n°225 L'idée d'Université Janvier - Février 2013*


Éditorial : L'avenir de l'Université

Viser l'universel

Jean-Luc Marion : L’universalité de l’Université

À la différence des études supérieures qui ont vocation à former des spécialistes aptes à dominer un type de problème, à devenir experts, l’Université, elle, ouvre à la science universelle, formant l’étudiant à apprendre à apprendre, à savoir ce qu’il sait et ce qu’il ignore, à mesurer sa puissance et sa finitude, à cultiver l’amour de la vérité.

Jean-Robert Armogathe : Newman revisité

Le livre du cardinal Newman, L’idée d’Université (1851), est un classique. Cent soixante ans plus tard, il convient de le revisiter afi n d’identifi er les éléments valides qui peuvent aujourd’hui encore être intégrés dans une réflexion sur les Universités. 

Laurent Lafforgue : La recherche fondamentale a-t-elle un sens ?

La recherche fondamentale a-t-elle un sens ? La quête de la vérité est au centre et surtout « au coeur » de la recherche. Plus le chercheur avance dans sa quête, plus la complexité du réel épaissit la nuit inextricable des savoirs et le mène là où il n’aurait pas choisi d’aller. Au-delà de la nuit du doute, ce rude chemin de la recherche a quelque chose à voir avec la foi en Dieu, Créateur de toutes choses.

Marie-Jeanne Coutagne : Maurice Blondel et l’Université – La vocation d’un laïc

Maurice Blondel (1861-1949) occupe dans la philosophie et dans l’Université française une position « paradoxale », qui entend écarter toute concession susceptible de conduire « l’Esprit Chrétien » à renoncer à lui-même. Là est l’originalité de sa pensée et le fondement de sa relation avec l’Université. Sa thèse, l’Action (1893), dessine cette exigence, développe l’argumentation qui structurera sa réfl exion ultérieure et justifi e ce qu’il considère dès l’origine comme sa « vocation » de laïc. 

Des universités catholiques

Brian E. Ferme : Des écoles cathédrales aux studia generalia

Des centres d’enseignement, de qualité variable, ont toujours été attachés à des institutions ecclésiastiques, monastères ou diocèses. Le développement des villes entraîne à partir du onzième siècle le déclin des écoles monastiques, la permanence des écoles cathédrales et l’apparition de groupes d’enseignants et d’étudiants, dans des studia generalia s’organisant peu à peu sur le modèle corporatif de l’universitas. La papauté se rendit vite compte de l’intérêt (et du risque) de ces groupements, qu’elle va encourager et contrôler. Les studia generalia se trouvent bien, de manière complexe et parfois contestée, au coeur de l’Église.

Jean-Louis Brugès : Une Université catholique

En quoi une université est-elle vraiment catholique ? Quelle est sa spécificité et sa mission ? La réflexion se développe à partir des premiers mots « Ex corde Ecclesiae » de la Constitution Apostolique sur les Universités Catholiques et reprend l’interrogation de Benoît XVI : « La foi est-elle “tangible” dans nos Universités ? »

Philippe Curbelié : La spécificité des Facultés de théologie

L’inscription des Facultés de théologie dans les paysages universitaires connaît des fortunes diverses. Cette variété, aisément constatable selon les pays, ne doit pas occulter une spécificité qu’elles tiennent non seulement de la mission que leur confie le Saint-Siège mais qui leur est aussi rappelée, en creux ou ouvertement, par les autres disciplines universitaires avec lesquelles elles collaborent tant dans le domaine de la recherche que dans celui de l’enseignement.

Dossier: Blasphème et sacrilège

Gérard Pelletier : Une loi sur le sacrilège ? Le débat français de 1825

Que peut nous apprendre le débat des parlementaires à l’occasion du vote de la loi sur le sacrilège de 1825 ? La situation a changé, mais c’est une étape instructive de la réflexion sur un équilibre délicat, sachant que la pluralité religieuse actuelle, sans commune mesure avec celle de la France d’alors, nous place devant une tout autre situation.

Olivier Boulnois : Image et blasphème

Pourquoi l’image chrétienne est-elle particulièrement visée par le blasphème, qui revient aujourd’hui sur le devant de la scène ? Pour comprendre ce phénomène, il faut rappeler que le christianisme a particulièrement capté la dimension visuelle, à la différence des autres monothéismes. Il épouse ainsi les vicissitudes de l’histoire de l’art, et s’expose aux risques de détournement, d’outrage et de banalisation. « Là où gît le péril naît aussi ce qui sauve. » 

Philippe Portier : La controverse sur le « droit au blasphème » en France

Depuis que le blasphème ne tombe plus sous le coup de la loi, chacun peut dénoncer librement la croyance de son semblable dès lors que sa parole ne porte pas atteinte à la dignité de sa personne. Mais l’atteinte aux croyances n’induit-elle pas nécessairement l’atteinte aux personnes ? C’est bien autour de la question des limites de l’autonomie que s’agence aujourd’hui le principal de nos disputes civiques.

