« Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ... » : quelle importance cet article du Credo reçoit-il aujourd’hui ? La seconde venue du Christ est le dernier mystère de sa vie, qui récapitule tous les autres. Point crucial entre le temps et l’éternité, l’Eucharistie anticipe cette venue, de façon voilée, mais comportant déjà le jugement et la miséricorde. La vie chrétienne, dans son intégralité, demande la prise en compte de ce retour : les chrétiens doivent avoir à cœur d’appeler en vérité le Seigneur : Maranatha, viens, Seigneur Jésus !
Éditorial : Jean-Robert Armogathe : La seconde venue du Christ
Avec l’Ascension, le Christ retourne vers le Père. Mais il annonce sa nouvelle venue dans la gloire. Il convient de préciser les termes utilisés (Parousie, millénarisme, chiliasme...) qui regroupent la venue, le jugement et l’établissement du Royaume qui n’aura pas de fin. Cette seconde venue est à la fois le dernier mystère de la vie de Jésus, et celui qui les récapitule tous.
Thème : La seconde venue du Christ
Pavel Vojtéch Kohut : La vie chrétienne et l’attente de la Parousie
Attendons-nous pour de bon la seconde venue du Christ ? La Parousie, dans la vie quotidienne des chrétiens, semble oubliée, voire abandonnée complètement. Pour quelles raisons ? Au-delà des diffi cultés théologiques, historiques ou psychologiques, le principal obstacle à notre attente de la Parousie n’est-il pas notre carence à espérer et à aimer vraiment ?
Peter Henrici : Quand reviendra-t-Il ? Réflexions philosophiques sur la date de la Parousie
Il ne s’agit pas de fixer la date de la venue du Christ, dont les Écritures affirment l’imprévisibilité, mais de redonner un sens à cette seconde venue, qui devrait être, pour le chrétien, aussi certaine qu’elle est imprévisible. Les principales réflexions philosophiques sur l’essence du temps, ainsi que sur la différence entre le passé et le futur, permettent de souligner que l’attente du Christ devrait orienter la vie du chrétien en une attente fervente et vigilante, en un espoir que le temps ne se conclura ni par ma mort propre ni par l’anéantissement de l’humanité.
Cristian Badilita : Le retardement de la fin du monde
Pourquoi le Christ fait-il attendre si longtemps sa seconde venue ? Soulignant les difficultés de lecture de la deuxième épître aux Thessaloniciens, l’A. souligne que le chapitre 2 de cette épître se trouve à l’origine d’une considérable littérature exégétique aussi bien chez les Pères de l’Église que chez les biblistes modernes, et développe une réfl exion sur les raisons théologiques du retardement de la Parousie.
Anton Štrukelj : La venue du Seigneur dans l’Eucharistie
L’Eucharistie est, ici-bas et dans le temps, le centre de la Parousie : invoquer l’Esprit sur les offrandes, nous permet d’appeler le Seigneur et d’adorer sa Présence comme anticipation de sa venue.
Helmut Hoping : Lorsque tomberont tous les masques et seront dévoilées toutes les injustices. À propos du jugement de Dieu sur les hommes
La justice divine est instrument de salut, elle en est même une condition. La « colère de Dieu » est l’expression de son amour. Pour penser le lien – et la différence – entre jugement particulier et jugement général, il faut supposer que le temps de l’homme et l’éternité de Dieu s’interpénètrent grâce à l’Incarnation du Fils. Ce qui ne résout pas entièrement la question de la damnation, si ce n’est, à la suite de Balthasar, en affi rmant la nécessité d’« espérer pour tous ».
Hans Urs von Balthasar : Méditation théologique sur le mystère de la descente à l’enfer
Revenant sur le sens du Samedi saint, le grand théologien suisse insiste sur le caractère unique de la descente de Jésus jusque dans la géhenne, qui doit offrir au pécheur l’espérance dans l’absolue déréliction que l’Innocent a connue, qui dépasse toute douleur.
Dossier : Christianisme, fait culturel?
Certaines données du christianisme demeurent dans la culture sans engagement de foi. Mais une culture qui s’écarterait du christianisme pourrait-elle continuer à n’être qu’une culture sans chercher spontanément à se refonder sur du religieux, quel qu’il soit ? Voici trois approches différentes de ce phénomène.
Rémi Brague : Des héritiers sans testament ?
