L'Église américaine et les sirènes du féminisme

Francis MANION
Homme et femme il les créa - n°106 Mars - Avril 1993 - Page n° 67

Si le féminisme est un mouvement qui promeut la dignité des femmes dans la société, on ne peut ignorer la multiplicité de ses expressions. L'auteur distingue cinq formes de féminisme dans l'église, allant du conservatisme aux mouvements libertaires.

Seule une pensée respectueuse de la différence entre l'homme et la femme permet de concevoir l'éminente dignité de la femme et l'égalité de ses droits. Un féminisme au sens fort est donc légitime : il exige des chrétiens qu'ils tirent au clair le statut de la féminité en elle-même, puis celui de la femme dans l'Église. C'est pourquoi ce panorama des différentes versions du « féminisme » (au sens courant) aux États-Unis permettra de découvrir les richesses, les équivoques et les contradictions de ce mouvement. Communio espère ainsi permettre de juger de ce problème sociologique et politique à l'aide des analyses théologiques proposées dans ce numéro.

Le phénomène du féminisme semble assez enraciné pour devoir se prolonger dans un proche avenir. Il risque de mettre au défi d'une manière sans précédent l'Église, sa théologie et sa pastorale. Et, pour leur part, les responsables de l'Église trouvent troublant le monde du féminisme et déconcertante la diversité des voix venues de lui. Beaucoup agissent sans définition opératoire de ce mouvement : ils prétendent savoir ce que les féministes demandent à l'Église, et pourquoi eux-mêmes sont en désaccord avec ces requêtes. Cet article s'efforce d'abord d'offrir une définition fonctionnelle du féminisme, puis d'esquisser les différentes espèces de féminisme liées à l'Église aujourd'hui, et enfin de résumer les orientations du dialogue existant entre les responsables de l'Église et les voix du féminisme.

Le féminisme 

Le féminisme est un phénomène sociologique et ecclésial, qui peut être défini au sens large ou au sens étroit. La plupart des théoriciens du féminisme préfèrent le prendre au sens étroit. Ils le comprennent comme un mouvement de prise de conscience, destiné à une rénovation radicale de la société et de la religion, à l'abolition du patriarcat et de l'oppression historique des femmes. Les penseurs d'origine marxiste sont convaincus que cette oppression est un fait essentiel du féminisme, si bien que le féminisme authentique s'acquiert par une prise de conscience politique. Mais, défini plus largement, le féminisme est un mouvement complexe, à maintes facettes, pour atteindre et sauvegarder le rôle propre (quel qu'il soit) de la femme dans la société et l'Église. En ce sens large, toute femme (et tout homme) qui s'engage à promouvoir la féminité est féministe. On peut ainsi trouver des précédents historiques du féminisme catholique en Thérèse d'Avila, Catherine de Sienne et Édith Stein. Le pape Paul VI n'a pas hésité à parler de Marie en des termes consonnants avec les tendances fondamentales de ce féminisme moderne, dans sa lettre de 1974 Marialis Cultus (« Pour honorer Marie »), posant ainsi la base théologique d'un féminisme chrétien. Ceux qui veulent « baptiser » le féminisme et l'arracher à sa conception radicale n'hésiteraient pas à décrire la lettre de Jean Paul II en 1988, Mulieris Dignitatem (« Sur la dignité et la vocation de la femme »), comme une contribution au féminisme catholique. [...]

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