EDITORIAL: Un art de vivre

Monsieur Jean DUCHESNE
Vieillir - n°264 Juillet - Aout 2019 - Page n° 6

D’après les chiffres publiés en 2018, l’espérance de vie en France approche désormais 80 ans pour les hommes et dépasse 85 ans pour les femmes. Elle était (sans distinguer entre les sexes) de 30 ans en 1800 et de 45 ans en 19001. La baisse radicale de la mortalité infantile, l’amélioration de la sécurité, du confort et des soins expliquent cette progression considérable. Celle‑ci ne signifie cependant pas que nos contemporains deviendront en majorité octogénaires, car ces projections concernent les nouveau‑nés d’une année donnée. Il n’empêche que nos sociétés dites occidentales ou développées se caractérisent par un vieillissement sensible des populations2. C’est au point que la médecine a une branche de plus : la gérontologie, et qu’aux trois âges classiques (jeunesse, maturité, vieillesse) est venu s’ajouter un quatrième. Y sont classées les personnes généralement de plus de 80 ans qui sont de plus en plus nombreuses et exposées à une sénescence plus ou moins visible et handicapante, tandis que sexagénaires et même septuagénaires gardent couramment, au moins en apparence, les mêmes cadences que leurs cadets de dix, vingt, voire trente ans.

Cette distinction entre « âgé » et « très âgé » est toutefois assez imprécise. Le vieillissement est un phénomène progressif mais non linéaire, avec des paliers. La décroissance commence dès la fin de la croissance3 (dès que les performances d’abord physiques déclinent) et se développe à un rythme qui varie selon les individus et les conditions de vie du milieu et du moment. Le fait demeure cependant qu’en moyenne, la seconde phase du cycle biologique humain s’allonge tangiblement. La différenciation récente entre les troisième et quatrième âges prend en compte cette extension : le temps de la vieillesse tend maintenant à durer autant et bientôt plus que celui de la jeunesse. Et il se décompose pareillement : de même qu’il y a d’un côté l’enfance puis une adolescence qui maintenant déborde au‑delà de la trentaine (on se marie et on a des enfants plus tard), de l’autre on conserve plus longtemps une vitalité appréciable, avant un affaiblissement qui souvent se prolonge, mais n’est pas une « maladie terminale ». Autrefois on mourait non seulement bien plus tôt, mais encore bien plus vite4.

Il reste que la mise à la retraite (imposée ou impatiemment attendue) constitue un seuil. Ceux qui, atteignant la limite d’âge, n’ont plus d’emploi rémunéré sont d’une certaine façon marginalisés. Il faut d’abord qu’ils trouvent, chacun livré à soi‑même, comment s’occuper. Et puis ils cessent d’être productifs et consomment moins, parce que leurs ressources physiques et financières diminuent. Mais leur poids économique n’est nullement négligeable : il y a les dépenses de santé (qui augmentent en cas de « perte d’autonomie » et en « fin de vie ») et les pensions assurées soit par répartition, soit par capitalisation5. De plus, les « aînés », « anciens » ou « seniors » sont loin d’être socialement
passifs. Ils exercent par exemple leurs droits et pouvoirs en votant bien plus massivement que les actifs ou les étudiants6. Et surtout, puisqu’ils sont plus disponibles même si leurs moyens diminuent, ils prennent une part croissante et fréquemment décisive dans les domaines culturel, associatif, caritatif… et aussi comme grands‑parents dans les familles où désormais la plupart des mères travaillent, sans parler de leur engagement dans les communautés religieuses locales. 

*

Le vieillissement est ainsi un aspect majeur dans notre univers actuel, aussi bien en raison du nombre de ceux qui sont concernés que pour la collectivité. C’est à quoi s’intéresse cette livraison de Communio, car l’attention accordée à cette évolution ne semble pas à la mesure de son impact, alors que des débats souvent vifs sont par ailleurs engagés sur la question assurément sensible mais différente de l’accompagnement des mourants7. Or la personne ne reste pas dans une maturité stable jusqu’au stade où son décès devient prévisible. Il y a des transformations corporelles et manifestes, plus ou moins liées à des altérations du comportement et du psychisme8 et avec des retombées sociales. On préfère cependant, en règle générale, ne pas s’y arrêter et faire comme si tout continuait comme avant. Il est intéressant d’essayer de comprendre pourquoi. On peut discerner plusieurs raisons à cet évitement. 