La civilisation d’aujourd’hui, au moins en Europe, s’éloigne du christianisme, jusqu’à parfois nier l’évidence du rôle décisif de celui-ci dans la culture occidentale. Celle-ci pourrait-elle se passer du christianisme ? Il est évident qu’il a existé et existe des cultures non-chrétiennes. Cependant, c’est le christianisme, notamment celui de saint Paul, qui a rendu possible la séparation entre les réponses données aux problèmes de base de l’humanité et la religion, et donc l’idée d’une « culture » profane. Sans lui, l’humanité pourrait peut-être accéder à la culture. Mais aurait-elle encore des raisons de continuer à exister ?
Jean Duchesne : Le culte, fait culturel
Les expressions de religiosité étant irrépressibles, il n’existe pas de culture sans culte (même implicite et dégénéré). Mais alors pourquoi la messe n’est-elle plus considérée comme source et sommet cultuel de la vie chrétienne et de la culture d’aujourd’hui en Occident ? D’où quelques questions quant à la qualité de nos liturgies, mais aussi quant à la place du prêtre dans la culture, et plus précisément comme « ministre du culte » ; et un rappel : le christianisme repose d’abord sur des sacrements, des rites et des observances qui imprègnent toute la culture et y répondent à des besoins fondamentaux.
Nicolas Perot : La déchristianisation n’est pas une nouveauté - Chateaubriand et la modernité
L’oeuvre de Chateaubriand, largement incomprise, se définit autour de cette conviction très forte que le christianisme est non seulement créateur de culture mais est la vie même de la culture. Tout mourra si l’on refuse de considérer le christianisme comme une vraie culture. Mais tout mourra aussi si l’on renie le christianisme comme la vraie religion. Chateaubriand renverse donc complètement la vision de l’histoire : non seulement le christianisme n’est pas mort, mais il est même l’avenir du monde.
Signets
Didier Laroque : La chapelle Saint-Nicolas-de-Flüe à Wachendorf
Une petite chapelle, bâtie avec peu de moyens dans un champ, sans commune mesure avec les édifi ces compliqués, voyants, modernistes qui sont aujourd’hui les plus fêtés, présente, en une émouvante simplicité, un ordre architectural discret et primitif ; elle rend un humble témoignage à l’Amour absolu.
Philippe Richard : Bernanos, le prêtre, et l’intelligence de la pitié
Pour Bernanos, la faiblesse du prêtre n’exprime pas autre chose que sa dépossession en Dieu. Celle-ci peut se manifester en un triple mouvement : colère, efficacité et compassion. C’est sous ces trois aspects que l’auteur développe une analyse fouillée de la figure du prêtre chez Bernanos.
Jean Jacques Pérennès : Brèves réflexions sur le printemps arabe vu du Caire
Les évènements inquiétants qui se déroulent en Égypte depuis ce qu’on a appelé le printemps arabe suscitent des peurs, qui ne sont pas sans fondement. Celles-ci risquent cependant de nous empêcher de voir les avancées réelles en cours dans ce pays. Une lecture plus nuancée, depuis le Caire, invite à se demander si, malgré les apparences, l’on n’est pas en train d’assister à une nouvelle étape d’entrée de ce pays dans la modernité.
Dossier : La famille
La VIIe rencontre mondiale des familles se tiendra à Milan (28 mai-3 juin 2012), sous la présidence du pape Benoît XVI. C’est l’occasion pour notre revue de proposer une réflexion de fond sur le statut du couple homme-femme, sa dimension familiale et son enracinement dans la vie trinitaire.
Antonio Maria Sicari : Fonder une famille chrétienne
La dévaluation de la famille ne provient pas seulement des attaques de la société : elle tire aussi son origine de la difficulté que les chrétiens éprouvent à fonder la famille sur une anthropologie spécifi que, d’origine biblique, et à en exprimer les principes fondamentaux – amour et procréation, fi délité, parentalité et filiation, virginité et donation – en termes trinitaires.
Giorgio Maschio : Homme, femme et mariage dans la pensée de saint Ambroise
En contraste avec une tradition patristique sévère pour le mariage et exaltant la virginité, Ambroise donne un enseignement équilibré, attentif aux paroles du Christ et soucieux de prolonger dans la famille une démarche nuptiale équilibrée entre époux et sanctifiée par la vie chrétienne.
