Un peintre spirituel, Jean Hugo

M Florian MICHEL
Violence et religions - n°251 Mai - Aout 2017 - Page n° 144

Jean Hugo (1894-1984), à la fois peintre et homme de lettres, est un "converti" des années folles. Arrière petit-fils de Victor Hugo, élevé dans l’anticléricalisme, survivant de la Première Guerre mondiale, proche des grandes amitiés de Jean  Cocteau et de Jacques Maritain, Jean Hugo témoigne des secousses spirituelles de sa génération. Il montre l’exemple, par son art et par son choix de vie, d’un artiste, qui se laisse guider par l’humilité, la foi, le sens de l’amitié et la fidélité à la grâce reçue.

 

À la fois peintre et grammairien, ami des avant-gardes et enraciné dans son terroir, rustique et spirituel, urbain et profondément campagnard, parisien par toutes ses attaches amicales et languedocien, de Lunel, sur les rives du Vidourle aux confins de l’Hérault et du Gard, par héritage et par le choix d’une vie « à l’écart1 », Jean Hugo (1894-1984) est assurément un homme rare. Proche de Picasso et de Cocteau après la Grande Guerre, il se réfugie au seuil des années 1930 dans un vieux mas viticole, où règnent des paons, des figuiers, de nombreux enfants et des vieux tonneaux, et d’où la modernité semble à jamais bannie. Jean Hugo est sensible aux paysages, aux personnes, aux taureaux et aux vignes, autant qu’au latin et à la puissance de la présence liturgique. Fait peu commun : le peintre reçut pour ses autobiographies, deux prix de l’Académie française (1976 et 1984). Baptisé en 1931, à presque quarante ans, il se rend quotidiennement à la messe matinale. « Image même de la modestie parfaite des enlumineurs », selon la formule de Cocteau, Jean Hugo « pèche par excès de modestie » selon un autre de ses amis. « Tu ne te soucies pas assez de ta gloire », le tance Picasso. En décembre 1967, à l’ORTF, il déclarait que la plus grande qualité d’un artiste était « le manque d’orgueil, l’humilité2 ». Un de ses amis dominicains, le P. Alex-Ceslas Rzewuski, le décrivait ainsi dans un brouillon de son autobiographie : « J’admire la personnalité si exceptionnelle de ce cher ami, comme aussi j’admire son talent. Tout ce qui sort de son pinceau est empreint de la magie de son style personnel où le naïf, le sophistiqué et le classique s’harmonisent sans jamais se heurter ni se contredire. Jean Hugo pourrait être aussi bien un grand écrivain. La sobriété et la concision de son langage ne manquent jamais de dire ce qu’il y a d’essentiel3. » 

Jean Hugo porte tout le poids de son illustre ascendance. Élevé dans le culte de l’arrière-grand père, avec ses haut-lieux de la place des Vosges et de Guernesey, Jean Hugo est l’arrière-petit-fils de Victor Hugo [...]

 

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1 Lettre de Jean Hugo à Francis Poulenc, 30 octobre 1956, Francis Poulenc. Correspondance 1910-1963, Paris, Fayard, 1994, p. 853. Hugo, « le coeur fendu », renonce à faire le décor du Dialogue des carmélites : « Je me sens absolument incapable d’avoir une seule idée théâtrale. Peut-être y a-t-il trop longtemps que je vis à l’écart ? Ce que je ferai serait indigne de toi et de Bernanos. » 

2 7 décembre 1967, Archives de l’INA.

3 Manuscrit de l’autobiographie du R. P. Ceslas Rzewuski, À travers l’invisible cristal, Archives de la Province dominicaine de Toulouse. Le passage cité, barré sur le manuscrit, n’est pas publié dans l’édition chez Plon en 1976. 


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