n°96 Bienheureux les affligés Juillet - Aout 1991*


Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés

Ici s’exhibent les formes contemporaines de l’apitoiement général et se déverse le sentimentalisme de toutes les solidarités. Il n’est pas moins facile, à l’inverse, de voir dans la béatitude le signe par excellence de l’aliénation, et d’y dénoncer l’avenir d’une illusion. Mais le chrétien ne dispose pas plus de la souffrance d’autrui qu’il n’est le propriétaire de la consolation de Dieu. La consolation des affligés prend sens dans l’accueil théologal du mystère pascal, car il n’y a qu’un Rédempteur, et qu’un Autre Consolateur, l’Esprit de Dieu.

Page Titre Auteur(s)
4 La béatitude de la consolation Guy BEDOUELLE
9 Le Dieu de toute consolation Ysabel de ANDIA
30 De l'insoutenable Olivier BOULNOIS
50 Triptyque de l'affliction Xavier TILLIETTE
59 Images médiévales de l'affliction Colette DEREMBLE
66 Thomas More consolateur des affligés Germain MARC'HADOUR
82 J'ai même rencontré des affligés heureux Armelle BICLET
88 Du bon usage de la catastrophe Jean BASTAIRE
95 La déprime, affliction d'aujourd'hui Tony ANATRELLA
106 Le deuil est en nous Pierre-philippe DRUET
116 Si tu savais le don de Dieu Denise ET YVES-HENRI NOUAILHAT

Editorial : Guy Bedouelle, o.p.: La béatitude de la consolation

La béatitude des affligés est aussi la bénédiction de la consolation : mécomprise et vulnérable, elle peut même, en notre époque de sentimentalisme social, devenir un nouvel alibi de la bonne conscience. Il faut y retrouver le réalisme de l'Incarnation et de la Rédemption : la consolation qu'elle annonce est d'ordre théologal.

Problématique

Ysabel de Andia : Le Dieu de toute consolation

La consolation est le ministère prophétique par excellence, qui «parle au coeur» après qu'il a été «mis à nu ». Seul Dieu peut consoler son peuple ; seul le Christ, qui a été jusqu'au bout de la désolation dans sa Passion, peut
consoler les affligés ; seul l'Esprit peut donner à l'Eglise et à l'âme la consolation de l'amour.

Olivier Boulnois : De l'insoutenable

La souffrance est éminemment personnelle : singulière, incommunicable, absurde. Nul ne peut donc imposer un sens universel à la souffrance, pas même les justifications métaphysiques. En revanche, chacun peut décider, pour soi-même, d'y reconnaître le paradoxe du Christ : la gloire est manifestée par la croix.

Xavier Tilliette : Triptyque de l'affliction

Le drame mythique de Niobé, victime des terreurs ancestrales, où rien n'est humain. — Le désespoir juif de Rachel, qui refuse la consolation, parce que ses enfants ne sont plus. — La douleur chrétienne de Marie le Samedi Saint, en ce jour où la compassion de celle qui a consenti à tout permet à l'Eglise de survivre.

Colette Deremble : Images médiévales de l'affliction

Avant les expressives représentations gothiques de l'affliction, l'époque 59 romane figure les béatitudes comme  des étapes de la vie spirituelle, morales ou mystiques. Cependant, l'énigmatique Vierge de Tavant, s'affligeant non devant la croix, mais devant les hommes, témoigne d'un pathétique roman, alors qu'avec l'allégorie de la Tristesse à Saint-Marc de Venise, l'affliction apparaît pleinement comme béatitude, qui irradie du Dieu tout-puissant.

Attestations

Germain Marc'hadour : Thomas More consolateur des affligés

Réputé pour son humour et son charisme de réconfort, Thomas More a d'abord médité la béatitude du Christ, qui réconforte les affligés et afflige les «confortables ». Il a ensuite agi pour la mettre en oeuvre. Il l'a vécue  enfin dans son martyre.