Cardinal Angelo Scola : Le mystère des noces : pour une théologie systématique ?
Peut-on construire une dogmatique à partir du concept de mystère nuptial ? À partir des enseignements de Jean-Paul II, Angelo Scola travaille depuis des années à édifier l’anthropologie trinitaire nécessaire à la mise en place d’une telle dogmatique. La leçon de conclusion qu’il a donnée à l’Université du Latran, au moment de son départ pour le patriarcat de Venise, est la synthèse la plus articulée de ce projet qui situe le couple homme-femme et la famille au centre de la théologie chrétienne, comme le fondement nécessaire pour comprendre tous les autres mystères.
La seconde venue du Christ
Père Jean-Robert Armogathe
« Nous annonçons l’avènement du Christ, non pas un seul, mais encore un second, plus éclatant que le premier. Celui-ci donna en effet un exemple de patience, celui-là porte le diadème de la royauté divine. Tout est double en effet chez le Christ : sa naissance, en Dieu avant les siècles et en Marie à la consommation des siècles ; sa descente, invisible « comme la pluie sur la toison » (Psaumes 70, 6 LXX), et éclatante, qui est encore à venir. Dans sa première venue, il fut enveloppé de langes, dans la seconde, c’est la gloire qui le revêt comme un manteau ; dans la première, il subit la croix, dans la seconde, il vient escorté par les anges, dans la splendeur de sa gloire. Nous ne sommes donc pas seulement certains de la première venue, nous attendons la seconde avec certitude. » Cyrille de Jérusalem, Catéchèse XV, 1-3, PG 33, 869
« Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts » : cet article du Credo ne paraît pas bénéficier aujourd’hui d’un grand intérêt dans la catéchèse ni dans la prédication. Le retour du Christ semble secondaire par rapport à son Incarnation, aux enseignements qu’il nous a laissés et à sa Résurrection. Les représentations de cette « seconde venue » sont devenues du reste fort rares, comme si ce passage au-delà du temps paraissait trop diffi cile à expliquer à nos contemporains1.
Il a cependant paru nécessaire de consacrer un cahier de notre Revue à cet article du Credo, au terme de la série des numéros consacrée aux mystères de la vie du Christ. On peut s’en étonner : comment ce retour du Christ peut-il être tenu pour un mystère de sa vie ? Ne s’agit-il pas précisément d’un événement étranger à l’histoire, extérieur à l’humanité dans laquelle Dieu, en s’incarnant, a voulu, pas à pas, retracer l’existence de chacun de nous ? Les mystères traités dans les premiers cahiers des années précédentes ne sont-ils pas, chacun, une étape précise de la vie du Christ – et donc de la nôtre ? Comment du reste appeler ce dernier mystère : le retour du Christ, ou sa nouvelle venue (die Wiederkunft Christi) ?
Le titre de ce cahier est déjà une thèse : il ne s’agit pas, au sens strict, d’un retour du Christ. Le Christ ressuscité monte vers le Père, c’est là que s’opère le retour par excellence. Le privilège de la langue française est de pouvoir distinguer second (dans une série de deux) [...]
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1. Voir dans ce cahier l’article de Pavel Vojtéch Kohut, « La vie chrétienne et l’attente de la Parousie », p. 13.
Dossier : Christianisme, fait culturel?
Certaines données du christianisme demeurent dans la culture sans engagement de foi. Mais une culture qui s’écarterait du christianisme pourrait-elle continuer à n’être qu’une culture sans chercher spontanément à se refonder sur du religieux, quel qu’il soit ? Voici trois approches différentes de ce phénomène.
Rémi Brague : Des héritiers sans testament ?
La civilisation d’aujourd’hui, au moins en Europe, s’éloigne du christianisme, jusqu’à parfois nier l’évidence du rôle décisif de celui-ci dans la culture occidentale. Celle-ci pourrait-elle se passer du christianisme ? Il est évident qu’il a existé et existe des cultures non-chrétiennes. Cependant, c’est le christianisme, notamment celui de saint Paul, qui a rendu possible la séparation entre les réponses données aux problèmes de base de l’humanité et la religion, et donc l’idée d’une « culture » profane. Sans lui, l’humanité pourrait peut-être accéder à la culture. Mais aurait-elle encore des raisons de continuer à exister ?