L’une d’elle est sans doute qu’en devenant banale, la vieillesse a cessé d’être désirable. Elle n’est plus tenue pour un privilège ou une bénédiction. Elle est même considérée comme une déchéance ou du moins une disgrâce que l’on répugne à exhiber. Cacher son âge deviendrait même une sorte de coquetterie ou de pudeur, spécialement si l’on ne le « fait » pas. Certes, le prototype d’humanité en Occident n’a jamais été le vieillard. Mais ce n’est plus l’homme ou la femme au seuil de la maturité. Depuis le xviie siècle « classique » dans notre culture, ce serait plutôt celui ou celle qui sort à peine de l’adolescence. Dans Le Cid de Corneille, Rodrigue (la jeunesse) supplante le Comte (dans la force de l’âge) et n’épargne le déshonneur à Don Diègue (son géniteur décati) qu’en le réduisant à la dépendance. Dans Athalie de Racine, c’est clairement en vain que Jézabel tente de « réparer des ans l’irréparable outrage ». En compensation de leur détérioration physique engendrant l’humiliation de l’impuissance, les vieux étaient jadis réputés avoir été rendus sages par ce qu’ils avaient surmonté, si bien qu’il était recommandé de les écouter. Ce n’est désormais plus infailliblement le cas. Car ils lèguent un monde grevé de multiples dysfonctionnements qui ne les autorisent guère à faire la leçon.

Un autre motif de discrétion sur le vieillissement est évidemment qu’il rapproche de la mort. Se polariser là‑dessus est assurément morbide. Le résultat est cependant que l’on s’épargne soigneusement d’en parler et que l’on n’aborde les difficultés liées à l’âge que pour y remédier concrètement autant que faire se peut dans l’immédiat, sans préjuger de la suite. Le pourrait‑on d’ailleurs ? Nul ne la connaît avec certitude. De surcroît, les vieillards ont beau être moins révérés et même trouvés encombrants, leur rappeler qu’ils n’ont plus très longtemps à vivre demeurerait indécent. Eux‑mêmes, s’ils restent lucides, peinent à concevoir ce qui les attend – tout autant que ceux que rien ne presse encore de s’y préparer. Car c’est l’abolition de tout avenir imaginable et nul défunt ne revient informer sur l’expérience du trépas et de l’au‑delà9. Finalement, que la mort soit pratiquement impensable incite à ne pas s’appesantir sur le vieillissement dont le caractère irréversible l’annonce tout en laissant dans l’incertitude sur l’échéance et ses modalités.

*

Il peut paraître curieux que le vieillissement soit assez largement refoulé. Car ce qui, en ce domaine, est ou n’est pas dit et fait est d’une portée dont on n’a pas toujours conscience. La façon dont sont regardées et traitées les personnes qui prennent de l’âge révèle l’idée que l’on se fait de l’humanité10. Si l’on tire un voile pudique sur la prise d’âge, ce n’est pas seulement parce que tout cela est pénible. C’est aussi parce que l’on préfère s’abstenir d’aborder crûment quantité de questions préalables11.

