La collection Communio de Parole & Silence s'enrichit d'un nouvel ouvrage: Newman, la sainteté de l'intelligence. Mélange d'articles recueillis par l'abbé Armogathe, l'ouvrage présente la pensée du Bienheureux Cardinal Newman, canonisé le 13 octobre 2019. L'Académie catholique de France, qui oeuvre pour le rayonnement du savoir et de la foi, en propose également un résumé.
John Henry Newman (1801-1890) est un des plus profonds et brillants penseurs catholiques du XIXe siècle. Éduqué à Oxford, ordonné prêtre dans l’Église d’Angleterre, il entraîna plusieurs brillants ecclésiastiques vers un approfondissement de la catholicité de l’Église (ce qu’on appelle « le Mouvement d’Oxford ») qui le conduisit à rompre avec une « Église basse » (Low Church), trop attirée par le protestantisme, puis à devenir catholique (1845) et à être ordonné prêtre (1847). Mal considéré par la hiérarchie catholique, peu écouté des évêques, il rédigea plusieurs traités importants sur le développement du dogme (dès 1845), sur l’idée d’Université (à l’occasion de la fondation d’une Université catholique en Irlande, 1852), sur la logique de l’assentiment (1870), sur l’inspiration de l’Écriture (1884) et publia de nombreux sermons. Une attaque personnelle le conduisit à rédiger une autobiographie (1867), qui fait de lui l’un des grands écrivains du XIXe siècle. Créé cardinal par Léon XIII en 1879, il a été béatifié par Benoît XVI en 2010. L’importance accordée au laïcat, le constat de l’évolution organique des dogmes, l’affirmation du primat de l’Écriture, le souci de l’intelligence de la foi lui ont mérité d’être tenu pour un précurseur du concile Vatican II.
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Newman a fait l'objet d'un grand nombre d'articles dans la revue Communio, articles qui témoignent d'un intérêt continu pour le grand théologien anglais, depuis les années 1980 jusqu'à aujourd'hui. Ces articles, d'une grande variété, portent aussi bien sur son vie que sur son oeuvre, philosophique, théologique et littéraire.
Converti au catholicisme, théologien et cardinal, Newman a élaboré une conception réaliste du fonctionnement complexe de l'autorité ans l'église-société: le devoir d'obéissance ne supprime pas la liberté des laïcs et des théologiens, et les inévitables tensions avec le magistère reflètent la diversité des fonctions au sein du corps ecclésial.
Louis Bouyer : Actualité de Newman (1987)
Les tâches que Newman assignait à l'Église du siècle dernier sont aujourd'hui plus urgentes encore : à l'imitation des Pères, ouverture critique au monde, rencontre constructive de l'Évangile et du monde non-chrétien, nécessité de vivre la Bible dans la Tradition. Le christianisme, réalité de vie divine et humaine, suppose sans cesse renouveau et développement, dans l'unité de son mystère, qui est celui du Christ, dont l'Incarnation découvre celui de Dieu en sa Trinité.
Historien des conciles, théologien du développement du dogme, Newman ne fut nullement étonné du déroulement de Vatican I. Affronté à des interprétations abusives de la définition de l’infaillibilité pontificale, il ne douta jamais qu’une réception équilibrée du concile finirait par s’établir. Sa théologie du développement du dogme n’est pas une théorie du changement, mais de la permanence vivante de la vérité : pour nous, après Vatican II, elle ouvre des perspectives sereines de réception de ce dernier concile en continuité avec toute l’histoire de l’Église.
La réception de J.H. Newman dans l’Église catholique romaine, le 9 octobre 1845 avait un sens prophétique remarquable qui n’apparaît clairement qu’aujourd’hui. L’auteur brosse une rétrospective et en dresse un bilan en trois étapes.
Cette Grammaire est un des livres les plus importants et les plus mal connus de Newman, qui y étudie la manière dont nous arrivons à nos certitudes, en particulier, mais pas seulement, à la certitude de la foi. En montrant que le chemin qui y mène n’est pas celui de la logique pure, mais pas non plus celui d’une intuition irrationnelle, il apporte une contribution essentielle au travail contemporain de redéfinition de la raison auquel Benoît XVI appelle constamment.
