La miséricorde manifeste la surabondante justice du Père. Gratuite et absolue elle s’étend d’âge en âge. Attestée par la croix du Christ, elle est l’unique espoir de l’homme.
Éditorial: Xavier Tilliette: La béatitude de la miséricorde
La béatitude de la miséricorde, telle qu'elle se manifeste dans les paraboles du Royaume, a de quoi déconcerter, voire choquer, par son apparent marchandage. Au-delà de cet échange, il faut concevoir la gratuité du don divin. Mais Dieu peutil être à la fois un « juste Juge » et un « Père miséricordieux »?
Questions
Antonio Sicari : Une gratuité inconcevable
La miséricorde de Dieu, dont Marie est le lieu, traduit deux mots hébreux, la «fidélité» à l'Alliance et la « tendresse» maternelle. Les deux sens sont réunis dans le Magnificat, qui célèbre l'engendrement de la Parole : l'amour de Dieu devient une réalité physique. Ainsi, la méditation de Marie sur « le fruit de ses entrailles» nous révèle et que Dieu a un Fils, et qu'il est un Fils.
Michel Corbin: Justice et miséricorde chez saint Anselme de Cantorbéry
Plusieurs paraboles de l'Évangile imposent de chercher si la justice et la miséricorde de Dieu s'accordent l'une à l'autre. Ce couple est au centre de l'oeuvre de saint Anselme, en particulier de son Proslogion : il appartient à la justice divine de surabonder en n'étant pas seulement justice, mais aussi miséricorde. C'est dans le regard du Christ, homme au-dessus de l'homme, que se réunissent l'égalité de la justice et le surplus de la miséricorde.
Guy Bédouelle: De génération en génération
« Sa miséricorde s'étend d'âge en âge pour ceux qui le craignent », chante la Vierge Marie, figure de l'Église, dans le Magnificat. Dans le temps de l'Église, ne peut-on pas discerner l'affleurement des miséricordes que Dieu suscite en chaque génération ?
Faits et arguments
Jean Imbert : « Pardonne-nous nos offenses ... » Notules de droit canonique et de droit français
Dans le droit canon, la rémission des peines provient de la sollicitude pastorale de l'Église, et poursuit l'oeuvre de la miséricorde divine. Que signifient, dans Je droit français, des pratiques telles que la grâce, l'amnistie, la prescription?
Jean-Robert Armogathe : Apologie du mauvais larron
Il est tentant de s'identifier au bon larron, converti au dernier moment, et sûr d'être sauvé. Mais le mauvais larron, parce qu'il n'a aucun mérite, manifeste mieux la grandeur de la miséricorde divine. Il nous apprend la véritable espérance chrétienne.
Stefaan Van Calster : Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux
La miséricorde du chrétien est à l'image de la miséricorde divine. C'est par elle que le croyant imite Je mieux l'action du Père. Dans l'Église, elle est par excellence l'attitude du pasteur.
Témoignages
Soeur Emmanuelle-Marie : Confiées les unes aux autres. Les dominicaines de Béthanie : un lieu de miséricorde
Lors d'une retraite prêchée par le père Lataste, dominicain, des prisonnières découvrent Je Dieu de miséricorde. La communauté de Béthanie est née, mêlant à d'autres soeurs les anciennes détenues: « confiées les unes aux autres», elles vont trouver dans la vie contemplative un espace de liberté et de pardon ... Elles manifestent que l'amour du Christ peut reconstruire la vie la plus détruite.
Patrick Le Gal : Les paraboles de la miséricorde dans les vitraux du xu- siècle
En mettant en parallèle les paraboles de l'Enfant prodigue et du Bon Samaritain, les vitraux médiévaux soulignent le double aspect du commandement de l'amour: se laisser aimer par la miséricorde divine et faire miséricorde à son prochain.
Dossier : Conscience et consensus. Autour d'Alasdair Maclntyre
Alfredo Gomez-Müller: L'historicité de la conscience morale
Charles Larmore : Réflexions sur Quelle justice ? Quelle rationalité ?
