L’androgyne ou la communion des personnes ?

Contrairement au mythe du Banquet de Platon, auquel il ressemble d'abord, le récit de la Genèse ne voit pas dans la différence sexuelle une perte par rapport à l'androgyne idéal, mais une relation positive, source d'émerveillement. La différence sexuelle est ainsi la condition d'une relation à Dieu qui ne soit pas idolâtrique.

Le mythe est une forme de récit dont le but est d’expliquer la réalité à l’aide d’une représentation symbolique. Cela explique pourquoi l’homme l’emploie lorsqu’il s’interroge sur lui-même et sur les expériences fondamentales de son existence. La différenciation sexuelle et l’amour n’échappent pas à cette règle, bien au contraire. Les premiers chapitres du livre de la Genèse revêtent dans cette réflexion une importance particulière¹. L’auteur sacré n’hésite pas à reprendre des éléments de mythes antiques (essentiellement mésopotamiens) pour les réécrire selon sa vision religieuse. Véritable matrice de notre civilisation européenne, ce texte apporte une lumière unique à l’anthropologie. Cependant, il nous paraît intéressant de le confronter au mythe de l’androgyne, rapporté par Platon dans le Banquet². Ce récit présente un modèle intéressant d’étiologie de l’amour et de la sexualité, car en consonance avec certaines idées contemporaines en plein développement. La confrontation entre le texte biblique et le texte philosophique permet de percevoir avec plus d’acuité la pertinence de chacun des modèles proposés. [...]