Plus que jamais, dans une société où la liberté consiste à faire tout ce qu’on veut, les chrétiens doivent apprendre la vraie liberté. « C’est pour notre liberté que le Christ nous a libérés », dit saint Paul. Mais nous faisons tous l’expérience de la faute. Il nous faut donc apprendre à orienter notre liberté de choix vers l’ordre de l’amour. La liberté chrétienne grandit en effet grâce à la miséricorde du Père, pour s’accomplir dans l’obéissance absolue du Christ. L’éducation à la liberté des fils de Dieu implique un apprentissage du discernement pour que nous sachions choisir le meilleur. Elle ne peut se résumer à une simple soumission à la loi mais se réalise dans la recherche de la vérité.
Sur le même thème, vous trouverez aussi: Liberté et responsabilité (2008) et L'éducation chrétienne (1979).
Éditorial Olivier Boulnois: Le chemin et la vie
Thème : Éduquer à la liberté
Jean-Pierre Batut : « Car tout est possible à Dieu » (Marc 10,27) – Gradualité et conversion selon Jean-Marie Lustiger
En 1982, le cardinal Jean-Marie Lustiger publiait dans l’Osservatore Romano, une méditation sur la loi de gradualité. Il y montrait avec force que celle-ci n’est pas une gradualité de loi ou une morale de l’idéal, mais une pédagogie divine, pascale, rendant caduques nos pédagogies trop humaines, et invitant l’Église à une perpétuelle conversion.
Hermann Geißler : « La conscience est le premier vicaire du Christ » – Un aperçu de la doctrine de Newman sur la conscience
Pour J. H. Newman, écouter sa conscience ne signifie pas faire ce que l’on veut, mais chercher à entendre au plus profond de nous‑même la voix de notre Créateur. Cette découverte est intimement liée à celle de la vérité. Il devient alors impératif pour celui qui la perçoit d’obéir à ses exigences et d’agir en conséquence. La conversion à Dieu n’est donc pas, comme on a pu le reprocher à Newman, une question de sentiment, mais de recherche de la vérité.
Henry Donneaud : Liberté et obéissance dans les communautés nouvelles
Le voeu d’obéissance des religieux est conçu comme un chemin de libération du péché et un accomplissement de leur liberté dans la volonté de Dieu. Pourtant, ce chemin de libération chrétienne peut devenir occasion de déviations et de perversions qui, loin de libérer les personnes, les aliènent et les blessent en profondeur. Un défaut d’expérience et d’enracinement dans la tradition de l’Église a pu conduire à ces extrémités certaines communautés nouvelles, comme par exemple la Communauté de La Sainte-Croix, dissoute en 1984.
Béatrice Guillon : « Dix ans après » : la liberté à l’épreuve de la maturité
Si l’éducation à la liberté est souvent reconnue comme un enjeu majeur de la formation de la jeunesse, il n’en demeure pas moins vrai que la liberté est un apprentissage qui concerne tous les âges de la vie. La phénoménologie de la liberté qu’a énoncée Albert Chapelle, fruit de son expérience et de sa réflexion sur les Exercices Spirituels de saint Ignace, souligne la spécificité de la liberté chrétienne, celle des Fils de Dieu qui, dans l’expérience de la miséricorde divine, s’éprouve dans sa carence originelle tout en advenant à elle-même en plénitude pour se trouver chez elle en Dieu.
Dominique Struyf & Bernard Pottier : L’intervention thérapeutique ou psychologique éduque-t-elle à la liberté ?
Les maladies psychiques des groupes (dysfonctionnements relationnels) ou des individus diminuent la liberté des personnes. Le psychothérapeute vise la restauration d’une capacité formelle de liberté, sans prendre position sur son orientation subséquente vers tel ou tel but. En cela, il diffère du pédagogue. Par ailleurs, le psychothérapeute peut observer que les transformations de notre société entraînent des modifications de l’idée du désirable, et donc également des variations dans les comportements qualifiés de normaux ou pathologiques.
Émilie Tardivel : Les conditions de la liberté –Kant contre Kant
À partir d’une lecture croisée des Propos de pédagogie et de la Critique de la raison pratique de Kant, est montré le privilège de l’expérience éducative sur toute doctrine morale systématique pour parvenir à une conception authentique de la liberté dans son rapport à la loi morale, qui n’est pas d’abord un fait de la raison, mais le fait d’un don. Est abordée conjointement la question des modalités de notre moralisation, c’est-à-dire de la conversion de notre liberté en liberté pour le bien commun.
Silvio Guerra : L’école de la liberté
Au-delà des débats sur le rôle des savoirs et des méthodes à l’école, Silvio Guerra s’appuie sur son expérience d’enseignant et d’éducateur pour comprendre certains enjeux de la crise que traverse l’école. Il lui paraît urgent de retrouver le sens authentique de l’enseignement.
Jean-Noël Dumont : Liberté dans l’école
L’école éduque si elle instruit. Sans feintes, l’exigence de la vérité attire une liberté. Le professeur, lui-même soumis à cette exigence, donne à la liberté de l’élève tout son sérieux. La quête de vérité peut alors être reconduite à sa source absolue.
