Possibilités et limites d’une christologie « a priori » – Hans Urs von Balthasar lecteur de Karl Barth

Il semble que la christologie proposée par Karl Barth soit fondée sur un a priori spéculatif. Balthasar, qui refuse de remonter de la christologie réalisée à une christologie a priori montre que la régulation analogique permet de lire Barth au-delà de cette limite. L’analogie reçue en doctrine catholique pose que, quelleque soit la ressemblance entre le créateur et la créature, la dissemblance est toujours plus grande encore.

Introduction Qu’est-ce qu’une « christologie a priori » ?

La monographie que Hans Urs von Balthasar a consacrée à Karl Barth est assurément l’un des ouvrages les plus intéressants, voire les plus fascinants de la littérature théologique contemporaine. On y trouve exposée une méthodologie de la théologie oecuménique dont la force hospitalière permet à l’oeuvre analysée de se déployer selon son génie propre : « C’est seulement lorsque nous serons sûrs de ce que l’autre aura voulu dire et de la  manière dont il l’aura conçu, autrement dit c’est seulement lorsque nous maîtriserons cette langue étrangère, que nous pourrons attendre quelque chose de fructueux d’un dialogue ». Que Balthasar considère cette oeuvre comme une Fremdsprache n’en oblige que davantage l’interprète critique. L’analogie retenue – une oeuvre en langue étrangère – est à la mesure de la grande oeuvre que Balthasar voulait honorer et dont il a tant reçu pour la constitution de sa christologie de la « Figure », version balthasarienne du concretissimum barthien. Pourtant, l’empathie dont témoigne Balthasar à l’endroit de cette oeuvre hors du commun ne saurait vaincre l’impression que s’y dissimule un résidu de transcendantalisme, dont Barth ne parviendrait guère à se dégager.

Je me suis intéressé à deux points fondamentaux. Le premier concerne précisément ce que Balthasar appelle la « christologie a priori » et les raisons pour lesquelles il assimile la christologie barthienne à une forme non totalement expurgée de « transcendantalisme » ; le second touche à l’effort qui consiste à réintégrer l’actualisme de Barth dans  la question fondamentale de l’analogie, telle une contribution singulière au dit problème. [...]

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