se réfère au sacré, évoque la fécondité et la vie. Dans un contexte plus philosophique, tel que celui de l'Inde, il s'interprète en termes de développement spirituel : il est échelle des cieux, symbole d'ascension et de perfectionnement...

N'est-il pas remarquable que le XIIè siècle se soit reconnu dans ce thème? On constate que de Suger à Joachim de Flore, il en fait un usage répété, se l'appropriant, le modelant en fonction de critères spécifiques. Sous toutes ses formes, l'arbre occupe à cette époque une place privilégiée dans les églises et les manuscrits [[(2) Dans Le monde des symboles, Zodiaque, 1972, p. 307, G. de Champeaux et S. Sterckx signalent que l'arbre apparaît souvent au portail des églises. Comme le note M.M. Davy (Cf. Initiation à la symbolique romane, Paris 1964, p. 262), la légende de l'arbre de vie circule au XII° siècle, avant de constituer un épisode de La Queste du Graal.]]. Une telle insistance, un semblable don d'invention ne laissent-ils pas entrevoir (p.85)

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 Amaury d'Esneval

 


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