Le triomphe du professeur Tournesol

Monsieur Jean DUCHESNE
Homme et femme il les créa - n°106 Mars - Avril 1993 - Page n° 118

Les campagnes de presse des pouvoirs publics et des autorités médicales qui font la guerre au tabac et à l'alcool et qui prônent les préservatifs semblent avoir le même but : conserver et améliorer la santé des citoyens. En réalité, les logiques de ces discours sont opposées : dans un cas, il s'agit de faire perdre une habitude, dans l'autre de la faire prendre ; dans un cas on vante l'abstinence, dans l'autre on la suppose impossible. Y aurait-il de bons et de mauvais malades ?

Notre fin de siècle et de millénaire voit se développer en même temps deux types de campagne, dans l'unique but, hautement proclamé, de préserver et améliorer la santé des citoyens. Il s'agit d'une part d'encourager et généraliser l'emploi de préservatifs, et d'autre part de décourager et marginaliser l'usage de l'alcool et du tabac. Avec la bénédiction de ministres, d'éminents professeurs sont tirés de leurs laboratoires pour enfoncer des clous salutaires dans l'imagination collective.

On devrait se sentir rassuré et se réjouir d'entendre ainsi scientifiques et gouvernants collaborer dans les médias pour promouvoir le bien commun, éduquer la jeunesse, réformer les moeurs, combattre des causes de maladies mortelles... Et pourtant, l'indéniable simultanéité de toutes ces vertueuses incitations amène à les comparer. Ressemblances et différences peuvent alors créer un malaise, en faisant ressortir des présupposés qui mériteraient tout de même réflexions et débats.

Entendons-nous bien. Il n'est absolument pas question ici d'ignorer le sida, de réclamer l'interdiction des préservatifs ni même la restriction de leur utilisation. Un individu séropositif qui ne pourrait se passer de relations sexuelles et contaminerait délibérément ses partenaires en s'abstenant de « prendre des précautions » agirait bien évidemment de manière criminelle. De ce point de vue, toute entrave à une telle prise de responsabilité minimale ne serait pas moins coupable. Oser l'affirmer n'est pas se résigner à un « moindre mal ». Car l'enjeu est le plus élémentaire respect de la vie. De même, les ravages causés par l'alcoolisme et le tabagisme sont incontestables. Il n'y a donc aucune raison de favoriser ni défendre ces dépendances, ni d'entretenir le prestige qu'elles peuvent avoir. Il faut de plus reconnaître que les mesures prises sont destinées à convaincre et cherchent à sauvegarder les libertés individuelles. On est loin de la vaine radicalité de la Prohibition aux États-Unis entre 1919 et 1933.

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