Jean Duchesne : Le culte, fait culturel
Les expressions de religiosité étant irrépressibles, il n’existe pas de culture sans culte (même implicite et dégénéré). Mais alors pourquoi la messe n’est-elle plus considérée comme source et sommet cultuel de la vie chrétienne et de la culture d’aujourd’hui en Occident ? D’où quelques questions quant à la qualité de nos liturgies, mais aussi quant à la place du prêtre dans la culture, et plus précisément comme « ministre du culte » ; et un rappel : le christianisme repose d’abord sur des sacrements, des rites et des observances qui imprègnent toute la culture et y répondent à des besoins fondamentaux.
Nicolas Perot : La déchristianisation n’est pas une nouveauté - Chateaubriand et la modernité
L’oeuvre de Chateaubriand, largement incomprise, se définit autour de cette conviction très forte que le christianisme est non seulement créateur de culture mais est la vie même de la culture. Tout mourra si l’on refuse de considérer le christianisme comme une vraie culture. Mais tout mourra aussi si l’on renie le christianisme comme la vraie religion. Chateaubriand renverse donc complètement la vision de l’histoire : non seulement le christianisme n’est pas mort, mais il est même l’avenir du monde.
Signets
Didier Laroque : La chapelle Saint-Nicolas-de-Flüe à Wachendorf
Une petite chapelle, bâtie avec peu de moyens dans un champ, sans commune mesure avec les édifi ces compliqués, voyants, modernistes qui sont aujourd’hui les plus fêtés, présente, en une émouvante simplicité, un ordre architectural discret et primitif ; elle rend un humble témoignage à l’Amour absolu.
Philippe Richard : Bernanos, le prêtre, et l’intelligence de la pitié
Pour Bernanos, la faiblesse du prêtre n’exprime pas autre chose que sa dépossession en Dieu. Celle-ci peut se manifester en un triple mouvement : colère, efficacité et compassion. C’est sous ces trois aspects que l’auteur développe une analyse fouillée de la figure du prêtre chez Bernanos.
Jean Jacques Pérennès : Brèves réflexions sur le printemps arabe vu du Caire
Les évènements inquiétants qui se déroulent en Égypte depuis ce qu’on a appelé le printemps arabe suscitent des peurs, qui ne sont pas sans fondement. Celles-ci risquent cependant de nous empêcher de voir les avancées réelles en cours dans ce pays. Une lecture plus nuancée, depuis le Caire, invite à se demander si, malgré les apparences, l’on n’est pas en train d’assister à une nouvelle étape d’entrée de ce pays dans la modernité.
Dossier : La famille
La VIIe rencontre mondiale des familles se tiendra à Milan (28 mai-3 juin 2012), sous la présidence du pape Benoît XVI. C’est l’occasion pour notre revue de proposer une réflexion de fond sur le statut du couple homme-femme, sa dimension familiale et son enracinement dans la vie trinitaire.
Antonio Maria Sicari : Fonder une famille chrétienne
La dévaluation de la famille ne provient pas seulement des attaques de la société : elle tire aussi son origine de la difficulté que les chrétiens éprouvent à fonder la famille sur une anthropologie spécifi que, d’origine biblique, et à en exprimer les principes fondamentaux – amour et procréation, fi délité, parentalité et filiation, virginité et donation – en termes trinitaires.
Giorgio Maschio : Homme, femme et mariage dans la pensée de saint Ambroise
En contraste avec une tradition patristique sévère pour le mariage et exaltant la virginité, Ambroise donne un enseignement équilibré, attentif aux paroles du Christ et soucieux de prolonger dans la famille une démarche nuptiale équilibrée entre époux et sanctifiée par la vie chrétienne.
Cardinal Angelo Scola : Le mystère des noces : pour une théologie systématique ?
Peut-on construire une dogmatique à partir du concept de mystère nuptial ? À partir des enseignements de Jean-Paul II, Angelo Scola travaille depuis des années à édifier l’anthropologie trinitaire nécessaire à la mise en place d’une telle dogmatique. La leçon de conclusion qu’il a donnée à l’Université du Latran, au moment de son départ pour le patriarcat de Venise, est la synthèse la plus articulée de ce projet qui situe le couple homme-femme et la famille au centre de la théologie chrétienne, comme le fondement nécessaire pour comprendre tous les autres mystères.
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