La raison théologique à l’université – À l’école de J.H. Newman

Père Philippe CAPELLE-DUMONT
Éduquer à la liberté - n°254 Novembre - Décembre 2017 - Page n° 105

Faut-il enseigner la théologie à l’Université ? Entre laïcisme et intégrisme, l’auteur propose une troisième voie, celle de la raison, empruntant à Newman (L’idée d’Université) ses principaux arguments : science rationnelle, nécessaire au dialogue interdisciplinaire, la théologie est philosophiquement indispensable à une régulation des savoirs.

 

La présente étude a pour objet de manifester, en retrait des slogans médiatiques et socio-politiques contextuels, l’intérêt structurel que représentent l’enseignement et la recherche théologique dans l’Université. On laissera de côté les arguties contradictoires, commodes ou niaises telles que : « L’enseignement de la théologie permet de connaître les diverses traditions culturelles » ou bien : « Les données religieuses relèvent de la sphère privée », pour
rejoindre le fond du problème et sa longue chaîne de difficultés. La première d’entre elles semblerait, aux yeux de certains, concerner l’impossible rapport entre la revendication de savoirs expérimentés d’une part et ce qui apparaît comme une obéissance servile à une réalité invisible d’autre part. Mais l’on vient de relever ici le degré zéro du problème. Pour tenter de dépasser les oppositions sommaires d’un laïcisme qui n’est que laïcité dévoyée, et d’un intégrisme fondamentaliste qui n’est que caricature théologique, nous ferons droit, chemin faisant, dans l’inspiration du cardinal John-Henry Newman, à quatre types de problématiques distinctes et conjointes.

1. La théologie comme science rationnelle

La théologie procède de l’une des quatre rationalités qui déterminent l’univers du pensable, avec la raison philosophique, la raison scientifique et la raison esthétique. Comme telle, elle se livre dans l’universalité à même l’historicité. 

Sa spécificité, dans ce jeu rationnel, n’apparaît que si l’on prête attention aux lois de son émergence historique et à ses métamorphoses successives. En effet, si le lexème theologia a été forgé par Platon dans la République (Livre II, 379c) en tant que discours (critique) sur le dieu, son usage grec connaîtra une extension de sens dont le stoïcisme est l’une des plus fortes expressions philosophiques. Mais, la théologie étant tenue pour une discipline de païens à l’aube du christianisme, saint Augustin se revendiquera d’abord philosophe, tout comme, avant lui, saint Justin ou saint Jean Chrysostome. Il faudra attendre le Ve siècle avec D enys le Pseudo-Aréopagite, puis Boèce au VIIe siècle mais surtout Abélard au XIIe siècle pour que la « théologie », subvertie par l’intelligence de la foi, occupe comme discipline une place éminente à l’intérieur du christianisme et instruise son expression rationnelle. Elle décline alors ce qu’elle est encore aujourd’hui : une science critique et systématique portant sur la Révélation biblique, son inspiration propre, sa tradition, ses effets ecclésiaux et sociaux [...]
 

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1 Conférence donnée à l’université du Luxembourg le 11 septembre 2017 à l’invitation du Département « Luxembourg School of Religion and Society ».


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