La charité à l’épreuve des faits XIXe-XXe siècles

M. Yves-Marie HILAIRE
L'Action sociale de l'Eglise - n°203 Mai - Aout 2009 - Page n° 63

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, au lendemain de la guerre et de sa cohorte de drames humains, l’organisation de la charité a mobilisé les chrétiens qui se sont engagés dans des associations confessionnelles ou non, pour répondre à l’urgence, telle « Amnesty international» ou le « Secours catholique », ou encore dans des associations spécialisées, pour venir en aide aux plus déshérités, voire les exclus du quart monde, «Aide à toute détresse », ou «Aux captifs la libération».

 

Nous avons perdu la classe ouvrière

Qu’est devenue la classe ouvrière ? titrait le journal la Croix le 13 décembre dernier. Deux autres titres de cette enquête signalaient que le Parti communiste français ne cultivait plus son ancrage ouvrier et que les ouvriers votaient comme la moyenne des Français. Or il y a trente ans, les marxistes et certains chrétiens pensaient que la classe ouvrière portait l’avenir du monde.

Sur ce sujet et sur quelques autres, les chrétiens culpabilisaient alors, persuadés que l’Église avait perdu la classe ouvrière. Pie XI, en 1931, avait déploré «l’apostasie des classes laborieuses ». «Par notre faute» renchérissait en 1937 Henri Guillemin, qui stigmatisait la collusion de l’Église avec la bourgeoisie, rendue responsable des grandes répressions des journées de juin 1848 et de la Commune de Paris en mai 1871. À cette époque, les catholiques auraient laissé se creuser un fossé immense entre la classe ouvrière et l’Église. La vogue de la pensée binaire, nourrie de dialectique hegeliano-marxiste, fait la fortune de cette thèse excessive qui est critiquée très tôt par les historiens. Le détachement religieux d’une notable partie du peuple parisien est antérieur à la Révolution qui voit les sans-culottes piller les églises.

En 1977, Émile Poulat lance contre les idées reçues un brûlot intitulé Église contre bourgeoisie. L’intransigeantisme catholique, qui domine au XIXe siècle, n’est pas tendre envers le socialisme, mais il (p.63) est aussi fortement hostile au libéralisme économique effréné que la bourgeoisie impose alors : un conflit triangulaire doit être pris en compte. L’apport de la sociographie religieuse historique, dû à Gérard Cholvy, montre bientôt que la réalité est complexe. On découvre plus d’ouvriers chrétiens qu’on ne l’avait dit. Lors des grèves de 1936 et dans la Résistance, ouvriers communistes, socialistes et chrétiens se côtoient plus qu’ils ne s’affrontent. À cette époque, la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) représentent de véritables forces sociales.

La christianisation ouvrière de l’ère victorienne dans les pays anglo-saxons

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