Père Jean-Robert ARMOGATHE
Violence et religions
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n°251
Mai - Aout
2017 - Page n° 167
Les célébrations du 500è anniversaire de la Réforme ouvertes le 31 octobre 2016 sont l’occasion de mieux comprendre la « réformation » du XVIe siècle. Elle n’est pas seulement un éclatement de la « chrétienté » occidentale : elle a donné une nouvelle vigueur aux enjeux théologiques fondamentaux du christianisme. À cinq siècles de distance, elle apparaît bien comme un rendez-vous manqué dont les Églises peuvent encore recueillir les fruits.
Plus que tout autre réformateur, Martin Luther a cristallisé l’attention des catholiques. Sa personnalité, ses écrits, sa pensée théologique, son rôle politique ont été autant de facteurs déterminants pour le constituer en figure-phare de l’ensemble des réformes européennes, au détriment d’autres théologiens parfois plus profonds, ou plus radicaux, ou plus conscients des enjeux de fond du mouvement réformateur. Plus qu’une personne, Martin Luther est, selon l’heureuse formule de Lucien Febvre : un destin2.
Richard Stauffer a analysé en 1966 l’évolution des recherches catholiques sur Luther de 1904 à Vatican II3. Il a montré, en particulier, toute l’importance de l’approche respectueuse qui, à partir des années trente, a caractérisé l’intérêt porté par les catholiques au réformateur saxon.
Je voudrais montrer dans cet article en quoi les écrits de Martin Luther ont marqué l’évolution interne de la théologie catholique dès le XVIe siècle. Il convient pour cela de passer outre aux échanges polémiques, à l’argumentation de controverse que les camps opposés ont développée. Sans toutefois la rejeter complètement : en effet une polémique n’est jamais totalement subjective, elle transporte toujours une partie de la sédimentation originelle. Et un choc en retour se produit toujours à l’intérieur de chaque parti, comme si la flèche devenait un boomerang et frappait l’archer autant que la cible. On pourrait dire, en gros, que depuis les grandes controverses trinitaires et christologiques des premiers siècles qui ont conduit conciles et théologiens à affiner la profession de foi et à en définir les contours avec plus de netteté, la théologie chrétienne n’avait pas connu de contestation, d’ « hérésie », aussi importante que le mouvement réformateur du XVIe siècle. Cette affirmation est peut-être trop générale pour être exacte, mais les énormes bastions élevés par les décrets tridentins témoignent du degré d’inquiétude éprouvé par les tenants d’une « orthodoxie » (romaine). Disons que les protagonistes ont perçu
leurs rapports de la sorte.
Une réformation théologique
Or la reformatio mise en oeuvre par Luther – et développée, dans des directions parfois très diverses, par d’autres – ne visait pas seulement [...]
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1 Conférence prononcée le 23 novembre 2016 à l’Institut protestant de théologie de Montpellier.
2 Lucien Febvre, Martin Luther, un destin (1928), 4e édition, 1968.
3 R. Stauffer, Le catholicisme à la découverte de Luther, Labor et Fides, 1966.
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