Philippe Capelle-Dumont : La raison théologique à l’Université – À l’école de J.H. Newman
Faut-il enseigner la théologie à l’Université ? Entre laïcisme et intégrisme, l’auteur propose une troisième voie, celle de la raison, empruntant à Newman (L’idée d’Université) ses principaux arguments : science rationnelle, nécessaire au dialogue interdisciplinaire, la théologie est philosophiquement indispensable à une régulation des savoirs.
Élisabeth Abbal : Pour une approche théologique de l’inscription de la paroisse dans le territoire
Sous l’effet du manque de prêtres et de la raréfaction des fidèles, la paroisse traditionnelle ne cesse d’évoluer. Regroupements, création de paroisses nouvelles, créations de pôles de vie ecclésiale à fort pouvoir d’attraction, quelle que soit la formule retenue par les diocèses de France, on ne peut oublier que la paroisse est fondée sur une réalité théologique car c’est une communauté eucharistique, ni disqualifier le sens ecclésiologique de l’organisation territoriale de l’Église. L’enjeu est la transmission de la foi. Celle-ci dépend autant du curé que des fidèles laïcs.
Le chemin et la vie
Olivier Boulnois
« Prends garde de ne pas boire de vin quand tu es encore un nourrisson. Toute doctrine a sa mesure, son temps et son âge » Luther, Préface à l’Épître de Paul aux Romains, 1522, (œuvres, t. 63, p. 35 ; trad. fr. P. Hickel, Œuvres I, Pléiade, Paris, 1999, p. 1068).
« L’appel de Notre Seigneur […] nous rend désireuses de […] former des êtres libres : libres pour servir la cité et l’Église, libres pour s’engager intellectuellement, penser et choisir en conscience et non par idées toutes faites, libres aussi pour passer les frontières » Marguerite Léna, « Consacrées dans une mission éducative », in L’Éducation, une promesse à tenir, Parole et Silence, 2014, p.72.
« Je suis le chemin, la vérité et la vie de Jean (14, 6) », dit le Christ, dans l’Évangile. Cette parole est fondamentale. Jésus répond à la question de Thomas : « Nous ne savons pas où tu vas, comment pouvons-nous connaître le chemin ? » (14, 5). Il nous invite donc à méditer sur ce qui fut incompréhensible pour les premiers disciples, et qui le reste encore pour nous. Le chrétien s’éprouve comme un vagabond qui marche dans un clair-obscur, il suit le Christ sans savoir où Il le mène. Mais dans cette fidélité même, il lui faut découvrir qu’il connaît déjà le chemin : « Ils savaient donc ces choses, mais ils ignoraient qu’ils le savaient », dit Augustin1. Il lui faut apprendre qu’en suivant le Christ, il suit le chemin, même s’il ne sait pas où Il le conduit. Le Christ n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit, pas seulement une fin extérieure, mais la vie qui l’anime intérieurement : « Nul ne va vers le Père, sinon par moi » (14, 6).
L’identité du Christ à Dieu et de Dieu à la Vérité sans déclin est au cœur de la théologie chrétienne. Cette Vérité est l’accomplissement de tous les désirs des hommes. Elle dépasse toutes les images qu’ils ont pu se faire de Dieu. Mais ce primat de la vérité risque de nous faire délaisser le reste : l’homme a toujours la tentation de placer le chemin et la vie sur un plan inférieur, comme un échafaudage dont il pourrait se passer, une fois atteinte la vérité du Père. Comme si nous pouvions la comprendre ! Notre prétention à nous saisir de la vérité nous fait négliger la rigueur des deux autres noms de Dieu : « chemin » et « vie », alors que le Christ met les trois noms sur le même plan. Il s’agit ici de méditer sur ce que nous oublions : le Christ est le chemin, il n’est pas au bout du chemin ; le Christ est la vie, il n’est pas la fin de la vie. Nous ne voyons pas le bout du chemin, mais il nous conduit déjà. La Vie nous comble déjà mystérieusement, par elle nous passons chaque jour de la mort à la vie.
L’essence du christianisme est la logique du Christ. La vérité n’est plus au bout du chemin, la vie ne commence plus à la fin de l’existence biologique. Elle commence ici et maintenant, dans nos échecs et nos balbutiements, donc aussi grâce à eux. De manière invisible, que seuls les saints peuvent voir et que nous pouvons seulement pressentir, le Christ remplace la mort et la destruction par la vie et l’édification de l’homme. [...]
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1 Homélies sur l’Évangile de Jean LXIX, 1 (BA 74 A, p. 244).
Philippe Capelle-Dumont : La raison théologique à l’Université – À l’école de J.H. Newman
Faut-il enseigner la théologie à l’Université ? Entre laïcisme et intégrisme, l’auteur propose une troisième voie, celle de la raison, empruntant à Newman (L’idée d’Université) ses principaux arguments : science rationnelle, nécessaire au dialogue interdisciplinaire, la théologie est philosophiquement indispensable à une régulation des savoirs.
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