Les deux aspects de la justice. Le Sermon sur la Montagne

Problématique

 Les hommes, par leur justice, poursuivent la rectitude morale ; Jésus leur répond en annonçant une autre justice, qui vient comme un don du Père. L'une et l'autre se rejoignent et s'accomplissent dans la personne du Christ.

 La première page de l'article, 5, est jointe.

DANS le Sermon sur la montagne tel que nous le rapporte saint Matthieu, cinq passages qui sont sans parallèles dans le troisième évangile nous parlent de la justice : 5, 6, 10, 20 ; 6, 1, 33 [[Matthieu 6, 33 a un correspondant en Luc 12, 31, mais le mot «justice» est absent de ce dernier passage.]]. Cette justice a un caractère paradoxal, car trois des textes que nous venons de mentionner (5, 10, 20 et 6, 1) la présentent clairement comme un idéal moral que l'homme s'applique à atteindre par son effort personnel, tandis que les deux autres textes (5,6 et 6, 33) inclinent à voir bien plutôt dans la justice un don divin lié au salut que Jésus est venu apporter au monde. Comment rendre compte de ce paradoxe ?

Volontairement schématiques, les indications qui suivent essaieront d'éclairer cette énigme. Nous serons ainsi amenés à comparer la justice du Sermon sur la montagne à « l'accomplissement de toute justice » lors du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain (Matthieu 3, 15), encore une donnée propre au premier évangile. Dans une brève conclusion, nous rapprocherons la justice dont parle saint Matthieu de celle dont nous entretiennent les épîtres pauliniennes.

Fruit de longues recherches antérieures, ces quelques pages n'ont pas l'ambition de tout dire sur un sujet assurément vaste et très complexe. Elles ne sont destinées qu'à suggérer une intelligence meilleure du Sermon sur la montagne, et, par le fait même, une plus profonde compréhension de notre propre existence chrétienne.(p.5)

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