Georges Chantraine, biographe d’Henri de Lubac

Tout prédisposait Georges Chantraine à devenir le biographe d’Henri de Lubac : une amitié ancienne et de plus en plus étroite, contractée dès l’âge de 28 ans, une affinité d’intérêts, voire de tempéraments, une attention vigilante aux écrits du théologien, lus et suivis avec passion. Dès l’année 1954-1955, il suit un cours de théodicée dont le professeur recommande la lecture du livre De la connaissance de Dieu (3e édition, 1948). La lecture du premier tome d’Exégèse médiévale est ensuite l’occasion d’un premier contact épistolaire, aussitôt accueilli avec chaleur, (« poste pour poste ») dès 1961 2. La publication de la thèse d’histoire de Georges Chantraine 3, onze ans plus tard, est préfacée par le Père de Lubac qui admire le choix judicieux des deux ouvrages analysés – avant « les grandes controverses qui vont bientôt surgir, d’une part avec Luther, d’autre part avec un certain nombre de scolastiques irréductibles et d’humanistes paganisants » 4. La thèse illustre un thème progressivement mis à jour par les travaux scientifiques contemporains : le caractère théologique de l’oeuvre d’Érasme. Henri de Lubac est particulièrement attentif à ce (p.120)  point qui rejoint aussi ses propres préoccupations. Écoutons-le situer Érasme dans les débats théologiques de son temps [...]

1. Nous adressons nos vifs remerciements pour leur relecture au P. Thierry Dejond, ainsi qu’à MM. Jacques de Larosière et Jean Duchesne.

2. Georges CHANTRAINE : « Esquisse biographique », dans l’ouvrage publié en hommage au cardinalat, H.U. von Balthasar et G. Chantraine, Le Cardinal de Lubac, l’homme et son oeuvre, Lethielleux, Le Sycomore, Paris – Namur, 1983, p. 30.

3. « Mystère » et « philosophie du Christ » selon Érasme, Étude de la lettre à P. Volz et de la « Ratio verae theologiae » (1518), Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de Namur, 1971.

4. Préface à « Mystère » et « philosophie du Christ », op. cit., p. VIII.