n°300 A la discrétion du Père Juillet - Aout 2025*


Dieu n’a pas voulu écraser l’humanité par la splendeur de son être : il ne se communique pas à des esclaves apeurés mais à des enfants remplis de confiance, à qui il veut conférer la plénitude de son amour. Pourquoi dès lors ne leur dit-il pas tout ? Cette réserve divine traduitelle une forme de parcimonie dans le don ? Les puissants de ce monde tiennent parfois aux secrets qu’ils possèdent pour mieux dominer leurs subalternes. Mais c’est pour une autre raison que le Christ tient à présenter le Père comme Celui « qui est dans le secret » (tôi en tôi kruptôi, Matthieu, 6, 6) lorsqu’il oppose la prière chrétienne à la prière ostentatoire des Pharisiens. S’il faut prier le Père « dans le secret », c’est peut-être pour préserver la relation et le dialogue qu’implique la prière dans ce qu’ils ont de plus intime et de plus personnel. Le motif du secret caractérise ainsi à la fois le mouvement par lequel Dieu se dévoile et l’expérience subjective du chrétien. Dieu fait ainsi le choix du secret, ou plutôt de la discrétion. Discrétion au sens habituel d’une présence voilée, mais aussi au sens plus ancien du discernement : secretum et discerno ont d’ailleurs même étymologie. Puisqu’il ne s’impose pas par la force, à chacun de déchiffrer – discerner, donc – les signes de la présence de Dieu dans sa propre histoire. Il s’agit d’entrer dans une initiation progressive, là où le secret se fait lieu de la rencontre transformante du Créateur et de la créature. Craig Keener ouvre notre problématique en revenant sur la quaestio vexata du « secret messianique », en particulier dans l’Évangile de Marc 1. L’hypothèse de William Wrede s’est longtemps imposée comme un dogme exégétique : Jésus n’avait personnellement aucune prétention messianique mais l’Église primitive a au contraire jugé essentiel de le désigner par le titre de Christ. Le motif du secret exigé de Jésus lui-même est censé résoudre cette contradiction : Jésus partageait déjà la foi ecclésiale mais il n’en a jamais parlé parce qu’il voulait que la chose reste inconnue. Keener rejette cette hypothèse comme insuffisamment étayée par les textes et propose une interprétation plus nuancée. Il y a certes, de la part de Marc, une stratégie narrative soulignant l’incompréhension des disciples face à la mission et la personne de Jésus. Mais cette stratégie ne repose pas sur une totale invention car Jésus lui-même, dans ses paraboles, insiste
 

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