Le baptême de Clovis, à Noël 496, fut l’aboutissement d’une lente conversion personnelle. Mais il fallut longtemps encore pour gagner tous les Francs au christianisme. Commémorer cet évènement, c’est d’abord en rappeler les exactes circonstances historiques, mais c’est aussi démêler l’écheveau de ses nombreuses réinterprétations. C’est l’occasion de méditer sur la vocation spirituelle de la France en se préparant aux efforts d’évangélisation que l’Église attend de chaque catholique.
Éditoriaux
Olivier Chaline : Le baptême d'un homme
Le baptême de Clovis est d'abord l'aboutissement d'une conversion individuelle. Son quinzième centenaire est l'occasion de revenir sur l'événement historique, comme sur ses diverses interprétations liées aux relations complexes entre la France et la foi chrétienne.
Mgr Gérard Defois : Du mythe à l'histoire...
« La commémoration du baptême de Clovis s'enracine sur le fond original du christianisme, sur le caractère personnel de l'événement dans la vie d'un croyant et non sur la mythologie politico-religieuse des siècles précédents. »
L'histoire d'une conversion
Michel Rouche : Le baptême de Clovis
Après sept années d'hésitation, Clovis a pris la décision de se faire baptiser en voyant la foule en prière devant le tombeau de saint Martin. Refusant le paganisme et l'arianisme, il a choisi de séparer le temporel du spirituel comme d'appuyer l'État sur le droit plutôt que sur la violence. C'est à la lumière de la double universalité catholique et romaine qu'il a voulu fonder une société.
Mgr Claude Dagens : Clovis à Angoulême. Histoire politique et histoire religieuse
Si l'histoire de la prise d'Angoulême par Clovis a connu un développement légendaire, il n'en reste pas moins que l'événement a orienté durablement la destinée religieuse de la ville, et qu'il importe d'en dégager le sens. En libérant Angoulême, Clovis a compris, à sa manière, l'enjeu de la lutte contre l'arianisme. C'est un nouvel équilibre spirituel qui s'établit entre le pouvoir politique et l'organisme vivant de l'Église, héritière des apôtres.
Philippe Régerat : Clovis : un nouveau Constantin? D'un baptême à l'autre
Grégoire de Tours a choisi de présenter Clovis comme un nouveau Constantin : identification symbolique qui gomme des différences que l'historien souligne à travers des faits précis – non sans rechercher les raisons qui ont inspiré un tel rapprochement.
La vocation de la France
Olivier Chaline : Du « Fils aîné » à la « Fille aînée de l'Église », du gallicanisme à l'ultramontanisme
Le « fils aîné », c'est d'abord Charles VIII, hôte encombrant du pape en 1495. Il fallut la disparition de la monarchie gallicane des Bourbons, pour que la France devienne «fille aînée de l'Église» grâce à Lacordaire. Léon XIII reprit la formule pour inciter les catholiques français au ralliement et à l'action sociale.
Guy Bedouelle : Lacordaire et son discours sur la vocation de la nation française (1841)
Dans une prédication de 1841, symbolique puisqu'elle marque le retour de l'ordre dominicain, supprimé depuis un demi-siècle en France, Lacordaire, dans un survol cavalier de l'histoire de France, où Clovis se trouve en bonne place, propose en fait à l'Église comme au monde bourgeois du XXe siècle une réconciliation.
Jacques Benoist : « Catholique et Français toujours! »
La construction du Sacré-Coeur de Montmartre entre 1870 et 1919 a été celle, non seulement d'un oratoire où les fidèles sont venus prier pour la France et pour le pape, mais aussi d'un laboratoire où les archevêques de Paris et l'épiscopat de France ont inauguré de nouveaux rapports entre l'Église et l'État-nation. Le concept de « médiation croisée » peut rendre compte des relations du fidèle avec le Christ par la patrie, du citoyen avec la patrie par le Christ.
Roland Hureaux : Christianisme et culture. Réflexions sur la notion d'hégémonie culturelle
Si la richesse de la civilisation chrétienne au v` siècle a sans doute joué un rôle dans la conversion de Clovis, l'hégémonie qu'elle a longtemps exercée est atteinte de plein fouet par la déchristianisation de la société moderne. C'est un défi pour les chrétiens qui doivent faire taire leurs divisions s'ils veulent redonner à la pensée chrétienne sa capacité d'intégrer les valeurs du monde.
