Guerre(s) et religion(s) – Quelques repères dans un champ de mines

M. Olivier CHALINE
Violence et religions - n°251 Mai - Aout 2017 - Page n° 61

La notion de « guerre de Religion » est le vecteur d’un triple réquisitoire : contre le catholicisme, contre le christianisme, contre toute foi religieuse. Sans doute faut-il l’écarter pour mieux saisir les réalités historiques qu’elle est censée désigner. Réduire les enjeux religieux à des questions politiques n’est pas la meilleure manière de les appréhender et il ne faut pas manquer de rendre à César celles des violences qui lui sont imputables.

 

Les expressions unissant les deux mots de guerre et de religion sont d’un usage courant de nos jours, sans que l’on se préoccupe beaucoup d’en clarifier le sens. Pourtant selon que l’on emploie ou non des majuscules et que l’on mette ces deux mots au singulier ou au pluriel, on ne désigne pas nécessairement les mêmes choses. 

• Si on parle de guerres de Religion (parfois sans R majuscule), il s’agit des huit conflits de durée et d’ampleur très variables qui ont opposé en France catholiques et protestants (réformés pour être précis) entre 1562 et 1598, soit du massacre de Wassy à l’édit de Nantes. Notons dès maintenant que cette définition et cette chronologie ne tiennent aucun compte de la reprise des luttes religieuses entre 1621 et 1629, dans ce qu’on appelle parfois les « guerres de Rohan » qui furent pourtant spécialement dévastatrices en Languedoc1. On considère (ou feint de considérer) que l’octroi par le nouveau roi d’une paix de religion, pour la première fois durable, l’édit de Nantes, suffit à marquer la fin des guerres. C’est un des éléments du mythe Henri IV tel qu’il a été développé par les Bourbons puis entretenu par les régimes successifs. 

• Guerre de religion (parfois de religions) peut désigner un ensemble plus large de conflits armés çà et là en Europe occidentale, de la guerre dite des Paysans dans le Saint-Empire romain germanique en 1524-1525, en écho à la prédication de Luther (qui fut hostile à ces révoltes) à celle dite des Cévennes ou encore des Camisards en 1702-1704. Il ne s’agit plus seulement ici de luttes civiles mais de conflits, les uns localisés, les autres bien plus vastes, certains brefs, d’autres interminables. La catégorie est aussi commode que trompeuse puisqu’elle englobe aussi bien des prises d’armes vite réprimées que de véritables guerres, à la fois civiles et étrangères : celle dite de « quatre-vingt ans » qui s’achève en 1648 lorsque le monarque espagnol reconnaît l’indépendance des Provinces-Unies, au moment où s’achève aussi la guerre dite de « trente ans » qui n’est pas seulement allemande. À ce propos, on parlera en allemand de Konfessionskonflikte [...] 

 

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1 Elles demeurent sous-étudiées, dès qu’on sort du siège de La Rochelle. La césure universitaire française entre « seiziémistes » et « dix-septiémistes », en histoire et plus encore en lettres, explique en partie ce fait.


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