Ainsi : jusqu’à quel point la vie mérite‑t‑elle d’être vécue ? Quelle dignité inaliénable garde quelqu’un qui est dépendant ? Comment accepter de voir ses capacités diminuer ? S’agit‑il seulement de gérer le moins mal ou le plus efficacement possible (en cherchant le meilleur rapport qualité/prix) les effets déplaisants de l’inévitable sénescence ? Pourquoi s’ingénier à les retarder, minimiser ou camoufler ? Qu’est‑ce qui justifie les solidarités intergénérationnelles ? Ne vaudrait‑il pas mieux affronter brutalement les réalités, sans se soucier d’états d’âme qui ne sont après tout que de vains aveux d’impuissance12 ? Quels principes retenir pour déterminer les choix à faire, les priorités à retenir, les renoncements auxquels consentir ou à imposer ? Ces interrogations n’ont pas pour l’heure de réponses recueillant un  consensus explicite. On évite même de les soulever. Elles requièrent un recul auquel certains se refusent, se contentant de parer au plus pressé des urgences et des détresses, et s’en remettant aux technologies disponibles. D’autres se réfèrent à des « philosophies », sans toujours oser les afficher si elles méprisent les réalités symétriques et irrépressibles du vouloir vivre et de la désespérance. D’autres encore sont éclairés par des visions religieuses de l’homme, de l’Histoire et du monde, c’est‑à‑dire des savoirs inspirés d’ « en‑haut » ou d’ « au‑delà », sans pour autant nier les expériences qu’ils interprètent mais aussi stimulent. Écouter, réfléchir et s’exprimer sans contraindre est un droit ; c’est également un devoir, dans une quête de vérité sans laquelle il n’est point de liberté ni de dignité ni pour soi ni pour autrui. 

*

Le chrétien n’est certainement pas pris de court sur le sujet du vieillissement13. Non qu’il y aurait une réponse spécifique de la Tradition aux problèmes qu’il pose, sous la forme de dogmes promulgués par le Magistère ou d’un mode de vie ad hoc14. Mais tout ce qu’enseigne la Révélation donne du sens – autrement dit à la fois une signification et une direction – à l’existence humaine à travers ses étapes successives, y compris les dernières15. Celles‑ci ont des particularités indéniables, mais sans discontinuité avec les précédentes. Ce qui vaut pour la jeunesse demeure, pour une part importante et même essentielle, pertinent dans la vieillesse. C’est le cas d’une insouciance ou d’une sérénité 
qui n’a rien à voir avec l’indifférence ou l’aveuglement et qui justifie que l’on ne fasse pas d’histoires en prenant de l’âge, mais que l’on continue du mieux possible16

On peut citer à cet égard les réparties semblables attribuées à deux saints non pas chenus, mais damoiseaux : Louis de Gonzague au XVIe siècle et Dominique Savio au XIXe. À la question qui leur est posée pendant une récréation de savoir ce qu’ils feraient si c’était la fin du monde ou s’ils découvraient n’avoir plus que quelques instants à vivre,  ils répondent : « Je continuerais de jouer à la balle ». Cette réplique a séduit Charles Péguy. Il l’a comprise en écrivant que la sainteté à laquelle nous sommes appelés ne nous oblige « ni à rompre ni à altérer nos vies ordinaires17 ». Cela vaut à tous les âges : de même que l’enfant n’a pas à s’empêcher de jouer ni l’adulte de faire son métier, on n’a pas à craindre ni à nier de vieillir.

En allant un peu plus loin, on pourrait dire que chaque instant est à recevoir comme un don de Dieu, dont l’oeuvre de création et de salut se poursuit jusqu’à la fin des temps sans que rien ni personne ne lui soit étranger. Même si la conscience que l’on peut en avoir est intermittente, fugitive et incomplète en raison des limites humaines, il est possible, voire souhaitable, de rendre grâce non seulement en mais encore pour toute circonstance, y compris les épreuves, dont celles de l’affaiblissement dû à l’âge18. Être « rassasié de jours » est une bénédiction promise et accordée à Abraham, à tout homme qui écoute Dieu et même à Job accablé19 – les bénéficiaires de cette faveur étant, par‑delà les vieillards eux‑mêmes, leur descendance, leur entourage, la société et « toute la famille humaine20 ».

*

Mais alors, qu’est‑ce qui différencie de la passivité (qu’elle soit stoïque ou négationniste) l’acceptation du vieillissement dans l’action de grâce ? C’est bien sûr une liberté et une paix intérieures qui sont les fruits de la gratuité des dons reçus et qui donc ne se décrètent pas unilatéralement, mais requièrent une disponibilité qui n’est pas toujours facile. Il y a d’ailleurs des difficultés propres au grand âge. S’il n’est pas faux qu’il peut être, dans la dépendance confiante vis‑à‑vis de Dieu et d’autrui et même dans une certaine irresponsabilité, jusqu’à un certain point un retour à l’enfance, il est loin d’en restaurer toutes les possibilités. L’orientation est irréversiblement descendante ou appauvrissante. 

