C.S. LEWIS, "surpris par la joie"

La joie : un désir insatisfait plus désirable que toute satisfaction.

 La première page, 73, est jointe.

L 'ANGLETERRE est une île, comme on l'a si bien dit, et les auteurs qui y sont le plus connus ont bien du mal souvent à traverser la Manche. C'est ainsi que l'ami de Tolkien, C.S. Lewis [[C.S. Lewis, 1898-1963. Fellow de Magdalen College à Oxford de 1925 à 1954, puis professeur de littérature du Moyen Age et de la Renaissance à Cambridge jusqu'à sa mort. Parmi ses travaux d'histoire littéraire, signalons The allegory of love, Preface to Paradise Lost, The discarded image (Oxford University Press). (Sur J.R.R. Tolkien, rappelons l'article de John S. Maddux, « Tolkien : du bon usage des autres mondes", dans Communio, VI, 5, septembre-octobre 1981, 41-52. – N.d.l.R.).]], célèbre dans tous les pays de langue anglaise, est encore très peu connu en France, malgré un certain nombre de traductions. C'est pourtant un écrivain excellent et un chrétien dont la vigueur est singulière, et dont l'œuvre est bien propre à nourrir l'âme et l'esprit. Lorsqu'on parle de lui, on le présente souvent comme un « théologien laïc », expression doublement ambiguë en français et qui ne le désigne que très approximativement. Certes c'est un laïc, un universitaire, un « scholar » de premier ordre ; certes il a un souci central, qu'on peut appeler théologique faute de mieux, et qui serait plutôt apologétique : devenu chrétien après une longue incroyance, il s'est en effet donné pour tâche la défense et l'illustration de ce qu'il appelait Mere Christianity [[Le propos délibéré de définir l'essence du christianisme, et le refus d'entrer dans les querelles confessionnelles ou théologiques, sans aucunement juger les distinctions insignifiantes, sont très bien exprimés dans l'avant-propos donné en 1950 par Lewis à l'édition française du Problème de la souffrance.]], le christianisme pur et simple, ou l'essence du christianisme. Et il réussit si bien dans cette entreprise faussement simple que cet anglican parle au coeur de tout chrétien.

Mais ces formules ne donnent qu'une faible idée d'une œuvre dont la richesse et la diversité étonnent. Rares sont ceux qui réussissent également dans des domaines aussi différents : histoire et critique littéraires, réflexion sur le langage, poèmes, essais, polémiques, méditations, et même sermons ; mais aussi science-fiction, théologie-fiction [[Dans ce domaine, Tactique du diable est le plus connu de ses livres. Signalons une nouvelle édition française, parue en 1980 aux éditions Brunnen Verlag, Bâle – distribué en France par les éditions du Chalet. (Signalons également que la trilogie dans laquelle C.S. Lewis utilise le genre littéraire de la « science-fiction", Le silence de la terre, Voyage à Venus, Cette hideuse puissance, vient d'être rééditée aux éditions Oswald, à Paris ; les deux premiers volumes pour les enfants – Lewis en écrivit sept – Le lion et la sorcière blanche et Prince Caspian ont été traduits chez Hachette, Paris) (N.d.l.R.).]], récits pour enfants, sans compter (p.73) deux remarquables autobiographies intellectuelles et une correspondance immense et substantielle, et encore une réinterprétation du mythe de Psyché qui est peut-être son plus beau livre.

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