Les deux derniers commandements du Décalogue présentent des difficultés qui n’échappent ni aux juifs ni aux chrétiens.Comment interdire, non plus un acte, mais un désir ? Comment comprendre l’énumération indifférenciée des objets de la convoitise, perversion du désir ?
Éditorial : Vincent Carraud : Tout ce qui est dans le monde
Comment, d’un verset biblique, a-t-on fait deux commandements ? Quels sont leurs objets respectifs ? Peut-on interdire de convoiter ? Le désir est-il en luimême un péché ? C’est à ces premières questions que répond l’éditorial, en exposant le principe de la doctrine catholique de la convoitise : dissocier désir (moralement neutre) et concupiscence. Le désir ne devient un péché que par l’acquiescement de la volonté. Mais les concupiscences décrivent aussi la totalité des modes possibles de l’existence dans le monde : c’est pourquoi le respect du commandement n’est possible que par le Christ.
Thème
Michaël Figura : Convoitise et désir de Dieu
Le désir est une notion fondamentalement ambivalente, qu’il est nécessaire de distinguer rigoureusement de la convoitise. La convoitise ou concupiscence n’est pas une impulsion naturelle positive (contre les pélagiens), mais elle n’est pas non plus le péché lui-même (contre Luther) : l’Église la définit traditionnellement comme une anomalie qui est la conséquence du péché originel et la motivation du péché personnel. La convoitise spontanément éprouvée par le baptisé requiert une décision libre (Rahner) pour la combattre et laisser une place toujours croissante au désir naturel de Dieu.
Georg Hentschel : Le sens des commandements dans l’Ancien Testament
Quelle signification accorder aux différences de formulation entre les deux textes des deux derniers commandements (Exode 20, 17 et Deutéronome 5, 21), et comment comprendre leur unité ? En scrutant les études exégétiques et en confrontant les principales interprétations, il apparaît que l’interdiction de la convoitise vise avant tout à protéger le prochain.
Jean-Christophe Bardout: Les métamorphoses de la concupiscence
Le concept de concupiscence sert d’ordinaire à désigner l’attachement de la volonté humaine aux biens de ce monde. Elle est donc l’obstacle principal à l’amour de Dieu. Étudiant son élaboration dans la première lettre de saint Jean notamment, nous suggérons qu’elle peut toutefois endurer une métamorphose qui permet de la penser finalement comme la condition de possibilité de l’amour de Dieu.
Hans Urs von Balthasar : Ascèse
« Lorsque je considère l’image de l’homme, je veux la valeur la plus élevée ; si je considère celle de l’activité, je veux l’acte le plus fort ; si j’ai devant moi celle de l’amour, je veux le don le plus grand, le plus précieux. »
Dossier : Edith Stein
Pensées pour la Semaine Sainte 1938
Ces notes, traduites pour la première fois en français, furent écrites dans la période où Edith Stein se préparait à sa profession solennelle au Carmel de Cologne.
Ce texte fut écrit en 1941. La figure d’Esther, comprise et intériorisée d’une manière très personnelle, fait passer toute l’expérience d’Israël à la lumière de la révélation du Golgotha.
Signets
Anton Strukelj : De la chaire à l’oratoire - Théologie et prière chez Hans Urs von Balthasar
«L’opposition entre théologie et spiritualité est ruineuse : une théologie coupée de l’expérience mystique se déssèche, cependant qu’une mystique sans ossature dogmatique se défait dans l’inconsistance. Le fondement même du projet théologique est de donner à comprendre la foi vécue dans la sainteté, car celle-ci est l’essence de la théologie. »
Rémi Brague: Les conditions d’un avenir
Pour qu’il y ait avenir, il est nécessaire qu’existent des générations d’hommes qui le vivent. Un regard sur la démographie, sur les liens entre démocratie et démographie dans la présente situation occidentale, loin de suggérer une explosion à venir, permet plutôt de mesurer combien continuer l’espèce humaine suppose de foi en la transcendance.
Tout ce qui est dans le monde
Vincent Carraud
Et moi, je vous dis : « Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà, dans son coeur, commis l’adultère avec elle. » Matthieu 5,28.
«Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain ; tu ne désireras ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur ou sa servante, ni son boeuf ou son âne : rien de ce qui est à lui. » La loi et le désir.
Nous avons déjà eu l’occasion de souligner le paradoxe contemporain de la seconde table des commandements : ils n’ont plus à être reçus comme commandements, tant leur évidence est apparemment devenue unanime. Constituant les conditions de possibilité de la société elle-même, les interdictions de tuer ou de voler, par exemple, sont admises par tout interlocuteur raisonnable. Pourquoi donc continueraient-elles à prendre la forme de commandements ? Pourquoi éprouver comme une injonction divine ce que la raison suffit à reconnaître comme condition du vivre-ensemble ? Un tel consensus ne peut manquer de réjouir, même si les commandements apparaissent alors comme la forme archaïque et infantilisante des exigences démocratiques de la rationalité morale et politique contemporaine.
Il en va tout autrement avec les deux derniers commandements. Car ici la raison se retire : comment interdire non un acte – moralement répréhensible – mais un désir, qui peut-être ne deviendra jamais une action ? Comment proscrire ce qui est naturel, sans condamner la nature humaine elle-même ? Passe encore de vouloir [...]
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Dossier : Edith Stein
Pensées pour la Semaine Sainte 1938
Ces notes, traduites pour la première fois en français, furent écrites dans la période où Edith Stein se préparait à sa profession solennelle au Carmel de Cologne.
Ce texte fut écrit en 1941. La figure d’Esther, comprise et intériorisée d’une manière très personnelle, fait passer toute l’expérience d’Israël à la lumière de la révélation du Golgotha.
Signets
Anton Strukelj : De la chaire à l’oratoire - Théologie et prière chez Hans Urs von Balthasar
«L’opposition entre théologie et spiritualité est ruineuse : une théologie coupée de l’expérience mystique se déssèche, cependant qu’une mystique sans ossature dogmatique se défait dans l’inconsistance. Le fondement même du projet théologique est de donner à comprendre la foi vécue dans la sainteté, car celle-ci est l’essence de la théologie. »
Rémi Brague: Les conditions d’un avenir
Pour qu’il y ait avenir, il est nécessaire qu’existent des générations d’hommes qui le vivent. Un regard sur la démographie, sur les liens entre démocratie et démographie dans la présente situation occidentale, loin de suggérer une explosion à venir, permet plutôt de mesurer combien continuer l’espèce humaine suppose de foi en la transcendance.
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Décalogue IX-X : la Convoitise - pdf | Gratuit pour tout le monde | Télécharger |