A de multiples reprises, Jean-Paul II a formulé des demandes de pardon. Quasi inouïe dans toute l’histoire de l’Eglise, cette démarche a dérouté. Comment en déterminer les fondements et le statut exact ? Théologiens, philosophes et historiens répondent.
Éditorial : Isabelle Rak
Thème : Mémoire et réconciliation
Bruno Forte : L’Église catholique face aux fautes du passé
Une fois posées les demandes de pardon, sur la base de quels fondements les comprendre ? La marque personnelle de Jean-Paul II, les fondements bibliques et théologiques – spécialement ecclésiologiques – sont ici examinés, tout comme les questions éthiques et pastorales ouvertes par cette démarche.
Miklos Vetö : La fidélité de la volonté, horizon du repentir et du pardon
L’individu pense trop souvent l’acte de repentir comme une démarche de rupture vis-à-vis de son propre passé. Or, la reconnaissance de la responsabilité des fautes exige que celui qui demande pardon admette qu’il ne fait qu’un avec le pécheur qu’il a été. C’est en vertu de la continuité de sa volonté propre que le sujet, en réalisant qu’il n’a jamais cessé de vouloir ce mal qu’aujourd’hui il rejette, peut être entièrement délivré de sa culpabilité.
Xavier Moralès : L’unique Épouse
Les demandes de pardon formulées par Jean-Paul II au nom de l’Église catholique exigent de reprendre et d’approfondir, à partir d’un nouveau point de vue, l’ecclésiologie dont la théologie du XXe siècle avait fait son sujet principal. Comment les actes commis par d’autres il y a bien longtemps nous lient-ils, nous et maintenant ? On ne pourra répondre à cette question qu’en en posant une autre : Qui est l’Église ?
Olivier Chaline : La mémoire n’est pas l’histoire
La connaissance du passé reconnu comme tel ne se confond pas avec l’idée qu’on s’en fait. Évolutive et modifiable, elle ne peut fonder de manière irréversible une repentance. Les morts ne saisissent pas les vivants pour les accabler sous le poids de la culpabilité et ceux-ci, qui ne sont ni moralement supérieurs à leurs pères ni héritiers de leurs fautes, n’ont pas à demander pardon en leur nom. Ils auraient mieux à faire de se soucier du présent pour ne pas perdre l’avenir.
Serge Landes : La force de la vérité
Si l’intuition centrale qui a présidé aux demandes pontificales de pardon est juste, un dialogue plus actif entre théologiens et historiens devrait avoir lieu. Sans préjuger des difficultés théologiques laissées ouvertes par les démarches de Jean-Paul II, il conviendrait aussi, du côté des historiens, de s’interroger sur les raisons et les limites de la réserve, voire du silence qui ont prévalu chez eux.
Dossier : Pie XII, du mythe à l'histoire
Yves Bruley : Pie XII réduit au silence
L’argument du dernier film de Costa-Gavras, Amen, selon lequel Pie XII a gardé le silence sur la Shoah « par crainte des rouges et par collusion avec les bruns », ne résiste pas à l’analyse. Mais il fallait créer un personnage conforme à l’image contemporaine d’une papauté complice du pouvoir, dont le silence s’oppose à la parole prophétique. Manipulation anachronique, dont les dérives imposent de soumettre les « fautes du passé » au regard d’une histoire toujours à faire, qui se garde de juger..
Édouard Husson : La Gestapo face au Vatican
Quelle vision la Gestapo avait-elle de la papauté ? Dans quelles conditions concrètes le Pape Pie XII pouvait-il tenter de résister aux menées nazies et en particulier, tenter de sauver les juifs menacés de déportation ? L’analyse historique précise des documents permet d’éviter les erreurs et les perspectives anachroniques.
Signets
Monseigneur Claude Dagens : La mission de l’Église dans le sillage du Jubilé
Dans le sillage du Jubilé nous sommes appelés à manifester résolument la nouveauté chrétienne, celle du mystère de la croix, signe de l’amour de Dieu, et à annoncer l’Evangile dans sa double dimension : profondeur du don de Dieu, largeur d’un appel adressé au monde entier.
Cardinal Christoph Schönborn : Dominus Iesus et le dialogue interreligieux
L’universalité du message de Jésus, mission universelle de l’Eglise, ne risque-t-elle pas de priver le dialogue interreligieux de tout fondement ? Contre l’interprétation relativiste-paradoxalement intolérante- de la théologie pluraliste des religions, la certitude de l’unicité de Jésus-Christ et de l’Eglise doit conduire à un vrai dialogue qui est recherche commune de la vérité.
Éditorial
Isabelle Rak
Le thème du présent cahier reprend le titre du document de la Commission Théologique Internationale, qui en précise le contenu : « l’Église et les fautes du passé ». Parole dure à entendre, et qui a suscité des réactions contrastées au sein même de la communauté ecclésiale ; alors que pour certains, la démarche de repentance entreprise dans le contexte du Jubilé reste encore trop timide, d’autres s’interrogent sur les risques de honte de soi, voire d’autoflagellation, qu’elle comporte, et qui affaibliraient l’Église dans son action missionnaire ou oecuménique. Mais plus fondamentalement, le caractère résolument novateur de cette demande de pardon exige l’approfondissement d’une ecclésiologie pourtant renouvelée par le Concile Vatican II. Lorsque Jean-Paul II énumère, crûment et sans concessions, les péchés commis dans l’Église et par certains de ses représentants, quand il souligne les blessures portées au Corps du Christ et en appelle à une « mémoire réconciliée », il invite par là même à prendre réellement au sérieux, au-delà de son apparente évidence, la formulation conciliaire selon laquelle l’Église « est sainte et en même temps doit toujours être purifiée » (Lumen Gentium 8).
L’article de Bruno Forte1 qui ouvre ce cahier propose quelques éléments de réflexion sur la sainteté de l’Église et la communion de ses membres, ainsi que sur les implications collectives des fautes [...]
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1. Bruno FORTE, «L’Église catholique face aux fautes du passé », p. 11.
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