Père Louis BOUYER
L'âme
-
n°71
Mai - Juin
1987 - Page n° 115
Les tâches que Newman assignait à l'Église du siècle dernier sont aujourd'hui plus urgentes encore : à l'imitation des Pères, ouverture critique au monde, rencontre constructive de l'Évangile et du monde non-chrétien, nécessité de vivre la Bible dans la Tradition. Le christianisme, réalité de vie divine et humaine, suppose sans cesse renouveau et développement, dans l'unité de son mystère, qui est celui du Christ, dont l'Incarnation découvre celui de Dieu en sa Trinité.
Il n'est pas exagéré de dire que Newman n'a été que peu ou pas du tout compris par ses contemporains. Non qu'il y ait eu quoi que ce soit d'obscur dans son langage ou dans son style. Tous ses ouvrages sont au contraire caractérisés par une clarté et une limpidité peu communes, même lorsqu'il traite des problèmes les plus complexes, qu'il s'agisse d'histoire, de philosophie ou de théologie. La difficulté est plutôt qu'il sût discerner, dans le contexte où il écrivait, ce que les autres ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir.
Pour être plus précis, nous pouvons dire qu'il fut l'un des très rares à saisir, en s'écartant de l'optimisme si répandu au XIXe siècle, que la société entrait dans une ère totalement différente, où disparaîtraient même les signes extérieurs d'une culture chrétienne. Empressons-nous de souligner ici que cet optimisme ne se trouvait pas que chez les chrétiens dans leur grande majorité, mais aussi parmi ceux qui se considéraient déjà comme « post-chrétiens », comme on dirait aujourd'hui. A cet égard, l'attitude de George Eliot1 (un des auteurs préférés de Newman) est exemplaire : elle était persuadée que rien n'était [...]
Pour lire la suite de cet article, vous pouvez télécharger gratuitement ce numéro, acheter la version papier ou vous abonner pour recevoir tous les numéros!
* Le texte publié ici est la traduction de l'Introduction d'un livre écrit en anglais par le P. Bouyer et publié à San Francisco (U.S.A.) en 1986 par Ignatius Press sous le titre : Newman's Vision of Faith. Nous remercions l'auteur et l'éditeur d'autoriser cette publication. Toutes les notes sont du traducteur.
John Henry Newman (1801-1890) étudia, enseigna et prêcha à Oxford. Il y devint un des leaders du « Mouvement tractarien » (1833-1841), et tomba en disgrâce auprès de l'Université et des évêques anglicans. Il fut reçu dans l'Église catholique en 1846 et ordonné prêtre l'année suivante. Il fonda la première communauté anglaise de l'Oratoire en 1848. Léon XIII le créa cardinal en 1879. Le livre de référence sur Newman demeure celui du P. Bouyer (dont l'itinéraire ressemble à celui du converti anglais) : Newman, sa vie, sa spiritualité, Cerf, Paris, 1952.
1. George Eliot (1819-1880) est une romancière, journaliste et poétesse anglaise. Elle avait adopté un athéisme rationaliste, mais considérant que le salut réside dans l'amour et le dévouement.
Titre | Prix HT € | TVA % | Prix TTC | Action |
---|---|---|---|---|
L'âme - Actualité de Newman - pdf | Gratuit pour tout le monde | Télécharger | ||
L'âme - pdf | Gratuit pour tout le monde | Télécharger |