Qui est César ? Réponse au P. Chantraine

Alain BESANÇON
La modernité - et après - n°88 Mars - Avril 1990 - Page n° 123

Réponse aux remarques critiques de G. Chantraine, qui suivaient l'article de A. Besançon, « Qui est César?» dans le numéro XIV — 6 (novembre-décembre 1989) de Communio.

Pour répondre le plus brièvement possible au P. Chantraine, je me référerai aux paragraphes successifs de sa lettre auxquels je donne des numéros.

§1. Je ne considère pas comme uniquement politique « l'accom­plissement de sa mission par l'Eglise », qui est de conduire les hommes au salut. Mais cette mission requiert la mise en oeuvre de moyens naturels, comme l'action politique, sous la lumière de vertus naturelles, comme la prudence politique, lesquelles peuvent faire défaut.

§2.  La condamnation du communisme, telle qu'elle s'exprime dans le magistère romain depuis la mort de Pie XII, gagnerait justement, à mon sens, à être «sans réserve» et non pas implicite ou adoucie par des condamnations symétriques en fausse fenêtre. Je n'ai point demandé de « condamner un gouvernement communiste », ce qui n'a pas grand sens, mais de bien comprendre le principe de son action et de son projet. Dans la tradition de l'Eglise, un gouvernement même mauvais demeure légitime tant qu'il préserve l'ordre social naturel — que l'idéologie se propose de détruire. C'est pourquoi Pie XI n'a pas reconnu la légitimité d'un gouvernement communiste et seule une erreur d'appréciation l'a poussé à la reconnaître au gouvernement nazi en signant avec lui un concordat. Ce dernier jugement est, bien sûr, ouvert à discussion.

§3.    Ce paragraphe me paraît sans rapport avec ce que j'ai écrit, mais ne me semble pas contradictoire.

§4.    On trouvera dans mon livre La confusion des langues, et dans le livre du P. Garrigues, L'Eglise, la société libre et le communisme, les exemples et les développements qui manquent dans mon article.

§5.    A propos du mot « dialogue » : je fais précisément la distinction que le P. Chantraine me reproche d'avoir omise.

§6.    Ce paragraphe pose une vraie question et mériterait une réponse méditée et longue, que je ne peux fournir ici.

§7.    Lamennais n'a jamais été libéral. ll a été successivement réactionnaire et progressiste. Le Pape a eu mille fois raison de ne se lier à aucune de ces deux positions. La sociale démocratie au XIXe siècle était pour une part l'aile avancée de la démocratie. L'Eglise n'avait pas à bénir la démocratie, qui en soi n'est pas un régime « meilleur » que les anciens régimes. Mais il eût été probablement politique de s'en accommoder plus tôt qu'elle ne le fit. Le communisme et le nazisme sont en rupture radicale (c'est là mon point) avec la sociale démocratie et avec le corporatisme «fasciste », et c'est de n'avoir pas apprécié exactement cette rupture qui a porté de mauvaises conséquences.

§8.    J'ai hautement loué dans un éditorial de L'Express la « première instruction sur la théologie de la libération» (septembre 1984). Ainsi que la seconde (mai 1986).


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