Si en effet la joie de vivre et de jouer est spontanée dans la prime jeunesse, si ensuite on jouit sans se forcer de ce que l’on accomplit et obtient par son travail en faisant la volonté de Dieu, si donc, jusque dans la maturité, « la grâce n’abolit pas la nature, mais la parfait21 », le bonheur de vieillir est défié par des dégradations et des pertes – de capacités personnelles et aussi de proches aimés, à commencer par ses parents, puis son conjoint… Quelle que soit la façon dont on l’affronte, sa durée ou son degré, « la vieillesse est un naufrage22 ». 

L’homme devait profiter des cycles dans la création et la dominer. Il y est soumis depuis la Chute, ne pouvant plus se nourrir à l’arbre de vie. Et, jusqu’à la résurrection finale, il retourne à la terre dont il provient23, après avoir décliné, si quelque accident n’a pas précipité la fin de ses jours sur terre24

L’unicité de la foi ne fournit pas un modèle unique de vieillissement. Le pape actuel et ses trois prédécesseurs illustrent cette diversité25. Jean‑Paul Ier est décédé prématurément, sans avoir eu le temps de s’user. Jean‑Paul II a jusqu’au bout « continué sa mission en supportant la diminution progressive de sa capacité d’agir, [à l’image de] Celui qui porte nos souffrances et, humilié, n’ouvre plus la bouche26 ». Benoît XVI a préféré renoncer, voyant que son amoindrissement pouvait s’accentuer de longues années encore avant qu’il meure. La fragilité croissante que révèlent ses apparitions de plus en plus rares justifie cette décision. Aujourd’hui, le pape François, à bientôt 83 ans, tient fermement la barre dans les tempêtes sans insister sur son âge ni le cacher… 

*

Qu’il n’y ait pas, dans l’histoire de l’Église, de figure singulière (ni masculine, ni féminine) du grand âge exemplaire n’est pas surprenant : Jésus n’a pas fait de cheveux blancs, et sa Mère non plus – du moins dans ses apparitions et dans l’iconographie27. Même dans les représentations du Golgotha ou de la Dormition, et bien sûr dans celles de son couronnement, sa jeunesse intacte reflète sa virginité et, par‑delà, son exemption du péché originel. En revanche Pierre, le premier des apôtres, s’entend prédire par le Christ la déchéance sénile par laquelle il rendra gloire à Dieu et sera lui‑même glorifié28. Et Jean, le benjamin, apparaît en vieillard comme auteur de l’Apocalypse et pas seulement comme jouvenceau en tant que « le disciple bien‑aimé29 ». Par la suite, on trouve des saints de tous les âges. Mais, si martyrs et morts trop tôt ne manquent pas, ce sont surtout des personnalités dont la vie a été assez longue pour qu’elles soient reconnues vénérables. Déjà pour Moïse et David, leurs dernières années n’étaient pas moins et peut‑être plus décisives que leur fracassante entrée en scène ou le zénith de leur carrière.

Il ressort de tout ceci d’un côté que le temps qui passe (ou le nombre croissant des années) ne fait sinon rien, du moins pas tout à l’affaire, et de l’autre que la prise d’âge fournit des opportunités propres30. C’est à tout instant que la part de liberté toujours offerte au milieu des contingences ou bien échappe, ou bien est prise sans pouvoir être gardée, ou bien est rendue en action de grâce et ainsi partagée en entrant dans la dynamique désintéressée du don. Comme le notait Blaise Pascal, « nous errons dans les temps [le passé et l’avenir] qui ne sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient » : le présent31. C’est particulièrement vrai des phases successives du vieillissement. Quand ce qui fut s’évanouit, quand les restrictions dues à l’âge s’imposent peu à peu et quand les projets sont de plus en plus limités, c’est alors que chaque moment et même chaque chose peut avoir une qualité qui dément sa banalité et sa précarité aux yeux de ceux qui estiment avoir plus important à gérer.