Armelle Biclet: J'ai même rencontré des affligés heureux

Foi et Lumière, à Lourdes, Pâques 1991 : la béatitude des affligés vécue dans tous ses aspects par les pauvres d'esprit.

Jean Bastiaire : Du bon usage de la catastroph lees handicapés

On a pu s'effondrer sur soi-même, dans une énergie négative où la vie emploie toute sa force à s'épuiser. Une thérapeutique médicale adjuvante et la grâce perçue par bribes et acceptée entre les rechutes : voici que la petite fleur espérance est venue. On sait maintenant qu'on ne peut rien faire par soi-même, en tout cas sans Lui.

Tony Anatrella : La déprime, affliction d'aujourd'hui

La civilisation moderne, qui refuse les limites de l'homme, ne peut donner un sens à la vie. L'adolescent se retrouve alors désarmé face au travail de deuil qui l'arrache à l'enfance pour le lancer dans la vie adulte. Retrouver une culture religieuse qui pose les questions de sens et apprend à y répondre, est urgent pour empêcher les adolescents les plus fragiles de sombrer dans la dépression et les aider à intégrer l'Autre (l'aimé, l'enfant, Dieu).

Pierre-Philippe Druet : Le deuil est en nous

Au contraire du déni contemporain de la mort, l'expérience montre qu'un homme devient lui-même en passant par une série de deuils partiels vécus comme autant d'étapes nécessaires pour bien vivre le deuil de la mort.

Signet

Denise et Yves-Henri Nouailhat : Si tu savais le don de Dieu

La catéchèse des enfants en France et les signes d'un renouveau. On se propose de conduire aux sacrements en illustrant par l'Ecriture les articles du Credo et du Pater et de se dégager des incertitudes des modernistes en affirmant la transcendance de la Révélation, la vérité de l'Ecriture et l'institution de l'Eglise par le Christ.

La béatitude de la consolation

Guy Bedouelle

Jésus dit à Marie de Magdala : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?» Jean 20,15

« Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Consolateur » Jean 14,16

« Heureux les affligés, car ils seront consolés ». La troisième béatitude de l'Évangile selon saint  Matthieu (Matthieu 5,5) est inséparable de celle de saint Luc : « Heureux, vous qui pleurez maintenant car vous rirez » (Luc 6,21b assortie de la malédiction qui est parallèle en Luc 6,25b1. Placée à peu près au milieu des deux listes matthéenne et lucanienne, la béatitude des affligés, qui pleurent et seront consolés, est, de toute la liste admirable, la plus controversée, la plus facile, il est vrai, à détourner de son sens, mais aussi la plus universelle et la plus réaliste : elle rejoint comme les autres le centre même de la Révélation : le mystère de la Pâque du Seigneur.

Le signe de l'aliénation

La béatitude des affligés a pu apparaître, à l'ère du soupçon qui laisse bien des traces chez les croyants, comme le signe par excellence de l'aliénation chrétienne. Aujourd'hui que le réflexe doloriste a laissé place, dans l'inconscient et dans le discours, au réflexe anti-doloriste — qui se situe dans le même  registre d'interprétation — proclamer les affligés de ce monde bienheureux, parce qu'ils seront consolés dans l'autre, semble  [...]

 

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1. Le commentaire classique doit être trouvé dans les volumes de Jacques Dupont, Les Béatitudes, tome II, La Bonne Nouvelle, Paris, 19692, pp. 35-37 ; 91-142 ; et tome III, Les Évangélistes, Paris, 1973 2, pp. 65-78 ; 545-554.

Denise et Yves-Henri Nouailhat : Si tu savais le don de Dieu

La catéchèse des enfants en France et les signes d'un renouveau. On se propose de conduire aux sacrements en illustrant par l'Ecriture les articles du Credo et du Pater et de se dégager des incertitudes des modernistes en affirmant la transcendance de la Révélation, la vérité de l'Ecriture et l'institution de l'Eglise par le Christ.


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