L'Écriture sainte est fondamentale au christianisme. Elle n'en est pas pour autant l'unique fondement: la parole de Dieu se trouve à l'origine, réalité vivante, dans sa réception, et par sa transmission. Elle inclut et dépasse les saintes Écritures. car la lettre n'épuise pas l'Esprit qui vivifie et qui parle aux Églises.
Le thème international retenu depuis longtemps pour ce cahier mérite d’être précisé : il s’agit du fondamentalisme chrétien, c’est-à-dire d’une attitude doctrinale s’appuyant sur l’interprétation littérale et hors de toute critique historique de l’Écriture ou d’autres textes « fondamentaux ». On a pu définir cette position comme « un certain type de réaction religieuse contre toute forme de modernité ». Depuis une décennie, le terme a été étendu pour désigner des attitudes comparables, mais toutefois différentes, dans d’autres religions que le christianisme, en particulier dans le judaïsme et dans l’islam. Communio n’entend pas aborder cet ensemble mal défini et dont la terminologie est loin d’être fixée. Les événements du 11 septembre 2001 ont mis au premier rang de l’actualité certaines formes de « fondamentalisme » (d’« intégrisme »). Souhaitant prendre du recul et le temps de la réflexion, sans pour autant se dérober au besoin d’analyser et de comprendre, Communio proposera dans son prochain numéro sous la forme d’un
dossier des éléments pour une approche catholique du phénomène.
Éditorial : Jean-Robert Armogathe : Une Parole dans l’histoire
Thème : Au-delà du fondamentalisme
Peter Henrici : Y a-t-il un fondamentalisme catholique ?
Le catholicisme n’est pas et ne saurait être fondamentalisme. Bien qu’il partage des croyances communes avec le fondamentalisme protestant, il s’en sépare radicalement à cause de sa méthode de lecture de la Bible et à cause du fondement de sa foi en la personne du Christ. Le christianisme n’est pas une religion du Livre, mais du Dieu vivant agissant dans l’histoire. La présence de telle ou telle tendance littéraliste ou fondamentaliste dans certains courants contemporains signale une crainte anti-moderne ; elle ne justifie en rien d’user sans discernement d’un terme employé souvent de façon floue et surtout injurieuse.
William L. Portier : Le fondamentalisme aux États-Unis : un anti-modernisme moderne
Cerné en son origine historique, que fut le fondamentalisme américain ? Comment, tout au long du XXe siècle, a-t-il marqué, et comment marque-t-il encore l’Amérique ? C’est en saisissant son rapport ambigu au statut de la liberté religieuse qu’il est possible de comprendre pourquoi il demeure une force toujours présente aux États-Unis.
G. van Rossem : Logos et mythe, fondamentalisme et symbolisme
Les deux voies d’accès à la vérité que sont le logos et le mythe sont-elles aussi contradictoires qu’en témoigne à l’époque moderne l’opposition entre modernisme et fondamentalisme? À la synthèse blondélienne qui fait de la tradition une médiation entre histoire et dogme, le Père de Lubac donne sa pleine signification théologique : puisant aux sources patristiques, il centre sa lecture de l’Écriture sur une perception christocentrique de l’histoire du salut, méditée et vécue dans la tradition vivante de l’Église, corps du Christ.
Ian Ker : La prophétie de Newman
Historien des conciles, théologien du développement du dogme, Newman ne fut nullement étonné du déroulement de Vatican I. Affronté à des interprétations abusives de la définition de l’infaillibilité pontificale, il ne douta jamais qu’une réception équilibrée du concile finirait par s’établir. Sa théologie du développement du dogme n’est pas une théorie du changement, mais de la permanence vivante de la vérité : pour nous, après Vatican II, elle ouvre des perspectives sereines de réception de ce dernier concile en continuité avec toute l’histoire de l’Église.
Avery Dulles : Tradition : l’authentique et l’inauthentique
Par quels critères déterminer ce qui relève de la Tradition ou des traditions ? De Trente à Vatican II, de Bellarmin, Blondel ou Congar à Paul VI, une ligne de réponse ferme se dégage : une doctrine qui relève de la Tradition s’origine dans les Écritures, renforce la foi et la ferveur des fidèles, se reconnaît à ce qu’elle est reçue comme partie du dépôt de la foi, et, si besoin est, se voit confirmée par le magistère.