L'avenir de l'Université

Que Votre Grâce, qui jouit de la faveur divine, sache qu’en accord avec nos conseillers nous avons estimé utile que les évêchés et les monastères soumis, par la grâce du Christ, à notre gouvernement, soient tenus d’offrir, outre l’observance de notifi cation, la règle monastique et la pratique de la sainte religion, l’instruction, y compris dans les lettres profanes, à ceux qui, grâce à Dieu, ont le talent d’apprendre, chacun selon ses capacités. Charlemagne, Mandement sur l’instruction, éd. G. Pertz, Monumenta Germaniae Historica,  Leges I, Hanovre, 1835, p. 52.

Cette « universitas », que j’ai vécue alors, de professeurs et d’étudiants qui ensemble cherchent la vérité dans tous les savoirs, ou, comme aurait dit Alphonse X le Sage, cette « union de maîtres et d’étudiants avec la volonté et l’objectif d’apprendre les savoirs » (Siete partidas, partida II, tit. XXXI) rend clair le projet jusqu’à la définition de l’Université. Benoît XVI, Discours aux jeunes universitaires, Madrid, 19 août 2011.

 

« Alors que l’enseignement supérieur, quelles que soient ses formes, est maintenant polarisé par l’extrême spécialisation et l’extrême professionnalisation, bien compréhensibles dans le contexte scientifi que, d’une part, et économique, de l’autre, les élites perçoivent qu’il se forme un grave défi cit quant à la recherche de sens, la prise en compte des valeurs humanistes et religieuses, et tout simplement la réfl exion désintéressée que la validation de toute activité compromet. Or, ce sont des approches qui font partie de la tradition universitaire dans sa recherche de sagesse. 

L’avenir de l’Université serait donc d’accepter de remplir, en le renouvelant, en l’adaptant et surtout en le valorisant, ce rôle d’un au-delà de l’utilitarisme. Mais, toutes les évolutions récentes, au sein même de l’Université, là aussi explicables par le souci de la concurrence, des classements nationaux ou mondiaux des établissements sur des critères quantitatifs, de la préparation la plus adéquate possible à la réussite matérielle, vont à l’opposé de cette préoccupation. 

D’où la nécessité et l’urgence d’une redéfinition d’une idée de l’Université, qui, sans souci passéiste, proposerait explicitement un autre modèle que celui qui semble s’être imposé. La contribution des chrétiens pourrait y être naturelle et essentielle, et la réflexion de Communio un début de tentative. » 

C’est par ces indications que Guy Bedouelle définissait les ambitions du présent cahier. Elles en fondent l’architecture : il s’agit bien en effet tout d’abord de viser l’universel, de poser l’universalité de l’Université et d’en  [...]

 

 

 

Dossier: Blasphème et sacrilège

Gérard Pelletier : Une loi sur le sacrilège ? Le débat français de 1825

Que peut nous apprendre le débat des parlementaires à l’occasion du vote de la loi sur le sacrilège de 1825 ? La situation a changé, mais c’est une étape instructive de la réflexion sur un équilibre délicat, sachant que la pluralité religieuse actuelle, sans commune mesure avec celle de la France d’alors, nous place devant une tout autre situation.

Olivier Boulnois : Image et blasphème

Pourquoi l’image chrétienne est-elle particulièrement visée par le blasphème, qui revient aujourd’hui sur le devant de la scène ? Pour comprendre ce phénomène, il faut rappeler que le christianisme a particulièrement capté la dimension visuelle, à la différence des autres monothéismes. Il épouse ainsi les vicissitudes de l’histoire de l’art, et s’expose aux risques de détournement, d’outrage et de banalisation. « Là où gît le péril naît aussi ce qui sauve. » 

Philippe Portier : La controverse sur le « droit au blasphème » en France

Depuis que le blasphème ne tombe plus sous le coup de la loi, chacun peut dénoncer librement la croyance de son semblable dès lors que sa parole ne porte pas atteinte à la dignité de sa personne. Mais l’atteinte aux croyances n’induit-elle pas nécessairement l’atteinte aux personnes ? C’est bien autour de la question des limites de l’autonomie que s’agence aujourd’hui le principal de nos disputes civiques.


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