L'éternel tissu de la culture

Vladimir MAXIMOV
Le plaisir - n°40 Mars - Avril 1982 - Page n° 88

Signets

Le communisme détruit l'homme en le soumettant au mensonge de son idéologie. Mais, dans les pires conditions du Goulag, des hommes ont su lire, se souvenir, et retrouver Dieu : la culture est indestructible
Dans les pays ou l'on est libre, saura-t-on cependant préserver les vraies valeurs spirituelles qui fondent cette liberté même ? *

 La première page, 88, est jointe.

C’EST à ma propre expérience que j'en appellerai d'abord, pour décrire, à partir de mon cas personnel, le mécanisme selon lequel la culture se reproduit, se 'renouvelle et se reforme, pour montrer ensuite par là l'importance de la culture dans la vie humaine et sociale, avec son irrépressible continuité.

 

Mon histoire [[Cet article reprend la conférence faite par Vladimir Maximov, directeur de la revue Continent, et publiée en Italie par les éditions Jaca Book. Cette conférence e été faite à l'occasion du colloque international sur «La cultura : strumento di ripresa della vite» , organisé par le Centre culturel San Carlo de Milan polo le premier anniversaire du discours de Jean-Paul II au siège de l'UNESCO à Paris.]] est typique de celle de plusieurs générations qui sont nées et ont grandi sous un régime totalitaire. Fils et petit-fils d'ouvriers communistes totalement indifférents à la culture, à la religion et à tout ce qui était étranger à leur milieu social, j'étais au début de ma vie un être pratiquement végétatif, que l'on pouvait modeler et orienter à volonté. Et c'est précisément ce que s'employa à faire sur moi et sur des millions de mes semblables une propagande politique totalement axée sur la production d'un exemplaire rigoureusement pur d'homo sovieticus – un robot, un monstre utilisé comme matériau pour les expériences les plus invraisemblables. Du matin au soir, chez soi, à l'école, dans les organisations sociales, à travers la presse, le cinéma, la radio et les affiches de la propagande dans les rues, on nous instillait continuellement l'idée que n'importe quel crime ou mensonge était permis pour assurer le triomphe mondial du communisme. Au nom des idéaux radieux d'un nébuleux avenir, on avait non seulement le droit mais encore le devoir de trahir son père, si besoin était, de mentir à sa mère, de tuer son frère ou sa sœur, de tromper, de tuer, de convoiter...

 

Pour promouvoir cette « morale », on a écrit d'innombrables livres, pièces de théâtre; chansons et autres sous-produits culturels, diffusés à des millions d'exemplaires. On se levait le matin et on se couchait le soir toujours entouré par ces productions. Et nous avons appris à vivre selon ces modèles. Plus rien ne semblait désormais capable d'apporter à nos âmes laminées et meurtries la chaleur vivifiante d'idéaux véritables, la ferveur d'une libre connaissance ou la foi.

 

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