Signets
Wolfhart Pannenberg : La foi en un Dieu créateur et les récents développements de la cosmologie
Créé par Dieu, le monde possède une unité. Cosmologie, philosophie et théologie se rejoignent ainsi dans la réalité désignée par le concept de monde. A la théologie de nous faire comprendre que la création du monde par Dieu « au commencement » doit être pensée à la fois comme inauguration radicale, et comme création continuée. L’apparition de formes nouvelles par le moyen d’anciennes n’empêche nullement Dieu d’en être le Créateur immédiat. Le « souffle » qui désigne dans la Bible l’Esprit de Dieu s’accorde aujourd’hui avec le concept cosmologique de « champ ». Il s’agit de plus que d’une métaphore. À toutes les époques, la théologie et la cosmologie s’efforcent d’entre-exprimer la réalité de la création.
Bernard de Lanversin : La personne humaine entre « Droit romain » et «Common Law»
Une évolution juridique récente s’est produite en Droit international et elle comporte des dangers. L’usage prédominant de techniques et d’idéologies relevant de la «Common Law» affecte l’édifice juridique issu du Droit romain qui culminait dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Jugeant sur l’apparence, c’est-à-dire en fait sur l’opinion sociale, adoptant une attitude transactionnelle invoquée comme un remède pour répondre aux pressions les plus diverses, cette tendance nouvelle menace en fait l’idée même de Droits de l’homme et celle de personne humaine.
Guy Bedouelle : Antonio Vieira, jésuite et prophète
Le célèbre cinéaste portugais Manoël de Oliveira a réalisé un film aussi beau qu’étonnant sur un maître de la langue portugaise, Antonio Vieira, jésuite missionnaire, défenseur des droits des Indiens et des Noirs, homme politique et visionnaire millénariste. À sujet extraordinaire, oeuvre extraordinaire..
Une parole dans l'histoire
Jean-Robert Armogathe
L’essence même du christianisme semble fournir au fondamentalisme chrétien des éléments de validité. Le christianisme n’est-il pas l’accomplissement d’une promesse du passé ? Le sens du salut en Jésus-Christ est éclairé par l’annonce prophétique des textes bibliques. Il ne s’agit pas seulement de préserver les enseignements du fondateur : il s’agit de constater que l’originalité de ces enseignements repose sur l’attente messianique à laquelle ils répondent, et qui en valide l’authenticité. Les prophéties de l’Ancien Testament anticipent le message du Nouveau : « la plus grande des preuves de Jésus-Christ sont les prophéties » (Pascal, Pensées, Lafuma, 335). Il ne s’agit pourtant pas de fondamentalisme. Le christianisme repose sur une réception organique et active : les textes de l’Écriture sainte, le canon des Écritures recueillies et transmises. La constitution dogmatique Dei Verbum, au second Concile du Vatican, le dit très clairement :
« Le Christ Seigneur, en qui s’achève toute la Révélation du Dieu très haut, ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l’Évangile d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses apôtres de le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale en leur communiquant les dons divins » (§ 7). [...]
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Wolfhart Pannenberg : La foi en un Dieu créateur et les récents développements de la cosmologie
Créé par Dieu, le monde possède une unité. Cosmologie, philosophie et théologie se rejoignent ainsi dans la réalité désignée par le concept de monde. A la théologie de nous faire comprendre que la création du monde par Dieu « au commencement » doit être pensée à la fois comme inauguration radicale, et comme création continuée. L’apparition de formes nouvelles par le moyen d’anciennes n’empêche nullement Dieu d’en être le Créateur immédiat. Le « souffle » qui désigne dans la Bible l’Esprit de Dieu s’accorde aujourd’hui avec le concept cosmologique de « champ ». Il s’agit de plus que d’une métaphore. À toutes les époques, la théologie et la cosmologie s’efforcent d’entre-exprimer la réalité de la création.
Bernard de Lanversin : La personne humaine entre « Droit romain » et «Common Law»
Une évolution juridique récente s’est produite en Droit international et elle comporte des dangers. L’usage prédominant de techniques et d’idéologies relevant de la «Common Law» affecte l’édifice juridique issu du Droit romain qui culminait dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Jugeant sur l’apparence, c’est-à-dire en fait sur l’opinion sociale, adoptant une attitude transactionnelle invoquée comme un remède pour répondre aux pressions les plus diverses, cette tendance nouvelle menace en fait l’idée même de Droits de l’homme et celle de personne humaine.
Guy Bedouelle : Antonio Vieira, jésuite et prophète
Le célèbre cinéaste portugais Manoël de Oliveira a réalisé un film aussi beau qu’étonnant sur un maître de la langue portugaise, Antonio Vieira, jésuite missionnaire, défenseur des droits des Indiens et des Noirs, homme politique et visionnaire millénariste. À sujet extraordinaire, oeuvre extraordinaire..
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