Le « tombeau vide »

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avis d'un profane en matière d'exégèse

L'exégèse jugée par le bon sens.

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LE profane ne comprend pas les subtilités des exégètes. Supposons que ceux-ci ne contestent pas le fait que Jésus a été enseveli - fait que le « plus ancien Credo» (1 Corinthiens 15, 4) atteste solennellement -, et que d'autre part ils considèrent que le témoignage commun des quatre évangélistes sur le tombeau vide n'est pas historiquement contrôlable, et donc insuffisant (le récit sur les gardes installés autour du tombeau le serait encore plus, puisque « apologétique »): que leur reste-t-il d'autre alors à faire, si ce n'est admettre (là aussi, bien sûr, comme hypothèse) que lé tombeau était « plein » ? Mais comment les disciples auraient-ils pu annoncer à tout le peuple la Résurrection corporelle de Jésus, alors qu'il aurait suffi, pour les réfuter, des les renvoyer à ce « tombeau plein » ? C'est bien pourquoi (à ce qu'il semble au profane) le mot du Credo : « Il a été enseveli » ne contient pas seulement la confession explicite de la Résurrection qui suit (dans le même verset), mais aussi la confession explicite du tombeau ouvert et vide. Et c'est aussi pourquoi le fait qu'on ait soupçonné les disciples d'avoir dérobé le cadavre, malgré toutes les préoccupations « apologétiques » qu'on voudra y voir, n'est pas si invraisemblable. Certes, il faut prendre tout à fait au sérieux le fait, si nettement souligné, que ce n'est pas le tombeau ouvert et vide qui a, comme tel, mené les disciples à la foi en la Résurrection ; d'ailleurs rien ne parle plus éloquemment en faveur du fait que le tombeau était vraiment vide. Savoir si c'est la « révélation » par l'ange au tombeau ou seulement l'apparition de Jésus dans le cercle des disciples qui a apporté la solution de l'angoissante énigme du tombeau vide, c'est une question que l'on peut à bon droit réserver ; ce qui est évident, c'est qu'une « révélation », de quelque nature qu'elle ait été, était nécessaire, pour éveiller la foi pascale ; une révélation que les quatre évangélistes présentent chacun à sa manière. Voilà ce que la façon naturelle dont la foi chrétienne se comprend, semble suggérer, et un profane en matière d'exégèse se sent obligé de regretter les scrupules des savants qui croient devoir mettre entre parenthèses ces données du sens commun pour soumettre le pont formé par les mots qui les supposent à leurs expériences de résistance des matériaux.