Dans cette perspective, vieillir force à se poser des questions, c’est‑à‑dire à « philosopher », sans que cela se réduise – n’en déplaise à Michel de Montaigne reprenant Cicéron – à « apprendre à mourir32 ». C’est plutôt pratiquer, plus intensément que jamais parce que les tentations de s’aveugler ou de désespérer augmentent, l’art de vivre non pas comme un animal mortel, mais à l’image du Père éternel en imitant son Fils dans l’ouverture à leur Esprit33. Si l’âge est une menace et s’il existe une grâce des vieux jours, on peut et doit croire avec Friedrich Hölderlin que « là où est le danger croît le salutaire aussi34 ».

 


1 Chiffres pour la France publiés en juillet 2018 par l’Institut national d’Études démographiques.

2 D’après l’Institut national de la Statistique et des Études économiques (INSEE), l’âge médian en France est passé de 36,3 en 2000 à 40,5 en 2018 (à cause aussi de la stagnation, voire de la baisse de la natalité). 

3 C’est pourquoi l’illustration de couverture de ce numéro de Communio présente non pas un vieillard, mais « les trois âges de la vie », puisque le vieillissement commence dès le deuxième et que ce troisième est de certaines façons un retour au premier.

4 Les maladies longues (donc non immédiatement fatales) liées à l’âge ont pour une bonne part été identifiées seulement à partir du xixe siècle, quand la durée de vie a augmenté : Parkinson (1817), ostéoporose (1832), Charcot (1869), dégénérescence maculaire liée à l’âge (1874), Alzheimer (1906) … Si le cancer est connu depuis la nuit des temps, la prophylaxie spécifique se développe à partir de 1900, c’est‑à‑dire lorsqu’il fait plus de victimes parce qu’accidents et autres maladies tuent proportionnellement moins. La Ligue contre le cancer est fondée en 1918. 

5 La note d’Isabelle Durand‑Zaleski ci‑après donne les principales « données de contexte ».

6 Selon une étude de l’INSEE (19 octobre 2017), la participation électorale augmente régulièrement entre 30 et 75 ans. Et si elle décline au‑delà du fait des handicaps dus à l’âge, elle reste au même niveau qu’à 50 ans.

7 Voir Communio n° 223 (2012, 5), « Mourir ».

8 Voir ci‑dessous la contribution de Grégory Solari sur la maladie d’Alzheimer.

9 On ne peut que rester prudent devant les « expériences de mort imminente ». Voir cependant Michel Aupetit, La mort, et après ?, Paris, Salvator, 2009, p. 13‑32.

10 Voir ci‑après les réflexions de Didier Laroque sur l’architecture des maisons de retraite.

11 Des a priori analogues sous‑tendent les questions qui se posent au sujet des débuts de la vie, depuis la conception et jusque dans l’éducation.

12 Deux dystopies anglaises peuvent alimenter la réflexion : d’une part Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1932), où les inconvénients du vieillissement sont éliminés en transformant en engrais avant que leur corps s’use les
individus scientifiquement programmés et heureux de rester ainsi utiles à la collectivité ; d’autre part Les Fils de l’homme de P.D. James (1992), qui décrit au contraire un monde où il n’y a plus de naissances et où ne restent plus que des vieux qui ne veulent pas penser à la mort. 

13 Voir ci‑dessous les analyses du cardinal André Vingt‑Trois et du P. Ivica Raguž sur les aspects inséparablement socio‑culturels et spirituels du vieillissement. 

14 Voir cependant l’article de Gilles  Fumey sur les béguinages.

15 Voir plus loin l’étude de Soeur Sophie Ramond sur l’enseignement de la Bible, et particulièrement le début de Qohélet 12. 

