Mort de la raison moderne, résurrection du Verbe de Dieu

David L. SCHINDLER
La modernité - et après - n°88 Mars - Avril 1990 - Page n° 76

Dans la foulée de Nietzsche, le «déconstructionnisme» post-moderne d'un Derrida s'attaque au «logocentrisme» — le sens meurt en même temps que Dieu. Le logos qu'on attaque ainsi est celui de la pensée des Lumières. Gardons-nous de le défendre en croyant ressusciter Dieu. Sachons plutôt apprendre du déconstructionnisme même à formuler, dans une logique de l'amour trinitaire et incarné, la foi chrétienne en la création et en un Dieu infini.

Le présent essai traite de problèmes liés aux fondements du sens. Si notre langage n'a pas vraiment un sens, s'il ne signifie pas quelque chose de déterminé et d'intelligible, nous ne pouvons guère passer de là à un examen sérieux des questions liées à la vérité. Et pourtant, c'est justement la présupposition d'un sens, de l'intelligibilité du langage comme signe, que nous ne pouvons plus aujourd'hui prendre comme allant de soi. Dans ce qui suit,  j'essaierai de souligner ce qui me semble avoir été impliqué dans la mort — ou la déconstruction — du sens, et à l'inverse ce qui me semble requis dans tout effort pour le reconstruire.

1. Il peut sembler surprenant — ou au contraire très naturel — qu'un essai dont le titre suggère un lien entre la survie du sens et la survie de Dieu commence par se tourner vers les écrits de Nietzsche. Pourtant, comme nous le verrons, Nietzsche nous met directement en face du problème.

Nietzsche lance une attaque cinglante contre les conventions qui dominaient dans la culture libérale des Lumières en général, et en particulier dans le monde universitaire. On peut dire que cette attaque, sous ses différentes formes et dans ses différentes expressions, porte sur ce que Nietzsche considère comme la petitesse de l'âme moderne : une étroitesse qui, pour lui, n'a d'égale que son caractère superficiel. Pour Nietzsche, nous vivons dans une «période fragile, une période de transition » (Gai Savoir, 377). « Le nihilisme est à notre porte » (Volonté de Puissance, 1). « La glace qui continue à supporter l’homme d'aujourd’hui est devenue très mince le vent du dégel souffle : nous autres les sans-patrie sommes une force qui brise la glace et les autres "réalités" trop minces » (Gai Savoir, 377). [...]

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