Dossier: Giotto, Vermeer, Hill, expérience religieuse et création artistique
Michel Costantini : Mutations de la figure : Giotto peintre de la conversion de François d'Assise
Comment représenter la conversion en peinture? Les procédés utilisés par Giotto sont autant de signes qui transforment l'hagiographie en une histoire qui fait sens : des prémices au retournement, la vie du Saint est identification progressive à l'Autre; telle l'icône, elle se projette sur autrui et devient l'« appel à toute conversion ».
Jan Willem Noldus : Vermeer peintre catholique?
Parler d'une peinture catholique n'a pas plus de sens que de parler d'une peinture protestante. II n'y a que des individus, des peintres qui, avec leurs sensibilités, leurs convictions personnelles nous rendent compte de leur manière de sentir le monde. On peut alors chercher à retrouver des éléments qui, ensemble, forment des connexions et nous renvoient à une sensibilité religieuse : Vermeer en est un exemple frappant.
René Gallet : Geoffrey Hill, la poésie, l'ordinateur et le péché originel
Pour le poète anglais contemporain, Geoffrey Hill, la poésie peut devenir religieuse non seulement dans ses thèmes, mais dans son exercice. Si le langage est aussi faussé, déchiré par le péché, le poète serait alors celui qui, dans son souci d'une parole juste ou justifiée, esquisserait verbalement un ordre humain transfiguré par la lumière du Royaume!
Le baptême d'un homme
Olivier Chaline
« Cette lumière a commencé à la Nativité de notre rédempteur, quand l'eau régénératrice vous a fait naître pour votre salut, en ce jour où le monde a reçu le Seigneur, né pour sa rédemption (...). Au moment même où le Christ est apparu au monde, vous êtes apparu au Christ. Par cet acte vous avez consacré votre âme à Dieu, votre vie à vos contemporains, votre gloire à vos descendants. » Lettre de saint Avit à Clovis
Le baptême de Clovis fut d'abord l'entrée d'un homme dans l'Église, à la fois la réception d'un sacrement et l'aboutissement d'une conversion. Que cet homme ait été le roi des Francs saliens n'est certes pas un élément secondaire, mais l'histoire nous montre d'abord la démarche religieuse d'un homme dont la conversion ne fut pas immédiate. Celle-ci ne fut pas davantage une affaire d'intérêt. Il fallut bien des discussions pour venir à bout des questions et des objections de Clovis. Rarement on vit réunies tant de grandes figures spirituelles : Geneviève, la protectrice de Paris, Clotilde, la femme de Clovis, Rémi, le métropolitain de Reims, Vaast, le soldat devenu ermite. Mais la décision ne fut pas emportée par eux. Une conversion ne se décrète pas. Elle suit un cours souterrain et il faut de puissants mouvements intérieurs pour provoquer la résurgence attendue. Ce qui ne s'était pas produit au lendemain de la victoire inespérée de Tolbiac, lorsque Clovis avait fait le voeu de se convertir au Dieu de Clotilde s'il lui donnait la victoire, survint, en un moment de défaite, au vu des miracles de guérison arrivés sur le tombeau de saint Martin à Tours. La piété des fidèles acheva ce qu'avaient commencé de si remarquables catéchistes. Il y eut, note M. Rouche, au moins sept ans d'une lente maturation avant le baptême de Noël 498 ou 499.
Ce baptême ne fut pas compris comme celui d'une nation. Au risque de surprendre d'abord, il importe de rappeler cette donnée historique essentielle. Si la garde de Clovis suivit son exemple, tel ne fut pas le cas de l'ensemble des peuples francs dont l'évangélisation fut une oeuvre de longue haleine. [...]
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Parler d'une peinture catholique n'a pas plus de sens que de parler d'une peinture protestante. II n'y a que des individus, des peintres qui, avec leurs sensibilités, leurs convictions personnelles nous rendent compte de leur manière de sentir le monde. On peut alors chercher à retrouver des éléments qui, ensemble, forment des connexions et nous renvoient à une sensibilité religieuse : Vermeer en est un exemple frappant.
René Gallet : Geoffrey Hill, la poésie, l'ordinateur et le péché originel
Pour le poète anglais contemporain, Geoffrey Hill, la poésie peut devenir religieuse non seulement dans ses thèmes, mais dans son exercice. Si le langage est aussi faussé, déchiré par le péché, le poète serait alors celui qui, dans son souci d'une parole juste ou justifiée, esquisserait verbalement un ordre humain transfiguré par la lumière du Royaume!
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