16 Voir dans ce numéro l’article de Nicolas Aumonier. 

17 « Il importe peu de savoir si cette parole […] est de quelqu’un et si elle a jamais été prononcée. Comme elle est, c’est une des histoires les plus admirables du monde […], une formule incomparable pour tout ce qui tient à la règle de la vie et à l’administration du devoir » (« Louis de Gonzague », Cahiers de la Quinzaine, 26 décembre 1905, in OEuvres en prose, I, Pléiade, p. 943). 

18 Voir le témoignage d’Ysabel de Andia en conclusion des contributions sur ce thème du vieillissement. 

19 Pour Abraham, voir Genèse 15, 15 et 25, 8 ; pour tout fidèle, voir Deutéronome  6, 2 et Psaume 91 (90), 16 ; et enfin Job 5, 25‑26 et 42, 16‑17. 

20 Selon l’expression de l’avant‑propos de Gaudium et spes de Vatican II.

21 Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Ia, q.1, art. 8, ad 2.

22 Ce mot de Charles de Gaulle concerne Philippe Pétain (Mémoires de guerre, I, Plon, 1954, p. 61).

23 Voir Genèse 1, 29‑30 sur la place de l’homme dans la création ; puis 3, 19 et 22‑24 sur les répercussions de la Chute et Romains 5, 12 sur la mort comme conséquence ; enfin Luc 20, 35‑36 et Apocalypse 20, 11‑12 sur la résurrection finale.

24 En raison des risques multiples de décès prématuré, on parlait autrefois de la « bonne mort » : celle à laquelle on a le temps de se préparer. On préfère aujourd’hui une « belle » mort : à l’improviste, avant d’être trop diminué, sans
souffrances et sans angoisse. 

25 On peut noter des contrastes analogues  parmi les fondateurs et inspirateurs de Communio : Jean Daniélou (à 69 ans) et Hans Urs von Balthasar (à 83 ans) ont été emportés d’un coup sans avoir été sensiblement diminués ; Henri de
Lubac et Louis Bouyer ont longuement décliné sur des modes différents avant de s’éteindre nonagénaires.

26 Référence au Serviteur souffrant d’Isaïe 53, 7, faite par le cardinal Lustiger dans Paris Notre‑Dame du 8 avril 2005 (texte écrit le lendemain de la mort de Jean‑Paul II, repris dans Jean‑Marie Lustiger, témoin de Jean‑Paul II, Paris, Parole et Silence, collection « Communio » ‑ Collège des Bernardins, 2011, p. 179‑180).

27 Y compris au cinéma, malgré le réalisme inhérent au genre. Ainsi, Franco Zeffirelli dans Jésus de Nazareth (1977) et Jean Delannoy pour Marie de Nazareth (1995) confient le rôle à des actrices d’une vingtaine d’années. Elles sont à peine plus mûres dans La Voie lactée de Luis Bunuel (1969) et La Passion du Christ de Mel Gibson (2004). Par contre, dans L’Évangile selon saint Matthieu (1964), Pier Paolo Pasolini a recours à deux interprètes : une jeune pour la naissance du Christ, et sa propre mère pour la Passion. 

28 Jean 21, 18‑19. 

29 Selon l’imagerie traditionnelle, que les débats sur l’identité du ou des auteurs des écrits canoniques attribués à Jean semblent encore loin d’affecter. 

30 Voir dans ce numéro les articles des philosophes Miklos Vetö et Bernard Schumacher.

31 Pensées, éd. Brunschvicg, 172 ; Lafuma 47. L’intuition est foncièrement la même que celle de Louis de Gonzague, Dominique Savio et Charles Péguy. 

32 C’est le titre du chapitre 19 du livre I des Essais

33 On peut ici distinguer, comme le fait Jésus lui‑même selon l’Évangile de Jean (12, 25), psuché (la vie en ce monde) et zôé (la vie qui ne meurt pas). 

34 Patmos, v. 3‑4.


Revue papier

Prix HT €* TVA % Prix TTC* Stock
13.71€ 2.10% 14.00€ 75

Revue numérique

Titre Prix HT € TVA % Prix TTC Action
Vieillir - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger