Liberté et obéissance dans les communautés nouvelles

F Henry DONNEAUD
Éduquer à la liberté - n°254 Novembre - Décembre 2017 - Page n° 39

Le vœu d’obéissance des religieux est conçu comme un chemin de libération du péché et un accomplissement de leur liberté dans la volonté de Dieu. Pourtant, ce chemin de libération chrétienne peut devenir occasion de déviations et de perversions qui, loin de libérer les personnes, les aliènent et les blessent en profondeur. Un défaut d’expérience et d’enracinement dans la tradition de l’Église a pu conduire à ces extrémités certaines communautés nouvelles, comme par exemple la Communauté de La Sainte-Croix, dissoute en 1984.

 

Vertu sociale finalisée par le bien commun, l’obéissance apparaît d’abord comme une limitation volontaire de la liberté personnelle: j’obéis en acceptant de réduire le champ de ma liberté personnelle en vue du bien de la communauté politique ou sociale à laquelle j’appartiens. Mais le Christ a dégagé une signification plus profonde, faisant de l’obéissance le chemin de libération par lequel l’homme nouveau se libère de l’emprise du péché et de la mort par conformité parfaite à la volonté du Père. D’où l’importance primordiale qu’a prise l’obéissance dans la vie chrétienne, pour tous comme obéissance de charité, et plus particulièrement pour ceux qui se proposent de suivre et imiter le Christ au plus près, en remettant toute leur vie, par le voeu d’obéissance, entre les mains de supérieurs « qui tiennent la place de Dieu1 ». Sans perdre sa finalité première au service du bien commun, l’obéissance devient ainsi matrice de perfection chrétienne, voie royale vers la charité parfaite.

Mais l’histoire autant que l’actualité nous enseigne que le voeu d’obéissance, comme propos radical de vie, comme libre remise de sa vie entre les mains de supérieurs, comporte de réels et redoutables dangers2. Les abus n’ont pas manqué, et continuent de ne pas manquer. Les médias, à l’occasion d’une crise traversant telle ou telle communauté, ne se font pas faute de nous le rappeler régulièrement. Comment ce chemin de libération chrétienne par excellence peut-il devenir occasion de déviations et de perversions qui, loin de libérer les personnes, les  aliènent et les blessent en profondeur ?

En abordant notre sujet, un piège nous guette d’emblée : laisser croire que de tels abus commis au nom du voeu d’obéissance seraient l’apanage des « communautés nouvelles », celles qui ont fleuri dans la seconde moitié du XXe siècle, en particulier à la suite du Concile. Des affaires récentes, plus ou moins ébruitées, attestent que les abus
d’autorité commis au nom de l’obéissance ont touché et continuent de [...]

 

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1 Concile Vatican II, Décret Perfectae caritatis, n° 14.

2 Pour une présentation plus théorique de l’obéissance et de ses risques, voir Henry Donneaud, « Les enjeux théologiques de l’obéissance dans la vie consacrée », dans Vies consacrées 88 (2016/4), p. 33-42.


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