Denis COUTAGNE
La différence sexuelle
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n°187
Septembre - Décembre
2006 - Page n° 137
Un entretien avec Denis Coutagne, conservateur du musée Granet, Aix-en-Provence, réalisé par Béatrice Prunel-Joyeux, sur la signification de l'œuvre de Cézanne, et son rapport au christianisme.
Pourquoi parler de Cézanne dans Communio ? Certes, la revue entend interroger l’activité humaine à l’aune de la Mort et de la Résurrection du Christ, et l’art n’échappe pas à cette interrogation. Mais aurions-nous à parler de Cézanne au même titre que Picasso, Matisse ou Braque ?
Cézanne prend en peinture un thème de mort et de résurrection, peignant des meurtres, des crânes mais aussi des « saintes-victoires ». Plus encore, il interroge la peinture elle-même en sa mort et résurrection : avec lui se pose, de manière particulièrement aigüe, la question du fini et du non fini de l’oeuvre picturale. Serait-ce alors que Cézanne toucherait au Mystère christique, plus que bien d’autres peintres soucieux d’illustrer la Bible comme Gustave Doré par exemple ? Étrange paradoxe, que celui d’une peinture qui, se préoccupant de pommes, de paysans assis, de baigneurs imaginés (p.137) dans quelque clairière, ou d’une montagne dominant Aix-en-Provence, toucherait du pinceau un mystère de foi entre visibilité et invisibilité...
Parlez-nous de la religion de Cézanne...
Cézanne à la fin de sa vie se serait montré un bon pratiquant. On croit pouvoir dater ce retour à une pratique religieuse vers 1890. Émile Bernard nous rapporte que Cézanne était allé se confesser avant de recevoir le Saint Sacrement. Sa pratique semble avoir été soutenue, même si l’artiste était manifestement un drôle de paroissien : s’habillant mieux le dimanche, ne peignant pas le Jour du Seigneur, mais un tantinet anticlérical, à lire les fragments de lettres faisant référence au clergé local. Qu’on en juge par ce passage d’une lettre à son fils, quelques mois avant sa mort : « Hier le sale abbé Gustave Roux a pris une voiture et est venu me relancer chez Jourdan, c’est un poisseux]. » Quant au faire-part du décès de Cézanne, en 1906, il indique qu’il est mort accompagné des sacrements et que son enterrement sera célébré à Saint Sauveur. La plupart des références religieuses que l’on peut trouver dans la correspondance de l’artiste, en tout cas, sont postérieures à 1902. Il semble donc que l’on ait affaire à un peintre malade en fin de vie, diabétique... et qui s’interroge sur le sens de sa vie.
À côté de ces citations authentiques, plusieurs témoignages concordent pour donner du vieux Cézanne l’image d’un homme religieux, en tout cas soucieux de « religion », allant à la messe et aux Vêpres le dimanche, préparant les pièces qu’il distribuerait à la sortie de la messe : en particulier celui de R. M. Rilke et, plus tardif, donc plus sujet à critique, celui de Léo Larguier (Un dimanche avec Paul Cézanne, 1923, p. 41-46). [...]
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