Pour le cardinal Newman, la question du développement est d’abord un « principe philosophique remarquable », qui s’éclaire par « l’idée du christianisme ». Sa réflexion originale, étrangère à la pensée scolastique, étant indissociable de sa propre quête de vérité, il cherche à montrer comment celle-ci devint l’épure d’un « vrai développement ». Il a permis aux théologiens de penser historiquement, grâce à une méthode de recherche sur le dogme où est pleinement assumé l’ethos de l’Église dans l’histoire du monde. Son oeuvre n’a pas fini d’inspirer la théologie.
Olivier de Berranger : Devenir catholique : Newman (2012)
Comment John Henry Newman, pétri d’une foi évangélique, demanda-t-il à être reçu dans l’Église catholique, le 9 octobre 1845 ? Mené par une exigence intellectuelle rigoureuse dans la recherche de la Vérité et habité par un profond désir de sainteté, il approfondit, par ses lectures et les rencontres qu’il fi t à Oxford, sa compréhension de l’Église une, sainte, catholique et apostolique jusqu’à entrer dans la « plénitude catholique » de l’Église romaine.
Le livre du cardinal Newman, L’idée d’Université (1851), est un classique. Cent soixante ans plus tard, il convient de le revisiter afin d’identifier les éléments valides qui peuvent aujourd’hui encore être intégrés dans une réflexion sur les Universités.
L’article de J.H. Newmann sur le « consensus fidelium » fit polémique. Par un retour historique, cette réalité s’éclaire : la Tradition Apostolique est confiée à l’Église entière, chaque élément étant impliqué dans sa transmission, tel un miroir de ce qu’enseigne l’Église, sorte d’instinct dans le Corps mystique du Christ, fruit de l’union des croyants avec Dieu. C’est là un des défis de l’Église d’aujourd’hui.
L’amitié a beaucoup compté dans la vie de John Henry Newman, aussi bien lorsqu’il était anglican qu’après qu’il fut devenu catholique. L’Oratoire qu’il fonda à Birmingham était composé d’un petit nombre d’amis, dont la fidélité lui fut d’un précieux soutien lors de ses premières années difficiles dans l’Église. Le plus proche d’entre eux était Ambrose St John. On présente ici leur amitié dans son contexte.
Le Songe de Gérontius, long poème que J.H. Newman publia en 1865, décrit le cheminement qu’entreprend un baptisé, Gerontius, à partir du moment de sa mort jusqu'à celui de son face à face avec le Christ. Lors du Festival d’art sacré de Boulogne, le 12 février 2016, le public a pu entendre pour la première fois, non pas l’oratorio que le compositeur Elgar créa en 1900, mais le poème récité, presque joué, avec accompagnement l’orgue, permettant ainsi une mise en valeur exceptionnelle de ce texte.
C’est dans la Grammaire de l’assentiment (1870) que Newman expose le mieux la conviction qui l’habite dès le premier moment de sa réflexion sur le rapport de la foi et de la raison, centrale dans sa vie aussi bien que dans sa pensée : croire est naturel. Rappelant la phrase de saint Ambroise que Newman plaça en exergue – « Ce n’est pas par la dialectique qu’il a plu à Dieu de sauver son peuple » – l’auteur tente d’expliquer ce que Newman entend par « assentiment » .
Hermann Geißler : « La conscience est le premier vicaire du Christ » – Un aperçu de la doctrine de Newman sur la conscience (2017)
Pour J. H. Newman, écouter sa conscience ne signifie pas faire ce que l’on veut, mais chercher à entendre au plus profond de nous‑même la voix de notre Créateur. Cette découverte est intimement liée à celle de la vérité. Il devient alors impératif pour celui qui la perçoit d’obéir à ses exigences et d’agir en conséquence. La conversion à Dieu n’est donc pas, comme on a pu le reprocher à Newman, une question de sentiment, mais de recherche de la vérité.
Faut-il enseigner la théologie à l’Université ? Entre laïcisme et intégrisme, l’auteur propose une troisième voie, celle de la raison, empruntant à Newman (L’idée d’Université) ses principaux arguments : science rationnelle, nécessaire au dialogue interdisciplinaire, la théologie est philosophiquement indispensable à une régulation des savoirs.