Le fruit de la prière du pape

Jean-Marie Lustiger à Paris œuvra avec une conscience aigüe des enjeux de sa mission pour les fidèles qui lui étaient confiés, mais il ne cessa également de s'adresser à ses concitoyens, soucieux des grands débats culturels qui traversent la société, sans oublier qu'il était aussi pasteur de l'église universelle.

Le 2 février 1981, la nomination par Jean-Paul II de Jean-Marie Lustiger, évêque d’Orléans, comme archevêque de Paris, est publiée. Cette désignation d’un fils de juifs polonais suscite l’étonnement. Le pape ne s’est pas arrêté aux origines de cet évêque et n’a pas vu là un obstacle. Lorsqu’il est venu en France, du 30 mai au 10 juin 1980, Jean-Paul II a pris la mesure de la crise de l’Église dans notre pays et ses observations ont alors rejoint celles qu’avait faites l’abbé Lustiger dans un mémorandum rédigé à la demande du cardinal Marty, en 1979 : pour sortir de la querelle biséculaire entre droite et gauche issue de la Révolution française, l’Église devait, selon lui, renoncer à ses prétentions au pouvoir et réévangéliser la France en se centrant sur la diffusion de la Parole de Dieu, en opérant une conversion culturelle susceptible de convaincre une intelligentsia laïque. Quelles que soient les raisons de la décision pontificale, Mgr Lustiger, surpris par ce choix, le comprit mieux plus tard, quand le secrétaire de Jean-Paul II, Mgr Dziwisz, lui révéla : «Votre nomination est le fruit de la prière du pape¹».

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1.Jean-Marie LUSTIGER, Le choix de Dieu, de Fallois, 1987, p. 398.