Une réflexion contemporaine sur « conscience et consensus» eût été incomplète sans référence à l'oeuvre d'un des plus grands philosophes américains, dont l'ouvrage Quelle justice ? Quelle rationalité ? vient de paraître en français. Depuis son premier grand livre, After Virtue, A. Maclntyre s'interroge sur les conditions d'un jugement moral. Refusant le formalisme kantien et les universalismes contemporains, A. Maclntyre apparaît comme néo-aristotélicien en pensant que ces conditions sont déterminées par les « contenus matériels » de la vie morale. Mais, avec le christianisme, la question de la conscience morale vient s'articuler à cette compréhension de la rationalité pratique. A. Maclntyre réassume en morale la notion de tradition, il fait de l'unité de la vie un critère essentiel, et surtout n'hésite pas à affirmer la supériorité rationnelle d'une tradition morale particulière. Cette pensée aiguë s'offre à la discussion. Communio a demandé à trois professeurs de philosophie d'origines différentes de la présenter et d'engager le débat.
Signets
Serge-Thomas Bonino: La foi n'est pas un self-service
Où l'on distingue entre la liberté d'opinion et le relativisme, et où l'on montre que l'acte de foi ne se borne pas à trier dans la doctrine de l'Église pour des motifs de convenance personnelle.
Benoît-Dominique de La Soujeole : Croire en l'Église
Croire en l'Église, c'est croire au Christ. Celle-ci étant à la fois divine et humaine, elle nous apporte la totalité du salut, dans son unité indivisible. Le critère décisif d'une foi véritable est donc la fidélité loyale à son magistère.
La béatitude de la miséricorde
Xavier Tilliette
La différence des autres béatitudes qui débouchent sur la récompense, celle de la miséricorde semble se replier sur elle-même et limiter la perspective. Aux miséricordieux il sera fait miséricorde, c'est donc qu'ils en ont besoin eux aussi, ne serait-ce qu'éventuellement. À première vue, le verset est une application de la règle d'or: « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites de même pour eux» (Matthieu 7, 12; écho en Luc 6, 31), avec l'antithèse:« Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fit à vous-mêmes. » La règle d'or, la sagesse, s'exprime en un certain nombre de proverbes et de conseils qui gouvernent les relations humaines. Dans la demande du Notre Père, la condition implicite de la miséricorde s'inverse:
« Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés» — pour se redresser à nouveau dans le commentaire de saint Matthieu: « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi ( 6, 16 ). » Le chiasme est parfait. Mais les sentences et les situations sont multiples, qui répètent comme un refrain la symétrie de la règle d'or: « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés ... car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez» (Matthieu 7, 1-2; Luc 6, 37); « donnez et il vous sera donné» (Luc 6, 38); « ne condamnez point et vous ne serez pas condamnés, absolvez et vous serez absous» (Luc 6, 37). Le pardon, qui met à rude épreuve la simple indulgence, est le test et le signe patent de la miséricorde. Les paraboles en illustrent le précepte, avant [...]
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Une réflexion contemporaine sur « conscience et consensus» eût été incomplète sans référence à l'oeuvre d'un des plus grands philosophes américains, dont l'ouvrage Quelle justice ? Quelle rationalité ? vient de paraître en français. Depuis son premier grand livre, After Virtue, A. Maclntyre s'interroge sur les conditions d'un jugement moral. Refusant le formalisme kantien et les universalismes contemporains, A. Maclntyre apparaît comme néo-aristotélicien en pensant que ces conditions sont déterminées par les « contenus matériels » de la vie morale. Mais, avec le christianisme, la question de la conscience morale vient s'articuler à cette compréhension de la rationalité pratique. A. Maclntyre réassume en morale la notion de tradition, il fait de l'unité de la vie un critère essentiel, et surtout n'hésite pas à affirmer la supériorité rationnelle d'une tradition morale particulière. Cette pensée aiguë s'offre à la discussion. Communio a demandé à trois professeurs de philosophie d'origines différentes de la présenter et d'engager le débat.
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Où l'on distingue entre la liberté d'opinion et le relativisme, et où l'on montre que l'acte de foi ne se borne pas à trier dans la doctrine de l'Église pour des motifs de convenance personnelle.
Benoît-Dominique de La Soujeole : Croire en l'Église
Croire en l'Église, c'est croire au Christ. Celle-ci étant à la fois divine et humaine, elle nous apporte la totalité du salut, dans son unité indivisible. Le critère décisif d'une foi véritable est donc la fidélité loyale à son magistère.
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