« Sans le Fils, le Père ne serait pas Père ≫

Remarques sur la révolution opérée au concile de Nicée sur la notion de Père L’affirmation du Père est essentielle à la Trinité. Contre l’arianisme du IVe siècle et ses avatars modernes, elle maintient la divinité du Fils sans rien réduire de son humanité.

 

Semper igitur pater, semper est filius Ambroise1

On peut lire la controverse autour de la divinité du Christ comme la question de savoir si Dieu doit être vraiment appelé Père ou non. Si, comme l’enseignait Arius, le Fils est une créature séparée de la transcendance de Dieu par un abîme, on peut alors effectivement parler de Dieu comme un Père au sens biblique – comme le Dieu créateur est décrit dans d’autres contextes comme « le Père de toutes choses ». Mais si Dieu, au contraire, engendre le Fils de toute éternité et que le Fils n’est pas seulement le produit de la volonté du Père, mais trouve son origine dans l’être même du Père (comme l’a défini le concile de Nicée), parler de Dieu comme Père a un fondement théologique. Le Père est Père parce qu’il y a le Fils et que celui-ci appartient depuis toujours à la manière de comprendre Dieu. Dans ce sens, Athanase d’Alexandrie, à la pointe de la lutte pour l’orthodoxie nicéenne, a clairement insisté sur le fait que l’affirmation de la divinité du Christ par le concile de Nicée préservait en même temps le titre de Père d’un affaiblissement entraînant un discours inadéquat : « Sans le Fils, le Père ne serait pas Père2 ».

Pour éclairer la controverse arienne sous cet aspect, résumons tout d’abord rapidement la position d’Arius. Son souci théologique de préserver conceptuellement l’unité de Dieu l’a amené à subordonner radicalement le Fils au Père et à le mettre du côté des créatures. Ce « subordinationisme » a un double prix : d’une part il relativise la foi dans le Fils fait homme qui montre aux hommes le vrai visage du Père3. Dieu reste l’inaccessible, le transcendant ; d’autre part, si le Fils n’est pas de toute éternité auprès du Père, mais a été créé à un moment du temps, le discours sur la paternité divine de Dieu est ramené à un discours métaphorique. C’est la raison pour laquelle la doctrine [...]


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1 Ambroise, De fide 1, 8, 55 : « Quand tu as nommé le Père, tu as aussi nommé son Fils, car personne n’est son propre père. Quand tu nommes le fils, tu confesses aussi son père, car personne n’est son propre fils. En effet, ni le fils ne peut être sans le père, ni le père sans le fils. Il y a donc toujours le Père, il y a donc toujours le Fils » (PL, 16, col. 541b). 

2 Athanase, Contra Arianos 1, 29. 

3 Voir Joseph Ratzinger, 2005 et Christoph Schönborn, 1986. 


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